Dans une interview donnée à Zitouna TV le 28 juin 2015, l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, a violemment critiqué les réactions et les mesures prises à la suite de l'attentat de Sousse. Il est particulièrement remonté contre les plateaux télévisés où il constate que l'on est revenu aux différends et querelles dont le « peuple » et le « citoyen » a marre, selon ses dires. Après avoir ironisé sur le fait qu'on lui rappelle l'historique de son parti relatif aux attentats, il épingle, sans citer aucun nom, le journaliste Mohamed Boughalleb et le ministre de la Santé Saïd Aïdi, les assimilant de faire le même jeu que les terroristes et d'alimenter le terreau du terrorisme. « Nous sommes face à deux dangers, dit-il. Le danger de l'extrémisme terroriste et le danger de personnes qui veulent nous convaincre que le combat contre le terrorisme se fait en combattant le religieux, l'identité et les racines tunisiennes ». L'ancien chef du gouvernement fait immédiatement ensuite le lien avec le journaliste Mohamed Boughalleb, sans le nommer « Comment se fait-il que l'un d'eux dise que les défauts de nos bars sont meilleurs que le djihad de vos mosquées. Ceci est dangereux, c'est exactement ce que veulent les terroristes ».
Il rebondit ensuite sur les propos du ministre de la Santé, Saïd Aïdi, toujours sans le nommer, quand il a dit : « Nous sommes face à une situation exceptionnelle qui se résout avec des décisions exceptionnelles ». Hamadi Jebali défend ici la position de son grand ami Néjib Karoui, directeur du Samu 03, qui a refusé d'obéir à son ministre et de donner des ambulances pour transporter les victimes de l'attentat terroriste. M. Karoui a invoqué la loi pour justifier son refus, alors que le ministre a invoqué un ordre du procureur de la République et la situation exceptionnelle de l'attentat. Hamadi Jebali a balayé l'ensemble des arguments pour estimer que la finalité de la phrase du ministre est la suppression de la constitution. Et de continuer son raccourci en déclarant que l'on va en finir avec les libertés. Il rebondit ensuite sur le refus de laisser partir en voyage les jeunes de moins de 35 ans, alors que c'était une mesure ponctuelle à la suite de l'attentat. « Ceux-là veulent nous faire piéger dans le terrorisme. Ceux là versent également dans le terrorisme Ils veulent nous dire qu'il n'y a aucun intérêt à la révolution, aux libertés, à la constitution. Avec le même discours, ils nous disent qu'il faut des lois exceptionnelles pour contrer le terrorisme. De quel droit veulent-ils fermer des mosquées ? De quel droit vous dépassez la constitution pour dissoudre des associations, sous prétexte de lutter contre le terrorisme ? ». « Le Tunisien se trouve entre le danger terrorisme et cet extrémisme de personnes qui ne veulent pas des libertés et de la démocratie », conclut Hamadi Jebali qui estime que le terrorisme ne doit pas être un prétexte pour contrer la religion et les libertés.