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Saïd Aïdi et Néji Jalloul, les ministres qui dérangent
Publié dans Business News le 16 - 08 - 2015

Il est difficile de faire avancer une machine rouillée, comme il est difficile d'apporter un vent nouveau à des institutions aux habitudes ancrées. C'est bien connu, le changement est la hantise des fonctionnaires à qui le système profite, système qu'ils sont les premiers à dénoncer quand leurs écarts sont exposés au grand jour.

C'est dans ce contexte, fort délicat, que deux ministres ont décidé de prendre les choses en main. Néji Jalloul, ministre de l'Education nationale et Saïd Aïdi, ministre de la Santé publique, n'ont pas eu peur de donner un coup de pied dans la fourmilière et de prendre les mesures qui fâchent. Avec visites surprises, limogeages et bras de fer avec les syndicats, les ministres ont, récemment, souvent défrayé la chronique.

Tout juste après avoir annoncé la couleur en traitant les grévistes de la santé publique de hors la loi et précisant que la grève administrative des agents de la santé est illégale en mai, Saïd Aïdi a lancé l'offensive le 26 juin 2015, jour de l'attentat de Sousse, en limogeant, sans appel, le chef du service du Samu à l'hôpital de Sousse, Néjib Karoui. Celui-ci avait refusé de mettre des ambulances à disposition pour le transport des corps des victimes abandonnés sur des transats en plein soleil, invoquant la loi, la déontologie et la nécessité de garder ces ambulances au cas où il y aurait une autre catastrophe. Non ! a affirmé Saïd Aïdi, qui a souligné que l'image de la Tunisie en dépendait et que face à une situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles doivent être prises. Pendant des jours, les défenseurs de Néjib Karoui, qui ont jugé son limogeage comme abusif et insensé, se sont déchainés sur les réseaux sociaux, l'affaire s'est même politisée et des personnalités politiques, à l'instar de l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ont, eux aussi, dénoncé la décision du ministre de la Santé. Saïd Aïdi a tenu bon.

Le ministre de la Santé a ensuite enchainé les visites de terrain et notamment à l'hôpital de Sfax où il s'est rendu deux fois, la journée et le soir pour une visite impromptue. Une série de limogeages s'en est suivie, le directeur régional de la Santé à Sfax, le directeur général de l'hôpital universitaire Hédi Chaker, le directeur général de l'hôpital universitaire Habib Bourguiba ainsi que les responsables de l'hygiène dans les deux établissements ont été démis de leurs fonctions. Le ministre de la Santé avait également décidé de changer les présidents des conseils administratifs dans les deux établissements hospitaliers précités, après avoir constaté de nombreux manquements et défaillances.

Les hôpitaux de Nabeul, Mahdia, Tunis, Kairouan, entre autres régions, ont aussi été visités et le ministre a annoncé que des réformes de fond seront engagées et une campagne d'hygiène lancée afin de servir au mieux le patient, appelant les citoyens à dénoncer la corruption au sein des hôpitaux.

Le ministre de l'Education a, pour sa part, dû faire face, depuis février 2015, aux grèves répétitives et lassantes, notamment celle du syndicat de l'enseignement de base. Sans plier, il a affirmé depuis le premier jour qu'elle ne lèsera en rien les élèves et que d'une manière ou d'une autre, l'année scolaire sera finalisée et comptabilisée. Cet affront qu'il a fait aux grévistes et au syndicat, qui croyaient qu'ils détenaient leur monnaie d'échange a fait de lui un personnage adulé par certains et bien évidemment détesté par d'autres.

Néji Jalloul, aura tenu jusqu'au bout et la décision, insolite, stipulant le passage de classe automatique des élèves du primaire a été appliquée. Décision qui a suscité la colère et l'indignation des enseignants grévistes mais aussi de politiciens estomaqués comme Adnène Mansar, qui avait appelé, en juin, à limoger le ministre précisant qu'il s'agit d'une « nécessité ».

Néji Jalloul, a souligné que des réformes fondamentales vont être réalisées dans le secteur de l'Enseignement. Une guerre contre les cours particuliers « clandestins » sera engagée, des conseils de parents d'élèves seront instaurés afin que les parents puissent désormais participer activement et observer de plus près la scolarité de leurs enfants, les emplois du temps et le calendrier scolaire seront révisés afin de permettre aux élèves de disposer d'un temps nécessaire pour pouvoir vaquer à d'autres activités sportives ou culturelles.

Le ministre de l'Education s'est aussi attaqué aux écoles fantômes, aux cadres fantômes et à l'insalubrité des établissements scolaires dans plusieurs régions.

Il avait déclaré, en août 2015, être choqué par l'état de certaines écoles tunisiennes, soulignant que sur 6000 écoles, 4000 sont insalubres et indignes de la Tunisie. Lors d'une visite à Tataouine, le ministre avait déclaré l'existence d'écoles abandonnées dont le ministère n'avait même pas connaissance, de fonctionnaires administratifs dont on ignorait l'existence, d'écoles qui fonctionnent avec un nombre d'élèves et d'instituteurs invraisemblable. Néji Jalloul s'est donné pour objectif de redorer l'école, de lui redonner son prestige « du temps de Bourguiba ».

La dernière décision en date du ministre de l'Education a été annoncée le 12 août 2015. Elle concerne l'annulation du taux de 20% dans les moyennes du baccalauréat à compter de l'année scolaire 2015/2016.

Comme à l'accoutumée, les critiques commencent à fuser. Le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, Lassâad Yacoubi, a fustigé la décision prise par le ministre de l'Education, indiquant qu'elle a été prise unilatéralement et non dans le cadre d'un effort collectif des commissions mixtes regroupant les représentants du ministère de l'Education, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l'Institut arabe des droits de l'Homme. D'autres réactions suivront certainement.

Entre conquis qui voient en ces réformes la fin de la corruption et du laxisme qui gangrène l'administration depuis des décennies, et détracteurs qui pensent que c'en est trop ou pas assez, Néji Jalloul et Saïd Aïdi se seront fait des amis mais surtout beaucoup d'ennemis.
Il est vrai qu'ils sont à la tête de ministères sensibles, où il est difficile de manœuvrer sans heurter les intérêts, tant protégés, de personnes jusque-là intouchables. Ils héritent en effet d'un système où règne l'omerta, entre parents d'élèves qui refusent de dénoncer par peur de représailles et patients qui galèrent sans pouvoir se faire entendre, les deux ministres devront user de beaucoup de tact et aussi de fermeté pour imposer leurs réformes, les défendre, prouver qu'elles s'inscrivent réellement dans une stratégie et qu'elles sont nécessaires pour développer les secteurs de la santé et de l'enseignement.


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