Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Najem Gharsalli, a tenu une conférence de presse ce soir du dimanche 12 juillet 2015, pour revenir sur les détails de l'opération du mont Orbat (gouvernorat de Gafsa), qui a eu lieu le 10 juillet, et qui a fait 5 morts parmi les terroristes dont notamment le dangereux, Mourad Gharsalli. Il s'agit d'une importante opération qui a permis d'éliminer, outre Mourad Gharsalli connu sous le nom de Abou Baraa, deux importants dirigeants qui étaient au Mali, notamment le Tunisien Hakim El Hezzi alias Dhirar, originaire de Fernana (gouvernorat de Jendouba) qui a égorgé son beau frère avant d'aller au Mali, ainsi que l'Algérien Al Ounissi Abou Fath, recherché par les Algériens depuis 1994. L'identification des deux autres est toujours en cours.
Mourad Gharsalli s'apprêtait à prendre la tête de Katibat Okba Ibn Nafaâ, après la mort de Khaled Chaïeb (Lokman Abou Sakhr) dans l'opération sécuritaire de Sidi Aïch du 28 mars dernier, en évinçant le frère de ce dernier de ce poste. Mourad Gharsalli est impliqué dans l'opération de Henchir Tella, perpetrée l'année dernière, ainsi que celle de l'égorgement des soldats au mont Châambi, une année auparavant. C'est un élément important dans la logistique des terroristes notamment celle de Katibat Okba Ibn Nafaâ, dans l'enrôlement des jeunes et le transport illicite des personnes, des armes, des munitions et l'organisation d'attentats à la voiture piégée en Libye. En effet, Mourad Gharsalli a été chargé d'ouvrir des camps terroristes, de faire la liaison entre les différents groupes notamment entre ceux ce trouvant en Libye et ceux se trouvant en Tunisie, outre de faire entrer des armes et des hommes. Ainsi, les renseignements ont permis de déterminer le rôle important qu'occupait ce terroriste et de suivre ses mouvements. On a donc pu savoir qu'après avoir rejoint les terroristes de Châambi suite à la mort de Lokman Abou Sakhr, il s'apprêtait à revenir dans les monts de Gafsa, ce qui a permis à la Garde nationale, après un mois de surveillance, de mettre en place un guet-apens et de saisir des armes (notamment une arme saisie dans les attaques contre l'Armée nationale), des munitions, des téléphones portables, des recharges téléphoniques, des grenades, de la devise, etc.
Mohamed Najem Gharsalli a souligné que cette opération spéciale intervient 15 jours après celle de Sousse qui a fait 38 morts et 39 blessés, et reflète les efforts des unités sécuritaires à traquer les terroristes dans leur terrier suivant la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme mise en place et appliquée depuis l'opération de Sidi Aïch, qui s'est soldée par la mort de Lokman Abou Sakhr, de la majorité de ses hommes de main et de l'émir d'AQMI pour la région Sud, Kamel Zaghrouf, connu sous le nom de Mouâouia Abou Hamza. Cette stratégie, dont ses détails ne peuvent être révélés au grand public, se base sur un travail de renseignement sur le terrain : en activant le système d'informateurs puis le passage à une attaque armée où nos forces de sécurité et de l'armée choisissent le lieu et l'heure, selon leur convenance, pour mettre en place une embuscade qui fait le plus de dégâts dans les rangs des terroristes sans pertes dans leurs rangs.
Le ministre a souligné, cependant, le rôle important des citoyens dans cette stratégie ainsi que la nécessité de l'unité de toutes les forces armées du pays pour frapper d'une seule main. Il a indiqué que l'opération de Gafsa a porté une frappe importante dans les rangs de Katibat Okba Ibn Nafaâ, avec un impact de 90% le reste n'étant que des éléments hésitants, et qui a permis en même temps d'éliminer la cellule de Gafsa. Ceci dit, il est conscient qu'il s'agit là que d'une importante victoire dans une bataille mais que la guerre continue avec d'autres opérations spéciales comme celle-ci et que les efforts de tous doivent continuer pour éliminer le terrorisme dans toutes les régions, dans les montagnes, à travers les réseaux d'enrôlement des jeunes et les discours takfiristes.
Mohamed Najem Gharsalli a souligné la volonté de la Tunisie de continuer à lutter contre le terrorisme mais aussi l'importance que tout le monde, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, participe à ces efforts. Il a précisé que cette guerre ne se fera pas au dépend des libertés mais dans le respect de la loi, de la Constitution et des droits de l'Homme : Chaque personne arrêtée sera présentée à la justice et aura droit à un procès juste et équitable même s'il ne croit, ni en ce pays, ni en sa démocratie, ni en les valeurs de la République. «La Tunisie ne sera pas un pays d'accueil pour le terrorisme et nous les empêcherons de mettre un pied dans ce pays et de s'y implanter», a-t-il martelé, ajoutant «mon message aux Tunisiens c'est de continuer à vivre normalement et défendre leur mode de vie, en allant aux spectacles, aux stades et en faisant du shopping, ce qui reflète son courage, sa volonté de ne pas subir le terrorisme et suivre ses dictats qui nous sont étrangers ou de changer ses habitudes et sa confiance en nous et dans nos efforts». Il a précisé que des dizaines de cellules, expertes dans la planification, dans l'exportation des jihadistes, l'appui logistique et les attaques armées, ont été démantelées. Autre point important évoqué par lui, l'importance que les parents surveillent leurs enfants, ce qui leur permettra de remarquer tout changement avant qu'il ne soit trop tard et que leurs petits rejoignent les rangs des terrorsites. Pour lui, il faut protéger les jeunes de ces réseaux à tout prix, ce qui passe impérativement par le noyau familial.
Concernant le renforcement sécuritaire après l'opération de Sousse, le ministre a précisé qu'il s'agit d'une présence des forces de sécurité au niveau des entrées des hôtels ainsi que sur les plages avec 14.000 agents mobilisés. En tout, c'est 100.000 agents qui sont mobilisés à travers le pays pour sa sécurisation. En plus, l'état d'urgence permet d'avoir un renfort militaire, ce qui entre dans une stratégie globale de sécurité. Autre point, Mohamed Najem Gharsalli a souligné qu'il n'y a pas une organisation en Tunisie qui s'appelle Daech mais il y a certains éléments qui ont prêté allégeance à cette organisation terroriste.