Vendredi 26 juin 2015, Sousse est témoin d'un attentat terroriste. Une semaine plus tard, le vendredi 3 juillet, la présidence de la République, Béji Caïd Essebsi proclame d'Etat d'urgence dans le pays. Mercredi 8 juillet, le chef du gouvernement, Habib Essid annonce la construction d'un mur le long de la frontière entre la Libye et la Tunisie. Les 495 kilomètres de frontière séparant la Tunisie de la Libye ont vu passer, depuis la révolution, de nombreux Tunisiens, afin de se rendre en Libye, où depuis la chute de Kadhafi, un conflit sévit entre le groupe terroriste Fajr Libya et le camp de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. Chacun veut avoir le pouvoir. Alors que plusieurs milices extrémistes et violentes sément le chaos dans le pays voisin, ne serait-ce que l'organisation terroriste Daech.
Une fois là bas, de nombreux jeunes sont formés afin de devenir des djihadistes, les « combattants d'Allah », ou plus clairement, des terroristes avant de revenir en Tunisie. En effet, le secrétaire d'Etat Rafik Chelly avait déclaré que Seifeddine Rezgui, auteur de l'attentat de Sousse ainsi que les auteurs de l'attaque du Bardo en mars 2015, avaient été formés à Sabratha, une ville située à une centaine de kilomètres seulement de la frontière tuniso-libyenne.
Le 8 juillet, Habib Essid avait ainsi annoncé que « Nous avons commencé à construire un mur et à creuser une tranchée sur 168 km le long de notre frontière avec la Libye. ». Ce mur sera en sable, d'une hauteur de 2 mètres et le fossé devrait empêcher le passage de véhicules. Il devrait être fini d'ici la fin de l'année. Les 280 kilomètres restants ne seront pas couverts car ils se trouvent en zone militaire ».
Belhassen Oueslati, porte-parole du ministère de la Défense a également expliqué que « Le projet de construction des barrières de sécurité avait démarré le 10 avril dernier et devait se poursuivre durant deux ans avant que des mesures d'urgence n'aient été décidées pour écourter les délais et finaliser les travaux d'ici fin 2015 », rajoutant qu'un dispositif de contrôle électronique, équipé de radars terrestres fixes ou mobiles, sera également mis en place pour contrôler les déplacements dans ces régions sahariennes. Il s'agit aussi de mettre en place des caméras fixées à des tours de contrôle tout au long de la frontière et de mettre en place un contrôle aérien au moyen de drones.
Ce projet semble beau sur le papier, mais est-ce que l'enveloppe de 15 millions de dinars prévue pour cette construction permettra vraiment de lutter contre l'intrusion de terroristes sur notre territoire ?
Prenons l'exemple de quelques murs érigés il y a quelques années par d'autres pays. La longue muraille de Chine, devait protéger des invasions mongoles et ainsi empêcher la chute de la dynastie des Ming. Dynastie qui a bien fini renversée… Le rideau de fer qui a séparé l'URSS du reste de l'Europe a bien fini par laisser passer les idées révolutionnaires des démocraties de l'Ouest, provoquant de nombreuses révolutions en son sein. Révolutions qui ont conduit à la disparition de l'Union Soviétique.
De nombreux observateurs soulèvent différentes limites à ce projet dit d'intérêt sécuritaire. Certains le comparent au mur de la honte construit en Palestine. On veut séparer les méchants des gentils. Plus frappant, on le compare également au mur de Berlin, qui jusqu'à maintenant est vu comme objet de déchirement et de discrimination. D'autres se demandent l'utilité de construire un mur que l'on pourra facilement contourner par voie sous-terraine, maritime ou aérienne. Ou même encore terrestre étant donné que le mur n'est pas construit sur la totalité de la frontière. Enfin, un mur en béton aurait été plus logique qu'un mur en sable.
Economiquement parlant, on a entendu dire que ce mur allait nuire aux chameaux et autres élevages, vu que le mur allait être construit sur des espaces dédiés aux pâturages, dixit le SG du CPR... Pour finir, des observateurs ont indiqué que ce mur pourrait cependant être une idée qui permettrait de rassurer les Tunisiens, qui psychologiquement se sentiraenit être plus en sécurité. Lorsque toutes les portes et les fenêtres sont fermées, plus personnes ne peut rentrer.
Le mur qui devrait se construire pour parer à l'obscurantisme et à l'extrémisme ne devrait-il pas plutôt être érigé de l'intérieur du pays, en encourageant la mise en place d'un système éducatif et culturel qui encouragera l'esprit critique. Mais il est tout autant vrai que dans une guerre contre le terrorisme, tous les moyens sont bons pour se protéger. Alors, mur sur 168km ou sur 495, caméras électroniques, etc. au moins le gouvernement essaye de trouver des solutions, même s'il peut trouver mieux…