L'égo démesuré de certains Tunisiens atteint un nouveau record, mercredi 29 juillet 2015, avec le dernier post de Yassine Ayari. Exactement comme c'était le cas sous le régime de Ben Ali, et sous tout régime dictatorial, le blogueur chéri des CPR rebondit systématiquement chaque fois que son « maître » Moncef Marzouki se trouve dans une situation embarrassante. Son dernier post est lié aux réactions à la condamnation à mort de l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi qui accablent Moncef Marzouki de l'avoir livré aux Libyens. Yassine Ayari écrit : « Je suis pour la livraison des criminels à leur pays, non pas pour les punir, mais pour se venger et prendre sa revanche pour ce qu'ils ont fait et donner une leçon aux autres. Est traitre celui qui refuse la volonté de son peuple de prendre sa revanche de ses violeurs. (…). Exécutez les chiens avec la pendaison et le lynchage, d'Arabie Saoudite au Yémen, de la Jordanie au Maroc et de la Tunisie en Egypte et Mauritanie. Tuez les chiens et passez ! Pour qu'on devienne un jour des nations, c'est là les révolutions et leurs lois. (…) La révolution change les mentalités, mais pour qu'elle réussisse, il faut qu'elle coupe des têtes. Exécutez-les avec des crachats, pendez-les ou ce que vous voulez, mais ne leur donnez pas l'honneur de mourir avec des balles. Je ne suis pas Robespierre, même si ma fin va lui ressembler et c'est peut-être ce qui nous manque, un Robespierre tunisien (…) Arrêtons avec ces histoires futiles, le mieux est d'unir toute l'opposition pour faire tomber ce gouvernement comique, ce gouvernement du retour de la répression sous le sceau de la réconciliation. »
Autoproclamé révolutionnaire, Yassine Ayari a été un membre actif dans la campagne du CPR et celle de Moncef Marzouki. Sous la troïka, il a perpétué l'ancienne tradition, sous Ben Ali, de lynchage systématique de l'opposition, à chaque fois qu'elle émet un avis contraire à celui du pouvoir. Mais contrairement aux sbires de Ben Ali, Yassine Ayari se spécialisait dans l'insulte et l'invective contre les opposants et les médias, tout en bénéficiant de la protection et la défense du pouvoir en place. Après sa condamnation à trois mois de prison fin 2014, pour avoir propagé des informations sensibles sur l'armée, fuitées par la présidence de l'époque, plusieurs voix se sont élevées pour le défendre, notamment Moncef Marzouki et les CPR, mais également par les médias et les personnes qui étaient les cibles de ses attaques. En dépit du contenu insultant et atteignant l'honneur de plusieurs personnes, ses adeptes considèrent cela comme étant une liberté d'expression. D'après lui, la vraie révolution ne peut se faire avec une démocratie respectant les urnes et la justice, mais par l'exclusion systématique de toute figure de l'ancien régime et la pendaison des principales figures de cet ancien régime. Depuis les élections 2014, Yassine Ayari a élargi sa cible pour mettre dans son viseur des insultes, les gouvernants actuels tout en poursuivant ses attaques contre les médias. Finira-t-il comme Robespierre comme il le souhaite ? En dépit des dizaines de milliers de personnes qui le suivent, et en dépit du soutien indéfectible que lui portent les leaders du CPR, il est permis de douter que Yassine Ayari ait un quelconque poids politique pour atteindre une stature, autre que des mentions « j'aime » sur Facebook (comme l'a qualifiée la chroniqueuse Maya Ksouri), une bonne audience dans une télé et de bons stats dans un journal. Le blogueur est considéré plutôt comme un amuseur public ou une marionnette entre les mains de certaines figures politiques. Mais en Tunisie, de l'après-révolution, l'égo démesuré fait qu'une marionnette se considére comme Robespierre !