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A quoi servira l'argent de la recapitalisation de la BH et de la STB ?
Publié dans Business News le 06 - 08 - 2015

La recapitalisation des deux banques publiques STB et BH a créé la polémique, puisque plusieurs voix s'élèvent pour s'opposer à ce projet et obliger les personnes et entreprises à rembourser les crédits avant de puiser dans la caisse de l'Etat pour recapitaliser les banques. Une campagne a même été lancée à cette fin, sous le slogan « lui, il vole et toi tu paies ! », sans que personne ne sache qui n'a pas remboursé quoi, ni à quoi servira l'argent qui doit être injecté.

Plus de 950 millions de dinars doivent être injectés dans le capital des deux banques publiques Société tunisienne de banque et Banque de l'Habitat. Une véritable nécessité quand on connait le niveau très peu concurrentiel de ces deux institutions comparées aux banques privées.
Lourdement endettées, les deux banques doivent être recapitalisées de toute urgence, sous peine de les voir plonger et, avec elles, l'économie du pays ou ce qu'il en reste.
Un projet de loi a été soumis à la commission des finances de l'Assemblée des représentants du peuple le 3 juin dernier. Après de nombreuses réunions, présidées par Mongi Rahoui et Mohsen Hassen, des auditions du ministre des Finances et des deux PDG, ainsi que la consultation d'experts, la commission a donné son verdict et présenté le projet à la plénière le 30 juillet. Le projet n'a cependant été divulgué aux députés que hier mercredi pour qu'il soit débattu demain vendredi 7 août. Très peu de temps pour que les députés planchent dessus sérieusement et vérifient son contenu. Deuxième surprise ce matin, on a émis la possibilité que le projet soit débattu aujourd'hui même ! De quoi alimenter toutes les suspicions, d'autant plus que le résultat de l'audit des deux banques, tant réclamé par l'opposition, n'a pas été rendu public.

A la lecture du projet de loi, on apprend que l'Etat va injecter à la STB un minimum de 190,8 millions de dinars directement et 191 millions de dinars indirectement, via les actionnaires publics. Les privés (actionnaires à hauteur de 49,5%) seront appelés à verser quelque 374 MDT. Faute de quoi, c'est l'Etat qui les versera à leur place, ce qui amènera sa participation globale dans ce cas extrême à 757 MDT.
Pour ce qui est de la BH, l'Etat est appelé à injecter 35,9 MDT directement et 26,8 MDT indirectement via les actionnaires publics. Les privés (actionnaires à hauteur de 43%) seront appelés à verser 47,3 MDT. A ce montant global de 110 MDT, s'ajoutera un emprunt obligataire de 90 MDT.

A quoi servira cet argent ?
La STB, bien à la traine des banques privées sur les plans commercial, RH, technique et organisationnel, devra engager plusieurs chantiers dans tous ces départements.
Pour ce qui est du commercial, il est question de créer 42 nouvelles agences et moderniser 70 autres. Plusieurs produits bancaires doivent être proposés, un plan de réduction des coûts doit être mis en place et on tend à viser une nouvelle clientèle parmi les salariés des professions libérales et commerciales.
Pour les ressources humaines, la STB entend proposer un plan social touchant 520 agents dans le cadre du départ volontaire et 570 agents dans le cadre de la retraite anticipée. On recrutera en revanche 1700 personnes dans différentes spécialités, indispensables pour engager les réformes et on augmentera les salaires du personnel (inférieurs de 12% à la moyenne du secteur) afin de pouvoir attirer les meilleurs et de pouvoir être compétitif. Le coût global de cette restructuration des RH est de 142 MDT entre 2015 et 2019.
Sur le plan organisationnel, la STB va engager une restructuration totale de ses services, afin d'éliminer la bureaucratie ambiante.
La STB va enfin moderniser son système d'information (les banques concurrentes l'ont renouvelé depuis une bonne dizaine d'années) pour un montant estimé à 83 MDT.

La BH entend pour sa part, sur le plan commercial, créer de nouvelles agences (le nombre n'a pas été donné), moderniser ses services et réduire leurs coûts et ce pour un montant global de 56 MDT entre 2015 et 2019.
Pour les RH, la BH va engager un plan social comprenant 606 départs volontaires et 213 retraites anticipées. 300 personnes seront recrutées selon une nouvelle politique.
Selon une étude signalée dans le projet de loi, et dont nous ignorons la teneur exacte, la productivité des agents de la BH serait de 41% inférieure à la meilleure banque en Tunisie. Coût global du programme RH : 52 MDT.
Tout comme la STB, la BH entend également moderniser son système d'information et entend lui allouer quelque 31 MDT.

Pourquoi on en est là ?
Si sur le plan technique, il n'y a pas beaucoup à dire puisqu'on connait la destination des fonds demandés, il n'en est pas de même sur l'aspect politique et historique. Pourquoi deux fleurons du système bancaire tunisien en sont arrivés là ?
Les auditions du ministre, des PDG, du DG de la Bourse et de différents experts ont permis de jeter la lumière sur les défaillances. Et, contrairement à ce que prétendent plusieurs hommes politiques, ce n'est pas une question de créances impayées seulement dont les STB et BH souffrent.
Parmi les points cités, on relève que c'est l'ensemble du système bancaire tunisien qui est en train de souffrir et non uniquement ces deux banques. On rappelle aussi que les entreprises tunisiennes, essentiellement familiales et non cotées en bourse, investissent à hauteur de 30% en fonds propres et 70% en crédits bancaires. On évoque également la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion et la bureaucratie des banques publiques. Ces banques prêtent l'argent aux entreprises sur la base des garanties reçues et non sur la rentabilité des projets, sans oublier naturellement leur exploitation pour servir certaines « puissances » de l'ancien régime.
Les experts consultés par la commission des finances suggèrent plusieurs pistes pour rentabiliser les banques publiques, en assouplissant les procédures et la loi. On relève également que la Tunisie ne supporte pas trois banques publiques et qu'une seule suffit (la BNA) à condition d'accorder davantage de souplesse de gestion au PDG. Les experts consultés ont démontré qu'en accordant davantage de prérogatives au PDG, les résultats ne peuvent être que meilleurs. Et de citer, à titre d'exemple, le cas d'Attijari Bank qui est devenue rentable et moderne après sa privatisation.

Le projet de loi ne répond pas aux demandes pressantes de certains opposants et d'une certaine société civile qui veulent obtenir les documents d'audit originaux, au nom de la transparence. Les résultats de ces audits sont pourtant exposés dans le projet de loi. Ces mêmes parties exigent également qu'on dévoile les montants détaillés des créances classées et l'identité des bénéficiaires de ces crédits impayés. La demande semble être politique et voyeuriste. Vu qu'elle tombe sous le sceau du secret bancaire et la confidentialité des données, la liste en question n'a pas été rendue publique.
Certains y verront de l'absence de transparence et n'hésiteront pas à crier au scandale quant à la recapitalisation des deux banques, en dépit des explications détaillées fournies. Il est vrai que les délais accordés aux députés pour examiner les données sont très réduits, ce qui ne peut qu'alimenter la polémique et donner de l'argumentation, audible et peut-être crédible, aux critiques.


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