L'affaire de l'extradition de l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi continue à faire couler de l'encre et on s'attend à plusieurs révélations au cours des prochains jours. Le comité de défense de M. Mahmoudi a annoncé au début de la semaine qu'il va intenter un procès contre une série de personnalités politiques. Des plaintes seront officiellement déposées au début de la semaine, apprend-on, aussi bien auprès de la justice tunisienne qu'étrangères, notamment britannique, et ce après avoir ficelé les derniers éléments de preuves.
Sur le plan politique, l'affaire n'a pas été étouffée. Vendredi 7 août, Hamadi Jebali a adressé une demande au président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, lui réclamant une séance plénière à l'assemblée, à propos de l'extradition et la remise de Baghdadi Mahmoudi aux autorités libyennes. L'ancien chef du gouvernement tunisien réclame dans la foulée de lever le caractère confidentiel des documents et des PV, ainsi que le secret bancaire de tous ceux qui sont en relation avec cette affaire. Mabrouk Kourchid, membre du comité de défense de Baghdadhi Mahmoudi, a répondu ironiquement à cette demande avec ce qui ressemble au « trop peu, trop tard ». Il considère la lettre de Hamadi Jebali comme un demi-aveu qui ne fait que confirmer les craintes que l'ancien Premier ministre ait été l'objet de marchandages avec des personnes en relation avec le gouvernement tunisien de l'époque. M. Kourchid invite à présenter ce qu'il a comme éléments de preuves à la justice, parce qu'il y aura un procès dans cette affaire étant donné que ce qui a été fait à l'encontre Baghdadi Mahmoudi n'est pas un crime politique, mais un crime de droit commun.
Sur un autre plan, le syndicaliste des forces de sécurité, Walid Zarrouk, sorti cette semaine de prison après avoir été acquitté dans une affaire montée par l'islamiste Maher Zid, a publié une liste de suspects dans l'affaire de l'extradition. Pour lui, il ne s'agit même pas de suspects, mais de personnes impliquées. Et de citer Moncef Marzouki, Samir Ben Amor, Noureddine Bhiri, Hamadi Jebali, Rachid Ammar, Saïd Ferjani, Habib Sbouï et toute autre personne qui sera découverte durant l'instruction. Quelques unes de ces personnalités politiques citées ont essayé de démentir leur implication en rejetant la responsabilité sur l'autre. C'est le cas de Hamadi Jebali, bien sûr, mais également de Moncef Marzouki, alors qu'il a été dévoilé que son conseiller à la présidence, Samir Ben Amor, a touché de l'argent dans cette affaire. Ce dernier a d'ailleurs avoué ce fait, précisant que c'était juste pour trouver un logis à la famille de l'ancien Premier ministre.