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Les mercenaires d'Al Jazeera lâchés comme des malpropres
Publié dans Business News le 23 - 09 - 2015

« Pour qui roule Al Jazeera ? ». Il s'agit là de la question qui aura sans doute coûté à la chaîne qatarie une baisse conséquente de sympathie de la part de téléspectateurs leurrés qui ont constaté au fil des années des manipulations, parfois à peine cachées, dont l'impact fut chaotique et lourd de conséquences sur la scène politique arabe.

Le rôle des médias dans l'avènement des révolutions dites du Printemps arabe est certain, celui d'Al Jazeera est indéniable. Et si la chaîne en tire une certaine fierté, les dessous d'un tel pouvoir sont troubles, surtout quand la question « à qui profitent les révolutions ? » est posée. Qualifiée de chaîne de propagande islamiste et proche des Frères musulmans, Al Jazeera qui ne le nie pas forcément, ne l'a pas toujours été, selon certains de ses journaliste. Pas ouvertement en tout cas.

Aussi puissante que puisse être la chaîne, forte de ses moyens et de ses journalistes arabes recrutés aux quatre coins du monde, elle a aussi fait les frais d'une montée en puissance sur une scène, jusque-là toujours détenue par les occidentaux. Al Jazeera fait et défait l'opinion publique arabe, initie au débat pluraliste et constitue de ce fait un média extrêmement influent et donc courtisé par ceux qui veulent tenir les fils des fantoches. Ceux-là même qui ont utilisé Al Jazeera pour orienter, pour manipuler et pour instrumentaliser l'information dans la non-neutralité la plus évidente.

Al Jazeera ne tardera pas à en payer le prix. Boudée et ses journalistes dégagés, la chaîne d'informations bling-bling est, elle-même, touchée par une vague de démissions de présentateurs phares qui ont préféré quitter le navire plutôt que de « sacrifier leur patriotisme ». Si certains sont partis d'eux-mêmes, d'autres en revanche sont restés pour être par la suite licenciés comme des malpropres.

Aujourd'hui Al Jazeera fait encore parler d'elle suite au licenciement d'une dizaine de ses journalistes, par mail et sans aucun préavis. Une liste qui n'est qu'un début, puisque cette vague de licenciements serait la première d'une série. Ces journalistes mercenaires qui se croyaient à l'abri sont aujourd'hui orphelins. C'est le cas notamment de la productrice égyptienne de documentaires Howayda Taha qui a récemment publié, dans un long article, ses adieux à la chaîne.

La journaliste égyptienne, qui aura « servi » Al Jazeera pendant 19 ans, a été convoquée à son retour de congé annuel dans le « bureau des licenciements ». Dans cette pièce, quatre cadres ont eu avec elle une entrevue filmée, et lui ont fait part des « regrets » de la chaîne et de l'interruption de son bail, pour des raisons de « downsizing du nombre de fonctionnaires » lui aurait-on dit. On lui aurait même précisé que le directeur a émis une liste des journalistes à « remercier », et on lui a laissé quelques minutes pour « cracher son venin » sans intervenir ni répondre.

Howayda Taha a dit avoir souri. Ironie du sort ou dernière tentative de se racheter une image dont elle aura grandement besoin, elle dit avoir été licenciée alors qu'elle envisageait de démissionner dans les mois à venir. La journaliste accuse ouvertement le directeur d'Al Jazeera, vraisemblablement, Ahmed ben Jassem Al Thani, d'être un « Daechien » notoire, s'étonnant même qu'il ne l'ait pas renvoyée plutôt, elle, la rebelle de la chaîne qui « méprise » les intégristes et qui a toujours travaillé consciencieusement et sans aucune influence, souvent même à contre-courant de la ligne éditoriale de la chaîne, selon ses dires. Nous noterons ce changement d'attitude frappant, de la part d'une journaliste qui n'avait jusque-là, sous couvert d'Al Jazeera, jamais hésité à dévoiler les noms d'hommes d'affaires, de journalistes, auxquels elle s'attaquait dans ses documentaires. Quand il d'agit de noms de figures de la chaîne, la donne change et le silence est de rigueur.

La journaliste affirme dans son papier la présence au sein d'Al Jazeera de « représentants » de chaque pays arabe, et de chaque service d'intelligence arabe. Elle évoque aussi l'épisode où elle a été traitée, elle-même, d'espionne qui travaille à la solde d'Al Jazeera et où elle a été arrêtée pour une affaire de sécurité nationale en Egypte. Elle avait tourné à l'époque un documentaire sur la torture dans les prisons égyptiennes. Condamnée à six mois de prison et à une amende, elle a fait appel et la peine d'emprisonnement a été annulée après que la chaîne s'est chargée de payer l'amende.

Howayda Taha a souligné que la chaîne a changé et que, si au début la tendance islamiste était voilée, aujourd'hui elle est plus ostentatoire que jamais et qu'elle regrette Al Jazeera d'antan. Elle a fait part de son énorme satisfaction, d'avoir travaillé au sein d'un média melting-pot, où les cultures et les idéologies se croisent sans se faire la guerre et où elle n'a jamais été menacée de renvoi pour avoir un avis ou une orientation politique différente.

Tout ceci est bien beau, certes, mais alors que ferait un journaliste neutre et dévoué dans un établissement gangréné jusqu'à l'os? Ses collègues, eux, ont préféré partir dénonçant les pratiques scandaleuses de cette chaîne qui use et abuse de stratagèmes, étudiés jusque dans les moindres détails pour influencer un téléspectateur qu'elle est censée informer le plus fidèlement et le plus impartialement possible.

Nous nous souviendrons, pour n'évoquer que cela, des reportages d'Al Jazeera pour dénigrer les concurrents de ses « amis » candidats à la présidentielle en Tunisie. Nous avons tous assisté à la campagne de l'ex-président de la République, Moncef Marzouki contre le candidat, Béji Caïd Essebssi. Il avait fait de la chaîne qatarie sa tribune et a bénéficié de l'appui et du soutien d'Al Jazeera qui n'a pas épargné les insultes contre les concurrents de Marzouki ,« figures de l'ancien régime », et qui à coups d'arrêts sur images a tenté de graver l'ancien président au palais de Carthage. Le Tunisien n'était pas dupe, ou alors peut-être pas devant son écran, et la combine a été moins efficace que d'habitude. Il faut dire qu'Al Jazeera a perdu de sa crédibilité depuis que ses écarts ont commencé à être étalés au grand jour.

Ces écarts continueront probablement à faire couler de l'encre. En se débarrassant de ses journalistes, la chaîne en fera peut-être des ennemis. Surtout que la plupart de ses mercenaires abandonnés n'ont nulle part où aller. Accusés de trahison par leurs pays, certains devront composer avec une situation des plus délicates. Cela dit, personne de la maison n'a osé jusqu'ici lever complètement le voile sur ce qui se passe réellement dans la chaîne et sur les détails de ses pratiques, par respect pour ce qui fut, pour la plupart d'entre eux une école, un filet ou un tremplin ou par peur que le licenciement soit finalement un moindre mal comparé à ce qui attend en général les transfuges.

Les questions restent néanmoins entières, pourquoi tant de journalistes ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ceux-là ? Et surtout « comment va rouler Al Jazeera dorénavant » ?
Interrogé par Business News, Lotfi Hajji, directeur d'Al Jazeera à Tunis a refusé poliment de répondre à nos questions nous renvoyant vers Doha, en précisant qu'il n'a pas le droit de parler et que de toutes façons il n'a pas d'éléments d'information à nous donner sur ce sujet...


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