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Les droits de l'Homme entre l'intox, la vérité et la réalité
Publié dans Business News le 10 - 12 - 2015

Nous sommes le 10 décembre 2015 et nous fêtons le 67ème anniversaire de la proclamation de la Charte universelle des Droits de l'Homme.
Pour nous autres Tunisiens, ce 67ème anniversaire a un goût doux-amer. Nous recevons une consécration suprême à l'échelle internationale, le Prix Nobel de la Paix, mais nous vivons en même temps dans un pays menant une guerre contre le terrorisme.
Vue de l'extérieur, la Tunisie vit quelque chose de formidable, une transition démocratique qui prépare, pour les générations futures, une vie en apparence, meilleure que celle de leurs ancêtres et de l'ensemble des autres pays arabes.
De l'intérieur, les choses sont vues autrement. L'effervescence de la transition, la crise économique, le risque islamiste et la menace terroriste obligent les Tunisiens à réfléchir sur le court terme et l'instantané.
Comment expliquer les bienfaits de la démocratie, des droits de l'Homme et de la liberté d'expression à un citoyen qui ne sait plus comment boucler ses fins de mois et qui est menacé par le terrorisme ? « Avant, c'était mieux ! La liberté d'expression se résume en des insultes permanentes et impunies sur les réseaux sociaux et dans les médias ! Les droits de l'Homme ne sont pas ceux des terroristes que les magistrats libèrent quand la police les arrête, c'est nos droits de circuler librement en toute sécurité partout dans le pays», entend-on un peu partout, et sans distinction, dans les cafés des quartiers populaires et les salons de thé des quartiers huppés.
Un peu partout, dans ces mêmes endroits, on entend les mêmes accusations : l'élite a failli, qu'elle soit politique, économique ou culturelle ; les supposés intègres ont failli ; les islamistes ont failli ; les laïcs ont failli.
De l'extérieur, c'est un discours totalement opposé que l'on entend. En témoignent la sollicitude et le soutien des pays amis et le Prix Nobel reçu aujourd'hui à Oslo par nos quatre valeureux représentants.

Mais il se trouve que l'on oublie un point, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur, c'est que la Tunisie vit indéniablement une transition démocratique, mais qu'elle n'est pas encore une démocratie.
On compare sans cesse nos magistrats, notre police, nos médias et nos hommes politiques à ceux des pays occidentaux, et on oublie que ces pays sont des démocraties ancrées depuis des décennies, voire depuis des siècles. On oublie un élément essentiel et incontournable, c'est qu'il y a des délais incompressibles pour mettre à niveau cette police, ces médias, ces magistrats et ces politiques. Partis du néant (ou presque), les différents acteurs de la démocratie ne sauraient être, en cinq ans, au même niveau que leurs homologues occidentaux. En attendant d'atteindre ces niveaux, et puisqu'il faut parer au plus urgent, il faut assurer le quotidien. Reste à savoir comment assurer ce quotidien, sans s'éloigner, d'un iota, de l'objectif d'atteindre le niveau promis par la Révolution.

Après l'attentat terroriste du 24 novembre, ayant visé un bus de la Garde présidentielle et fait 12 morts, les autorités ont procédé à une vague d'arrestations ciblées et de mise en résidence surveillée de personnes suspectées d'être en relation avec le terrorisme. Les arrestations et injonctions, selon plusieurs témoignages, ont été musclées.
Paradoxalement, ce qui est arrivé après cet attentat en Tunisie (en pleine transition démocratique) est arrivé en France (en démocratie solidement ancrée) victime elle aussi d'un attentat le 13 novembre. En Tunisie, il y a eu des arrestations musclées, mais en France aussi. On a même vu des suspects que la police a fait sortir, par un froid matin, totalement nus dans la rue. Blanchis par l'enquête de toute suspicion de terrorisme, ces « suspects » ont été sommés de quitter le territoire français pour « situation irrégulière ».
Paradoxalement, les organisations supposées défendre les droits de l'Homme (indépendamment de leur nationalité) sont montées au créneau pour les « violations » en Tunisie, mais se sont tues pour les violations commises en France. Cette politique de deux poids deux mesures jette un début de discrédit sur l'objectif réel de ces organisations internationales représentant, théoriquement, les sociétés civiles nationales.
N'empêche, si l'on veut avancer, il est impératif de retenir le bon de ce qu'elles disent, en dépit de leurs objectifs réels et cachés. Mais puisque le capital-confiance est entamé, il est impératif aussi de faire attention à tout ce que ces organisations nous jettent comme étant des vérités absolues. C'est exactement la réaction des citoyens ordinaires vis-à-vis de ce que leur racontent les sources officielles, les médias et les réseaux sociaux. On ne prend plus pour de l'argent comptant ce qu'on nous dit.

Il y a quelques jours, l'avocate islamiste Ines Harrath s'est insurgée contre l'arrestation d'une élève, à la suite d'une discussion avec son professeur sur le bien-fondé religieux de la « minute de silence ». D'après l'avocate, l'élève de 18 ans aurait dit à son professeur que le prophète n'a jamais observé de minute de silence en hommage aux martyrs et que, donc, cette « minute de silence » n'a pas lieu d'être. Toujours d'après l'avocate, la police a fait une descente à son domicile pour l'arrêter. Après avoir interrogé ses camarades, l'élève a été traduite devant un juge d'instruction spécialisé dans le terrorisme qui l'a inculpé pour apologie du terrorisme et émis un mandat d'arrêt contre elle. C'était là la version de l'avocate.
Ayant eu vent de l'affaire, j'ai demandé à mon équipe de relayer l'information pour dénoncer cet abus. Il fallait vérifier d'abord et, après consultation de sources officielles, il s'avère que l'élève en question entretiendrait des comptes en relation avec le terrorisme sur les réseaux sociaux. Son nom aurait été évoqué par plusieurs autres suspects dans de graves affaires de terrorisme. En bref, selon nos interlocuteurs de l'administration judiciaire, l'élève en question ne serait pas vraiment victime d'abus policiers et judiciaires et qu'elle serait réellement dangereuse. Qui dit vrai et qui dit faux ? Est-ce l'avocate Ines Harrath ou nos sources judiciaires ?

Tout comme les citoyens ordinaires, les journalistes sont grugés et manipulés par les différentes sources d'information. Dans une époque où le « consommateur » veut une information juste, avérée et instantanée, on oublie qu'il y a des délais incompressibles et une technicité (que nous n'avons pas toujours) pour donner cette information. Cette « technicité » consiste à conforter ses sources et à opposer la version officielle des autorités à celles des témoins ou/et des ONG.
Mais on oublie cependant que ces parties peuvent également vous donner une fausse information ou une information incomplète. Il suffit de se rappeler certaines diffamations des représentants de Human Right Watch ou de Transparency en Tunisie et des célèbres « sportifs de Chaâmbi » pour savoir que le journaliste peut, à son tour, être manipulé et vous donner une fausse information.

Que faire alors pour assurer cette transition démocratique quand on ne peut plus faire confiance aux médias, aux politiques, aux ONG et représentants de la société civile ? Comme je l'ai dit plus haut, il est impératif de retenir le bon de ce que l'on raconte, sans prendre pour de l'argent comptant tout ce qu'on nous dit.
Il y a aujourd'hui une lutte contre le terrorisme et il est nécessaire de mettre hors d'état de nuire toute personne suspectée de commettre un acte dramatique. Mais il est nécessaire également que l'action de la police et de la justice se fasse dans le respect des droits afin de ne pas créer d'autres terroristes et afin de ne pas compromettre la transition que vit le pays.
Quand les autorités vous disent qu'il n'y a pas eu d'arrestations abusives, il faut se méfier et quand des ONG (notamment internationales) vous disent le contraire, il faut également se méfier, car chacune de ces deux parties a un intérêt à nous mentir.

Faute de professionnalisme adéquat et de moyens suffisants, il est difficile de croire que notre police et nos magistrats n'aient pas d'abus à se reprocher. Mais il est également difficile de croire qu'il y a une violation systématique des droits de l'Homme par les autorités dans les affaires de terrorisme, comme le répètent certaines ONG internationales ces derniers temps et il est attendu qu'elles le crient sur tous les toits la semaine prochaine.
La Tunisie n'a pas encore atteint les standards internationaux en matière de démocratie et de respect des droits, mais elle n'est plus la Tunisie d'avant la révolution et ne le redeviendra pas.


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