Le mois de Ramadan s'est écoulé et aucune attaque terroriste n'a été enregistrée. Voilà un constat relevé par les observateurs et les experts en matière sécuritaire à la fin du mois saint. Ce constat, considéré comme étant un vrai succès, intervient suite aux multiples attaques perpétrées depuis 2013. Depuis 2013, les attaques terroristes sont devenues comme un mal inévitable pendant le mois de Ramadan. Tunisiens et forces armées ont pris l'habitude d'accueillir ce mois avec inquiétude et angoisse. En effet, la série a commencé par l'assassinat de Feu Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013. Député du parti Attayar Alchaâbi, il a été assassiné devant chez lui, par des terroristes. Ce fut le deuxième assassinat politique après celui du martyr Chokri Belaid, et dont le procès se poursuit jusqu'aujourd'hui. Le 29 juillet 2013, encore une attaque pendant le même mois, entraînant la mort de huit militaires, dont certains avaient été décapités.
Un an plus tard, plus exactement le 1er juillet 2014, quatre militaires sont tués au mont Ouergha suite à l'explosion d'une mine artisanale. Le 16 juillet 2014, 14 soldats sont tués à Henchir El-Talla, dans le mont Chaâmbi au moment de la rupture du jeûne suite à l'attaque par deux groupes armés contre deux points de contrôle militaire. Et puis encore, le 26 juillet 2014, des terroristes se sont attaqués à deux véhicules militaires, dans la région d'Ain Mazer, dans le gouvernorat du Kef faisant 2 morts parmi les soldats et 5 autres blessés.
Et puis coup de grâce, le 26 juin 2015, l'attaque terroriste la plus meurtrière dans l'histoire de la Tunisie. L'attentat a lieu sur une plage devant l'hôtel Imperial Marhaba de la chaîne RIU Hotels, situé dans la station de Port El-Kantaoui, à Hammam Sousse. Le terroriste arrive sur la plage avec la tenue d'un vacancier, son arme étant dissimulée dans un parasol. Il tue 39 touristes de nationalités différentes.
Toutes ces attaques ont entraîné une véritable psychose à l'approche du mois de Ramadan. Une stratégie sécuritaire a été établie cette année, pour lutter contre ce fléau. Les forces armées se sont déployées sur tout le territoire tunisien. Entre actions anticipatives, larges opérations de ratissage et multiples arrestations, ce mois n'a pas été de tout repos pour nos forces armées et sécuritaires qui ont veillé à garantir la sécurité et la stabilité à travers tout le pays. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur s'est déplacé à maintes reprises aux postes frontaliers et dans les « points chauds ». Il a pu, ainsi, constater le haut degré de préparation et la vigilance des forces de sécurité malgré le manque d'équipements et de logistique. Le chef du gouvernement s'est, également, félicité de cette réussite sécuritaire, mettant en exergue les efforts déployés par les forces de l'ordre.
Faut-il encore rappeler que la Tunisie, est en pleine guerre contre le terrorisme. Une guerre déclarée par le chef de l'Etat qui a considéré dans l'un de ces discours que ces opérations terroristes peuvent même toucher l'Etat. Et, même, le « faire effondrer ». D'ailleurs, la Tunisie vit en état d'urgence depuis novembre 2015. La dernière prolongation date du 20 juin 2016.
On peut, certes, considérer qu'une nette amélioration a été constatée au niveau du rendement sécuritaire puisque le jeu en vaut la chandelle, dans la mesure où ce fléau se trouve à l'origine de la mort ou presque du secteur du tourisme, l'un des piliers de l'économie tunisienne.
Toutefois, il ne faut pas dormir sur ses lauriers, d'autant plus que le monde entier n'est nullement à l'abri d'une éventuelle attaque qui peut engendrer des dégâts à tous les niveaux. La vigilance doit être continue et une véritable stratégie à long terme doit être mise en place. Ainsi, il n'y a pas d'attentats, mais les services de sûreté n'ont pas chômé avec la multiplication, tout au long du mois de Ramadan, d'arrestations de présumés terroristes et autres extrémistes takfiristes. Plusieurs démantèlements de cellules dans les divers coins du pays ont été, également, enregistrées un peu partout.
A noter que certains de ces individus arrêtés, sont classés parmi les plus dangereux qui planifiaient de perpétrer des opérations d'envergure contre des cibles vitales de l'administration et des structures économiques de taille. Ils étaient en relation, selon les communiqués du ministère de l'Intérieur, avec d'autres groupes terroristes se trouvant, notamment, en Libye. D'où l'importance et l'enjeu résidant dans la réussite de ces coups de filet ayant fait éviter, probablement, à la Tunisie des coups aux conséquences terribles qu'on préfère ne pas imaginer.
Des observateurs et autres experts estiment que cette réussite revient, certes à tous le corps sécuritaire de l'Armée et de la Garde nationales, mais aussi et surtout, au nouveau directeur général de la sûreté, Abderrahmane Haj Ali. Or, ce même responsable, connu pour ses hautes compétences et pour sa parfaite connaissance des rouages sécuritaires, se trouve la cible d'attaques « l'accusant d'utiliser les services de sécurité pour espionner le chef de l'Etat et les membres du gouvernement », comme le crie haut et fort Abdelaziz El Kotti, porte-parole officiel de Nidaa Tounes.
D'autres y voient une manière pour se débarrasser de ce haut cadre car, d'après Tahar Ben Hassine, il aurait démasqué une rencontre entre des cadres du même Nidaa et un homme d'affaires avec un groupe de Libyens. D'ailleurs, une campagne est en train, de s'organiser à traves les réseaux sociaux pour soutenir le directeur général de la sûreté.
Un mois de Ramadan entier sans attaque terroriste peut être considérée, à l'heure actuelle, comme une victoire en soi. D'autres devront suivre, dans les jours et semaines à venir, afin de sécuriser la saison touristiques et les institutions vitales contre les multiples attaques que les groupes armés tentent de mener. Autant dire, que nos sécuritaires ont du pain sur la planche...