Sfax a fait l'actualité cette semaine. Le mouvement citoyen réclamant la fermeture de l'unité de la SIAPE a mobilisé les Sfaxiens et retenu l'attention des médias locaux et nationaux.
Dans la foulée de cette demande, qui préoccupe la région depuis plus de vingt ans, les Sfaxiens ont également formulé des demandes de développement, d'investissement public et d'infrastructures. La fermeture de la SIAPE est donc devenue le symbole de toutes les autres demandes.
Ce mouvement a également trouvé son écho dans d'autres régions de la Tunisie. En effet, chaque ville, chaque gouvernorat, chaque région en Tunisie a des dossiers à résoudre, des demandes de développement en souffrance. Chacun a son problème SIAPE. Du pont mobile de Bizerte, à l'hôpital de Jendouba, au port de Enfidha, à la zone franche de Ben Guerdene, la liste est longue et a des allures de travaux d'Hercule.
Sur place, dans les villes et les régions en question, les responsables des pouvoirs publics semblent frappés de stupeur. Ils sont paralysés par l'habitude de constater les problèmes, incapables d'avoir la volonté d'envisager de les résoudre, ni même de commencer à le faire.
Les frustrations locales s'accumulent et finissent par remonter au pouvoir central, à Tunis, au gouvernement, à la Kasbah. C'est normal dirait-on, puisque la Kasbah a effectivement le pouvoir de décision et d'arbitrage. Sauf qu'on en soit à avoir besoin de l'intervention du Chef du Gouvernement sur des dossiers d'ordre régional et même local, cela relève de la mauvaise gouvernance. Cela est symptomatique de la peur de décision, du refus de responsabilité, de l'infantilisme de tous les échelons de la chaîne de décision administrative. Ils se renvoient tous la balle et finissent par piéger les citoyens et le Chef du Gouvernement dans un face à face aussi stérile qu'injustifié.
Nous n'avons pas besoin de l'intervention de Youssef Chahed. Nous avons besoin d'institutions qui jouent leur rôle de manière responsable. Et nous devons pouvoir leur demander des comptes lorsqu'elles ne le font pas.