A l'actualité cette semaine, trois événements politiques. L'annonce du nouveau parti de Mehdi Jomâa, Al Badil (l'Alternative), le congrès du parti Afek et le lancement d'un Front du Salut regroupant plusieurs partis de gauche et centristes. Nonobstant le poids des uns et des autres, on constate ici qu'il y a une nouvelle dynamique qui nous change et nous éloigne de la médiocrité ambiante représentée par un pouvoir composé de Nidaa/Ennahdha et d'une opposition soit exécrable (CPR/Attayar/Irada) soit inefficace (Front populaire). La naissance d'un autre pôle de partis socio-libéraux modernistes enrichit le paysage politique et représente une alternative (sans jeu de mots) pour les électeurs qui ne se retrouvent pas dans Ennahdha et ne se retrouvent plus dans Nidaa. Parenthèse pour Al Badil, son lancement s'est accompagné d'une belle salve de critiques virulentes, en attendant les peaux de banane et les rumeurs malsaines. Le bonhomme n'a pas encore commencé qu'il représente déjà une menace méritant d'être anéantie ! C'est un sport national chez nous que d'attaquer ceux qui brillent ou sont susceptibles de briller. Mehdi Jomâa a réussi sa mission de chef du gouvernement de transition (2014) et voudrait surfer sur cette vague de succès. Il pense être capable de réussir et plus efficace que la classe politique actuelle. Qu'on le dénigre et qu'on lui lance les peaux de banane qu'on veut, ça va lui faire de la pub et renforcer sa détermination. Il est vrai que dénigrer et lancer des peaux de banane est plus facile que de mettre la main à la pâte et de se serrer les coudes.
L'autre polémique du moment s'appelle Sihem Ben Sedrine, présidente de l'Instance Vérité et Dignité. Encore ! Toujours ! La dame aux barbes artificielles qui vivait avec les subsides étrangers voudrait refaire l'Histoire de la Tunisie. Après ses grossiers mensonges, les procès fallacieux contre ses contradicteurs et critiques, ses acoquinements avec le CPR, Ennahdha, les ONG et les ambassades, elle ajoute un nouvel épisode à son sulfureux palmarès : le révisionnisme partial, au détriment de la vérité. Au-delà de la personne de Sihem Ben Sedrine, on s'en moque, elle est poussière et retournera poussière un jour ou l'autre, c'est le danger qu'elle représente pour ce pays qui inquiète le plus. Elle est en train de saboter tout le processus de la Justice transitionnelle avec des mensonges et de la manipulation. Elle a beau être dénoncée par les critiques, les politiques et les propres élus de l'IVD, elle a beau perdre les recours judiciaires (qu'ils soient menés par elle ou contre elle), Sihem Ben Sedrine continue à défier tout le monde : historiens, politiques et magistrats. Appuyée par Ennahdha et les partis dits révolutionnaires, soutenue par quelques ONG étrangères et deux-trois ambassades, la dame se fout du monde !
Plutôt que de l'affronter directement et courageusement, Béji Caïd Essebsi a imaginé une loi de réconciliation nationale. Refusé deux fois, ce projet de loi a été assimilé à du sabotage de la Justice transitionnelle et du travail de l'IVD. Une troisième tentative a été déposée dernièrement à l'ARP. Mais est-ce la bonne solution ? D'ores et déjà, des voix s'élèvent pour contrer ce troisième projet de loi, allant jusqu'à l'appel de la désobéissance civile.
Dans sa nouvelle mouture, la proposition de loi ne touche que les hauts fonctionnaires qui n'ont pas bénéficié d'un enrichissement personnel et qui n'ont fait qu'appliquer les ordres. L'objectif, on le redit, est de lever une injustice qui n'a que trop duré contre de véritables patriotes et commis de l'Etat. Béji Caïd Essebsi aura-t-il raison contre ceux qui ne veulent pas de réconciliation ? On voudrait bien l'espérer, mais le doute est permis, car on n'a pas fait grand-chose entre la deuxième et la troisième proposition pour permettre à ce troisième essai de passer. Certes, on a toiletté les textes, mais ce n'est pas à ce niveau qu'il fallait agir. La principale opposante à la Loi de la réconciliation nationale n'est autre que Sihem Ben Sedrine. C'est elle qui mène le tempo de tous ceux qui rejettent la réconciliation. Une question vitale pour elle puisque cette loi lui coupe l'herbe sous le pied et l'empêche de faire les transactions qu'elle désirerait avec les « azlem ». Plutôt que d'agir sur les textes du projet de loi, il aurait fallu agir dans les coulisses pour éjecter Sihem Ben Sedrine de l'IVD de telle sorte que cette instance retrouve un fonctionnement normal et puisse assurer sa mission de justice transitionnelle. Si elle n'était pas là, on n'aurait même pas eu besoin de loi de la réconciliation, l'IVD aurait fait son travail. Un Mohamed Abbou, un Ahmed Néjib Chebbi ou un Khemais Chammari auraient bien fait l'affaire de telle sorte que l'IVD ne souffre d'aucune remise en doute sur son intégrité. Après l'échec des deux précédentes tentatives, parions que l'on échouera une troisième fois, puisqu'on est en train d'appliquer une nouvelle fois les mêmes méthodes tout en espérant obtenir un résultat différent.
A défaut de réconciliation nationale, et vu les poisons que SBS injecte régulièrement à travers la télé publique et à coups de dizaines de millions de dinars, il ne faut pas être devin ou un grand expert de la prospective pour savoir que la guerre civile nous guette. Des ministres de la troïka préparent actuellement le terrain et alimentent la tension sur les réseaux sociaux. Certains regrettent de ne pas avoir confisqué les biens de tous ceux qui ont collaboré directement et indirectement avec l'ancien régime, d'autres regrettent de ne pas avoir commencé par le bâillonnement des médias « anti-révolutionnaires » et on peut lire le regret sur les murs de ces ministres de ne pas avoir mis les échafauds en janvier 2011. Entendez par là, apprenons de nos erreurs et rectifions le tir. Les plus soft parlent de désobéissance civile. La suite logique de tensions de ce type mène inévitablement à une guerre civile que les « fous » appellent prudemment « une deuxième révolution ». Si les CPR/Islamistes veulent la guerre, ils auront la guerre et ils la perdront comme ils l'ont perdue sous Bourguiba, sous BCE et sous Sissi… Mais ce pays, avec toutes ses composantes, gagnerait nettement mieux en s'épargnant des batailles sanglantes inutiles. Il vaut mieux un mauvais arrangement qu'un bon procès et il vaut mieux une mauvaise réconciliation qu'une bonne guerre.
Pourrai-je finir la chronique sans aborder la polémique désolante de cet enseignant universitaire qui encadre une thèse sur la platitude de la terre. « Le doute est l'école de la vérité » et chacun est libre de douter de la rotondité de la terre et de réunir autant d'éléments qu'il désire pour étayer ses dires. Ceci est concevable dans un café ou dans une émission de showbiz ou dans un livre de complotite, mais en aucun cas ceci n'est permis pour la soutenance d'une thèse dont l'objectif est de devenir docteur es sciences ! La chose est tellement ubuesque que l'on a du mal à la croire. Et on a plus de mal à la croire quand on lit les arguments fallacieux et réponses sournoises de l'enseignant en question. Pourquoi je ne suis pas étonné que l'énergumène en question soit membre du parti Irada que préside Moncef Marzouki ?