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Ahmed Rahmouni, les privilèges d'être un magistrat
Publié dans Business News le 12 - 06 - 2017

Semaine caractérisée par la tension majeure au Moyen-Orient. On est en train de battre les tambours de la guerre et, dans une guerre, on laisse toujours des plumes. La Tunisie observe de loin, en toute neutralité, en attendant de prendre position avec celui qui va garder le plus de plumes. Difficile, en effet, de prendre position après avoir mangé à tous les râteliers. En attendant, on regarde avec délectation les élucubrations des journalistes d'Al Jazeera. De donneurs de leçons, ils se sont métamorphosés en propagandistes. Les révolutions arabes et le soulèvement des peuples sont devenus, en 24 heures, des manipulations d'antichambres sionistes.

En étroite relation avec ce qui se passe au Qatar, on a découvert un compte bancaire dans une agence de Tataouine à travers lequel il y aurait eu des virements de milliards de dollars. L'histoire remonte à 2012 et ce n'est que maintenant qu'elle a été dévoilée. Il se passait quoi en Tunisie en 2012 déjà ? Pourquoi nos organismes de contrôle n'ont pas fonctionné ? A cette époque, si mes souvenirs sont bons, Hammadi Jebali était chef du gouvernement et il a extradé Baghdadi Mahmoudi, le Premier ministre libyen emprisonné en Tunisie. Le ministre de l'Intérieur s'appelait Ali Laârayedh et les salafistes faisaient ce qu'ils voulaient dans le pays jusqu'à la pénétration et l'incendie de bâtiments diplomatiques américains. A cette époque aussi, le ministre des Finances s'appelait Houcine Dimassi et on l'a poussé, par tous les moyens, à la porte. Et, toujours à cette époque, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie s'appelait Mustapha Kamel Nabli et sa tête a été mise à prix (avec succès) par le président de l'époque qui s'appelait Moncef Marzouki. Ce dernier était le chef des armées, lesquelles étaient dirigées par le général Rachid Ammar qui ne jurait que par le saint Sidi Mehrez. Avec ce petit rappel, il n'est plus besoin de se poser la question de savoir pourquoi nos organismes de contrôle n'ont pas fonctionné...

Polémique la semaine dernière avec l'ordre de démolition d'une construction anarchique à Nabeul appartenant à un couple de juges. Et il ne s'agit pas de juges inconnus, mais de Ahmed Rahmouni, président de l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la Magistrature et de son épouse Leïla Abid qui avait pour charge plusieurs dossiers liés à la corruption de membres de l'ancien régime. L'affaire n'aurait pas dû être ébruitée et encore moins médiatisée. Un juge est d'abord, et avant tout, un citoyen ordinaire et il a le droit, en tant que tel, à être à l'abri de ce type de scandales. L'ordre de démolition aurait touché un autre juge que M. Rahmouni, il ne se serait rien passé.
Sauf que l'affaire a été médiatisée, reprise par un très grand nombre de médias et toute une polémique s'en est suivie. La polémique est d'autant plus justifiée que le souci principal est celui de la réputation d'une corporation qui ne supporterait pas d'être malmenée par ses défenseurs prétendus. Pourquoi donc M. Rahmouni aurait-il « droit » à un scandale, là où tous ses pairs y auraient échappé ?
Personnage public, connu pour ses textes et ses conférences relatifs à la morale et l'intégrité, Ahmed Rahmouni a réussi à donner cette image du juge intègre, droit, probe et honnête. Cette image de personnage public justifie, à elle seule, qu'une pareille affaire touchant M. Rahmouni soit médiatisée. C'est le « sort » réservé à tous les personnages publics qu'on voit périodiquement dans les médias. C'est là le devoir même du 4ème pouvoir dans une démocratie que de dire au public qu'untel n'est pas aussi probe qu'il ne le prétend. C'est parce qu'il est un personnage public s'intéressant à la chose publique et donnant souvent des « leçons » de probité au public que les médias se sont intéressés à l'affaire de la construction anarchique du couple Rahmouni. C'est pour cela aussi que seul son nom a été évoqué parmi les 19 concernés par l'ordre de démolition (la liste complète est en notre possession).
L'autre raison est que cette affaire n'aurait pas pris autant d'ampleur si M. Rahmouni n'avait pas réagi de cette manière. Il est donc tout à fait normal ensuite que les journalistes aillent voir le gouverneur de Nabeul pour avoir les deux sons de cloche et vérifier si le juge a été victime d'une cabale et d'une injustice administrative. C'est leur devoir de donner les deux versions et présenter l'ensemble des éléments en leur possession. C'est ce qui s'est passé.

Ahmed Rahmouni n'avait pas d'autorisation de bâtir, mais il a choisi sciemment d'enfreindre la loi et a construit sa maison de trois niveaux. Point. Tout le reste c'est de la littérature inutile. Pour se défendre, M. Rahmouni a choisi cette littérature inutile en s'en prenant au gouverneur l'accusant de vouloir sa tête et en s'en prenant à ma propre personne et à mon nom de famille pour que je devienne sujet de moqueries et d'invectives . Pourquoi Business News spécialement, alors que tous les médias ont évoqué l'affaire ? Pourquoi Nizar Bahloul précisément alors que les articles évoquant l'affaire ont été rédigés par une rédaction autonome qui n'a fait que son travail en donnant la parole aux deux parties ? Pour information, Monsieur le juge, c'est un comité de rédaction composé de trois rédacteurs en chef qui sélectionne les sujets et valide les articles publiés dans Business News. Le directeur, que je suis, n'intervient qu'accidentellement dans ce processus. C'est comme ça que fonctionnent les rédactions et il ne saurait être autrement. De toute façon, c'est humainement impossible. Ahmed Rahmouni s'est-il laissé entraîner par les mensonges (et j'ai les preuves de ces mensonges) de l'ancien ministre Salim Ben Hamidène qui a déclaré que c'est « Le Bahloul » qui est à la tête de la campagne anti-Rahmouni ? Fort probable.
Toujours est-il que Business News n'a pas été le premier journal à évoquer l'affaire. Et quand on l'a évoquée, on a pris soin de relayer les versions des deux parties et d'avoir les preuves des griefs reprochés par l'administration à M. Rahmouni. On a également pris soin de ne pas publier la décision judiciaire (publique) obligeant la STEG à lui installer l'électricité bien que le texte du recours du plaignant mérite d'être connu par le public. Ni le fac-similé de l'ordre de démolition, bien que nous l'ayons en notre possession puisqu'il nous fallait des preuves avant de publier (une question de crédibilité que vous remettez en doute).

Non Monsieur le juge, dans cette histoire, il n'y a rien de personnel. Il y a que vous avez choisi de médiatiser une affaire et d'étaler ses détails. A partir de là, elle vous échappe et vous ne pouvez plus dicter aux journalistes leur angle d'approche. Vous avez choisi de construire sans autorisation et ceci est illégal et contredit l'ensemble de vos propos sur la nécessité de respecter la loi. Vous avez préféré la construction anarchique au recours judiciaire pour l'obtention de l'autorisation de bâtir. Le recours judiciaire, vous ne l'avez choisi que pour l'installation d'un compteur d'électricité pour mettre l'administration devant le fait accompli. Votre comportement a choqué plus d'un, car vous avez un devoir d'exemplarité. Pour nous, citoyens ordinaires, le juge c'est un modèle à suivre. C'est LE modèle à suivre. Il se doit d'être exemplaire, au-dessus de tout reproche. Il se doit d'être infaillible et vous avez failli ! Vous dites que vous n'avez pas atteint une propriété de l'Etat ou une propriété d'autrui, ceci est probablement vrai (encore heureux !) mais vous avez quand même failli ! Il me fait sincèrement mal de voir tomber le voile de probité avec lequel vous vous drapiez !
Imaginez que vous ayez eu, vous-même, à donner votre avis sur un personnage public se disant exemplaire et qu'on a attrapé avec une pareille faute ? Quel aurait été votre jugement à son encontre ? Connaissant vos avis sur plusieurs personnalités publiques, je connais votre réponse et elle est bien différente de votre position actuelle sur votre propre cas.
Il n'y a aucune cabale à votre encontre, pas de la part de Business News et encore moins de la mienne. Que le gendre de Mohamed Ben Salem vous dise le contraire, il est libre, il a des comptes politiques à régler et une revanche à prendre, mais ne tombez pas dans son piège et ses calculs, ne vous laissez pas entrainer dans cette paranoïa !
Preuve qu'il n'y avait pas de cabale ou de mauvaise foi dans le traitement de cette affaire, à notre niveau du moins, personne n'a creusé sur l'origine de vos fonds pour construire dans un quartier des plus chics du pays, sur les raisons qui ont fait que la banque octroie un crédit de 250.000 dinars à deux fonctionnaires pour une construction bâtie illégalement, sur les raisons de votre saisie du tribunal de Tunis alors que l'affaire se déroule à Nabeul, sur les raisons d'avoir choisi d'intenter un recours contre la STEG pour un compteur et non un recours pour l'obtention d'une autorisation de bâtir. D'après ce que j'ai observé, tout le monde s'est arrêté à relayer les deux versions, sans plus. Certains ont pris position ? C'est dans l'ordre normal du fonctionnement des médias et des observateurs de la chose publique.

Il est du devoir des médias, Monsieur le juge, d'épingler les personnalités en charge d'affaires publiques, particulièrement quand un devoir d'exemplarité leur est exigé. Je vous renvoie vers le dernier exemple en date, celui du Canard Enchaîné dans son traitement de l'affaire Fillon lors de la dernière présidentielle française.
Invectiver un directeur de média dans l'espoir de le voir faire pression sur ses journalistes pour taire une affaire est grave. D'autant plus grave quand on est juge ! Comment pourrai-je avoir confiance en vous si, demain, je dois vous saisir pour une quelconque affaire ? Ou si je me trouve face à l'un de vos amis parmi vos collègues ? Cette infraction à la loi a beau être petite, elle reste quand même une infraction. Et elle cesse d'être petite quand celui à l'origine de l'infraction est un juge. Elle devient carrément gravissime quand ce juge est quelqu'un de votre acabit, garant supposé de la transition démocratique. Elle devient très grave quand vous choisissez l'option de la fuite en avant en invectivant le gouverneur et les médias et un média en particulier. Et carrément grotesque quand vous vous en prenez à son directeur à titre personnel et à son nom de famille.
N'oublions pas, en parlant de ce malheureux fait divers, que l'écrasante majorité des juges tiennent à leur exemplarité. Certains mettent leur vie en danger pour leur noble mission. Ils n'ont vraiment pas envie de voir leur image souillée par l'impair d'un des leurs. On tient vraiment à cette image, car sans cette justice exemplaire il ne saurait y avoir de démocratie, voire d'Etat !


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