Un pool bancaire tunisien a été créé avec comme chef de file Attijari Bank, pour financer un contrat de crédit à destination du programme de rénovation des réacteurs des avions de la compagnie nationale Tunisair. Le montant de l'opération est de plus de 130 millions de dinars (MD), assorti de la garantie de l'Etat. Il s'agit d'un prêt sur 5 ans, avec un taux d'intérêt de TMM+1,5%. Le pool bancaire regroupe, outre Attijari Bank (72 MD), l'arrangeur et agent, l'Union Internationale de Banques (UIB) (28 MD), la Banque Nationale Agricole (BNA) (20 MD) et l'Arab Tunisian Bank (ATB) (10 MD).
Cette opération vise à financer le programme de rénovation et de maintenance 2017-2018 d'une dizaine de réacteurs CFM56 des avions de type A320 de la compagnie nationale Tunisair. Le concept est nouveau puisque le schéma de financement particulier est à mi-chemin entre l'investissement et l'exploitation, avec une ingénierie financière spécifique. L'objectif étant de soutenir la compagnie nationale dans son processus de contribution à la relance économique tunisienne. Ce programme de rénovation permettra d'améliorer la ponctualité des vols et de diminuer la consommation d'énergie, le tout dans un souci de satisfaction d'une clientèle de plus en plus nombreuse, diversifiée et exigeante.
La cérémonie de signature du prêt s'est tenue, ce jeudi 6 juillet 2017 au siège d'Attijari Bank, sous l'égide du PDG de Tunisair Ilyes Mnakbi et du DG d'Attijari bank Hicham Seffa, en présence de représenants des autres banques participantes et de hauts responsables des deux entreprises. A cette occasion, M. Mnakbi a affirmé que ce prêt représente un signe de confiance dans Tunisair. M. Seffa a souligné, pour sa part, l'importance de soutenir la compagnie nationale vu son rôle stratégique dans l'économie tunisienne. En outre, il a salué la forte résilience des banques dans une période de crise pour le financement de l'économie tunisienne, malgré les critiques émises envers le secteur. Il a rappelé que l'arrangement de ce crédit syndiqué vient après la réussite d'autres crédits du même type pour le compte de sociétés du secteur du transport, ce qui confirme l'engagement continu de la banque à accompagner les entreprises publiques dans leurs projets de développement.
Autre point, M. Mnakbi a profité de sa présence pour noter une saison touristique qui s'annonce prometteuse. Il a évoqué une amélioration du chiffre d'affaires de la compagnie de 19%, jusqu'à juin 2017 en comparaison avec l'année dernière. D'ailleurs, la compagnie a dû louer deux appareils pour renforcer sa flotte. Elle a, également, négocié avec Airbus lors du Salon du Bourget l'avancement des livraisons de deux appareils A320 néo prévus pour 2021.
S'agissant des retards, le PDG de Tunisair a martelé que la sécurité des vols et des passagers est une ligne rouge à ne pas dépasser, en rappelant que la moyenne d'âge de la flotte est de 15 ans : «Je préfère que les passagers soient en colère et nous insultent, mais qu'ils arrivent sains et saufs à bon port», a-t-il déclaré. Il a ajouté que la société passe par une période difficile et qu'il lui faudrait 5 à 10 MD pour acheter un nouveau matériel pour les services au sol. Concernant le plan social et le sujet des départs volontaires, aucune avancée n'a été faite. L'Etat n'a toujours pas débloqué les 52 MD. Pire, Tunisair Handling est en train de payer des personnes qui ne travaillent pas. En réponse à une question de Business News, Ilyes Mnakbi a expliqué que la filiale précitée a été obligé de recruter après la révolution 900 manutentionnaires qui étaient sous le régime de la sous-traitance. Le hic, c'est qu'après avoir intégré le rang de la société, ils ont ramené leurs diplômes pour équivalence. Leurs salaires sont passés de 400 dinars à plus de 1.000 dinars, mais ils refusent de faire leur travail, explique-t-il. Pire, la société est obligée de recourir de nouveau à la sous-traitance et de payer d'autres personnes. Un vrai casse-tête. Sur les 8.500 employés que compte la compagnie, un millier de personnes devra partir pour un montant de 400 MD, dont ni Tunisair, ni l'Etat ne dispose.