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Youssef Chahed, le charmeur de Washington
Publié dans Business News le 14 - 07 - 2017

Illustre inconnu il y a trois ans, chef de gouvernement depuis moins d'un an, Youssef Chahed essaie de cultiver l'image d'un homme d'Etat capable de sauver la Tunisie post-révolutionnaire et de gagner sa guerre contre le chômage, le terrorisme et la corruption. La réussite de la Tunisie est synonyme de la sienne et vice-versa. A Washington, où il s'est rendu du 8 au 12 juillet en visite officielle, on le sait maintenant !


A Washington, Youssef Chahed est en terrain connu. Pendant longtemps, il a été expert auprès d'institutions américaines tel le département de l'Agriculture des Etats-Unis et a collaboré avec ses plus grandes instances telles l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration) ou l'Agence américaine pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID).
Connaissant les codes américains, il ne lui reste plus maintenant qu'à les utiliser pour faire connaitre son programme de sauvetage du pays et se faire connaitre en tant qu'homme politique capable de relever les défis et d'obtenir le nécessaire soutien US.


A Washington, Youssef Chahed s'est fait accompagner par une forte délégation médiatique. Les médias locaux influents, mais également CNN ou Al Arabiya sont inévitables quand on veut cultiver son image. En la matière, on peut dire que le chef du gouvernement réussit sa com', toutes proportions gardées, malgré les peaux de banane que lui lancent les adversaires politiques de son camp d'abord et de l'opposition ensuite.
Il est évident que l'image positive du chef du gouvernement (80% d'opinions favorables selon Sigma Conseil) agace énormément. Faire face aux sabotages orchestrés par ses adversaires n'est pas aisé et Youssef Chahed en sait quelque chose.



Côté américain, on le regarde sans a priori et on attend de voir pour se faire son idée. Daniel Rubinstein, ambassadeur US à Tunis, est là pour faciliter le contact.
Le protocole est respecté, Youssef Chahed est reçu comme un grand. Son avion est à quelques encablures de l'Air Force One de Donald Trump. Au Pentagone, mais aussi à la Maison Blanche ou au Congrès, on est aux petites attentions et on l'encourage fortement à aller de l'avant dans sa guerre contre le terrorisme bien sûr, mais aussi dans la lutte contre la corruption et l'instauration d'une véritable démocratie dans le pays. Cela va du vice-président US Mike Pence jusqu'au conseiller américain à la sécurité nationale, le général Herbert Raymond Mc Master en passant par les députés et sénateurs avec qui il a eu une série de réunions. Il a cherché à se faire connaitre et il a atteint son objectif. Il a même eu droit à une rencontre imprévue au programme avec le très influent Jared Kushner, époux de Ivanka Trump, fille aînée du président US.


L'intérêt pour la Tunisie de la part de l'administration américaine est connu depuis 2011. Notre pays demeure un véritable laboratoire démocratique pour la région à leurs yeux.
Reste à savoir si cet intérêt va se poursuivre avec l'administration Trump et si Youssef Chahed va bénéficier du même soutien qu'ont obtenu les islamistes avant lui. La réduction des aides américaines à la Tunisie étant un signal négatif, Youssef Chahed se devait de renverser la vapeur et de convaincre l'administration du nouveau locataire de la White House de se rétracter.


Il a agi à trois niveaux. La Maison Blanche d'abord où il a appuyé sur la très sensible corde de la lutte contre le terrorisme et de la nécessité de ne pas laisser la Tunisie toute seule face à ce cancer international qui n'épargne aucun pays. A-t-il fait mouche après ses rencontres à la Maison Blanche et le Pentagone ? On le saura dans les prochains jours et on demeure confiant.
Le deuxième niveau d'action est celui du Congrès où l'on espère voir les parlementaires bloquer la réduction de budget, décidée par Trump. Ici, il peut compter entre autres sur le soutien indéfectible du sénateur John Mc Cain. On a pourtant longtemps cru que ce dernier n'a d'yeux et d'oreilles que pour les islamistes. Faux, le gouvernement de Chahed et son fantomatique parti Nidaa ont beau souffrir de déficit flagrant de lobbying à Washington, l'objectif des Américains n'est pas de soutenir un camp particulier, mais plutôt de soutenir la transition démocratique tout court. Et s'il apparait que l'islamisme n'est pas compatible avec la démocratie, eh ben il ne passera pas ! Les lobbyistes islamistes tunisiens de Washington peuvent aller se rhabiller.
Il reste enfin le soutien américain lors du vote des programmes des instances internationales telles le FMI. Celui-ci semble être garanti d'après ce que nous assure son conseiller Lotfi Ben Sassi, présent avec lui dans la délégation partie à Washington. Une chose est sûre, c'est que la rencontre de Youssef Chahed avec David Lipton, premier Directeur général adjoint du FMI a été fructueuse.


De cette visite, Youssef Chahed a réussi à contrebalancer le déficit de lobbying tunisien à Washington et à dégager une belle image de lui. Charismatique, « fluent speaker in english », sûr de lui, il sait ce qu'il veut et il le dit clairement. Dans la capitale US, on sait désormais qui est Youssef Chahed et s'il faut soutenir ou non ce nouvel homme politique.
Il faudrait maintenant assurer le service après vente, car même si Youssef Chahed a réussi à dégager une bonne image de lui auprès des décisionnaires et de quelques lobbyistes influents, il sait qu'il ne peut pas trop compter sur sa propre administration et encore moins sur son propre camp. Cette bonne image risque donc d'être éphémère.
Si l'administration Trump a décidé de réduire le budget d'aide tunisienne, c'est aussi à cause du déficit du lobbying tunisien que devait assurer notre ambassade. Avant la révolution, celui-ci était assuré en permanence en dépit de l'amalgame (réel ou imaginaire) que l'on faisait en s'interrogeant si l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali le faisait pour le pays ou pour son propre régime.
Après la révolution, et la venue de la Troïka, le lobbying a bien fonctionné, mais celui-ci était destiné à vendre l'image des islamistes et non celle du pays. Pour preuve, les montants gigantesques dépensés par Ennahdha pour redorer son blason et faire glisser sournoisement l'idée qu'islamisme et démocratie sont compatibles.


A voir les désagréments causés à une partie de la délégation accompagnant Youssef Chahed à Washington, en raison du flottement dramatique des services diplomatiques tunisiens, il y a lieu de s'interroger si le SAV évoqué plus haut serait garanti. Ce n'est pas sûr tant que notre diplomatie n'a pas les moyens matériels et humains de se payer des agences de lobbying efficaces et de prendre conscience que le travail diplomatique a évolué avec le temps. Sans des diplomates conscients de ce qu'est la diplomatie économique, le lobbying, la communication et le relationnel, il n'est point de diplomatie efficace. Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed ont beau réussir leurs missions, ce ne sera pas vraiment efficace si notre MAE n'assure pas derrière après les visites. Pour le moment, nos diplomates continuent encore à fonctionner, à cause d'un foutu système, comme si l'on était dans les années 70-80. On ne cherche qu'à plaire aux supérieurs à Tunis et non à être efficaces pour la Tunisie. L'ambassade de Tunisie à Washington a beau être sur une des plus importantes avenues de la capitale US (celle où l'on trouve les plus grands bureaux de lobbying), elle reste démunie de moyens humains et matériels.


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