Contacté par Business News dans la soirée du mardi 18 juillet 2017, le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami est revenu en détail sur la chronologie des faits relatifs à sa protection rapprochée. En 2014, sous le mandat présidentiel de Moncef Marzouki, le nom de Hamma Hammami était apparu sur la liste des personnes politiques menacées. Ainsi, lors d'une réunion à Carthage avec Abdelkarim Zbidi, ancien ministre de la Défense en 2014, il a été proposé de placer Hamma Hammami sous la protection de la garde présidentielle. Cette protection rapprochée assurée par la présidence de la République tunisienne a duré 4 ans et 4 mois.
Au sujet des hommes de la garde présidentielle qui entouraient Hamma Hammami, celui-ci a décrit « Ils me suivaient au pas même quand je me rendais au ministère de l'Intérieur ils montaient avec moi et m'attendaient devant le bureau. Ces hommes travaillent avec un grand professionnalisme ».
Le porte-parole du FP a fait une rétrospective des plans de meurtre qui le ciblaient. Le 19 septembre 2013, le directeur de la sécurité présidentielle et l'ancien ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, avaient annoncé à Hamma Hammami qu'il était visé par un plan d'assassinat qui devait se dérouler lors d'un de ses meetings à Hammamet. Radhia Nasraoui, l'épouse de Hamma Hammami ainsi que sa fille étaient aussi ciblées.
Le 20 mars 2014, un second plan a visé Hamma Hammami et c'est l'Etat tunisien qui lui en avait fait part. Dans la nuit, l'ambassade des Etats-Unis en Tunisie avait appelé Hamma Hammami et lui avait confirmé cette information. « Après l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l'ambassade des Etats-Unis s'était portée garante de transmettre les informations faisant état de plans meurtriers vis-à-vis des personnages politiques tunisiens. C'est pour cela qu'ils m'ont appelé » a déclaré Hamma Hammami.
Le troisième plan d'assassinat visant Hamma Hammami, le plus dangereux d'entre eux, lui a été révélé le 3 septembre 2014 alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle. L'ancien ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou ainsi que Ridha Sfar, haut cadre du ministère avaient invité Hamma Hammami à une réunion au siège du ministère pour lui faire part des plans le visant. Ce plan avait été élaboré par le chef djihadiste et terroriste algérien, Lokman Abou Sakher qui avait choisi le mode opératoire des voitures piégées. L'ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomâa était également visé par ce plan d'après les déclarations de Hamma Hammami.
Jusqu'ici la protection du porte-parole du FP était assurée par la garde présidentielle. Il avait à sa disposition une voiture et une escorte policière par des policiers en moto. Une autre information faisant état d'une atteinte à l'intégrité physique de Hamma Hammami lui était parvenue en 2015. Dans la liste des personnes ciblées, il y avait aussi les députés du FP, Mongi Rahoui et Ahmed Seddik. C'est aussi à ce moment que l'homme d'affaires et député de Nidaa Tounes, Ridha Charfeddine, avait été visé par une tentative d'assassinat à Sousse.
En relatant ces faits, Hamma Hammami a souligné : « Vous savez ce n'est pas une vie d'être menacé dans son intégrité physique de façon aussi perpétuelle. Avoir avec soi une garde rapprochée est semblable à une assignation à résidence. On me place sous protection car je suis menacé, il ne s'agit pas d'un caprice comme on veut bien le faire croire dans certains médias et sur les réseaux sociaux ».Par ailleurs, il a évoqué les très bonnes relations qu'il a entretenues durant les 4 ans et 4 mois où il était placé sous la protection de la garde présidentielle. Le syndicat des forces de sécurité présidentielle lui avait par ailleurs attribué un prix d'honneur pour les excellentes relations qu'il avait noué avec les hommes assurant sa garde.
Le 17 juin 2017, la protection de Hamma Hammami est passée aux mains du ministère de l'Intérieur. A ce sujet, le porte-parole du FP a expliqué : « Le passage de ma protection aux mains du ministère de l'Intérieur ne me pose aucun problème. Suite aux changements dans l'organisation de ma protection, j'ai appelé le directeur du cabinet présidentiel, Slim Azzabi pour lui poser une simple question qui est : Est-ce que les menaces à mon encontre ont baissé ? ».
Ce passage d'une protection à l'autre a inquiété la famille de Hamma Hammami car celui-ci n'était protégé que ponctuellement. « Avec ma nouvelle protection je devais informer à l'avance de tous mes déplacements. Par exemple, pour certaines réunions du FP qui se tiennent de 21h à 1h du matin j'y allais seul en me faisant accompagner par mes collègues militants. Cela a engendré une vague d'inquiétude dans mon entourage. Je suis prêt à sacrifier ma vie privée mais pas mon activité militante » a-t-il martelé.
Hamma Hammami a aussi précisé qu'il ne buvait pas, qu'il ne fumait pas et qu'il ne possédait pas de voiture. «Je ne vais pas au café ni au restaurant, d'ailleurs c'est moi qui cuisine chez moi. Mes sorties sont donc limitées à mon activité militante au sein du FP ». Aujourd'hui, Hamma Hammami se fait conduire dans ses déplacements par un ami militant au sein du FP qui possède une voiture populaire qui n'est pas puissante. Ce type de voiture pourrait mettre Hamma Hammami en danger puisqu'en cas d'attaque, il pourrait être atteint rapidement.
Le porte-parole du FP est également revenu sur la grève de la faim entamée par son épouse et militante des droits de l'Homme, Radhia Narsaoui. Il a déclaré : « Radhia Nasraoui sait que je ne cesserai jamais mon militantisme, elle a donc décidé de militer de son côté par la voie de cette grève ». Il a ajouté que son épouse a envoyé 4 courriers à la présidence de la République, à la présidence du gouvernement et au ministère de l'Intérieur les 19 et 23 juin 2017 et les 3 et 4 juillet 2017, pour leur poser une simple question qui est : « Les menaces contre Hamma Hammami sont-elles moins importantes qu'auparavant ou non ? ».Il a souligné qu' il importe peu que sa protection soit assurée par la garde présidentielle ou par le ministère de l'Intérieur évoquant par ailleurs les inquiétudes de Chokri Belaïd qu'il avait exprimé de son vivant et pour lesquelles certaines personnes l'avaient traité de paranoïaque. Pour Hamma Hammami « l'Etat tunisien ne respecte pas l'opposition. Le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement, Youssef Chahed ne devraient pas entrer dans des considérations partisanes ».