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Afek Tounes est devenu un parti comme les autres
Publié dans Business News le 19 - 12 - 2017

Le conseil national de Afek Tounes a pris la décision de quitter le gouvernement et l'Accord de Carthage. Une décision que plusieurs ténors du parti, dont ses quatre représentants au gouvernement n'ont pas accepté même s'ils ont décidé de s'y conformer. Retour sur une confrontation de points de vue aux conséquences imprévisibles.

Le 16 décembre 2017, le conseil national de Afek Tounes décide à 75% des votants de quitter le gouvernement et de se retirer de l'Accord de Carthage. Une prise de position qui avait longtemps été réclamée par les bases du parti et par l'ensemble des observateurs de la scène politique tunisienne. Le fait de critiquer le gouvernement et d'entrer dans un front parlementaire avec d'autres mouvances au sein de l'ARP tout en étant représenté dans ce même gouvernement était devenu une position intenable, ou du moins c'est ce que pensent les défenseurs de cette décision.
De l'autre côté, les ministres et secrétaires d'Etat de Afek Tounes accompagnés de certains députés et responsables de premier plan du parti ont décidé de faire dissidence et de s'élever contre cette décision qu'ils jugent irresponsable. Entre autres raisons, ils estiment que la situation du pays ne permet pas de jouer avec la stabilité du gouvernement et que leur sortie ouvrirait la porte à l'arrivée de l'UPL de Slim Riahi au gouvernement, chose qu'ils ne permettront pas. Dans un communiqué rendu public le 16 décembre au soir, les dissidents (à l'exception de Abdelkoddous Saâdaoui) pointent des « conditions suspectes » dans lesquelles aurait été prise la décision du conseil. Ils accusent également le président du parti, Yassine Brahim, de « soumettre les structures du parti et les pousser à prendre des décisions éloignées de l'intérêt du pays ». Ils mentionnent, en plus, des infractions au règlement intérieur du parti à toutes les étapes de la fameuse prise de décision.

Mais allons un peu plus en profondeur dans les deux postures. Selon une partie des leaders de Afek Tounes, dont Yassine Brahim, président du parti, et Rym Mahjoub chef du bloc parlementaire, il s'agit là d'une décision que les bases du parti ont réclamé depuis longtemps car il s'agissait de la cohérence de la ligne du parti. Le grand écart entre le fait de critiquer un gouvernement dont on fait partie devenait insoutenable. D'ailleurs, cette « incohérence » est devenue un axe par lequel les autres partis critiquaient Afek Tounes avec la fameuse expression « un pied dans gouvernement et l'autre dans l'opposition ». Toujours selon les défenseurs de cette sortie du gouvernement, c'est la version finale de la Loi de finances 2018 qui a été la goutte d'eau. Cette loi ne correspond pas au programme et à la philosophie de Afek Tounes et l'ensemble des propositions du parti a été écarté par le ministère des Finances. « Nous n'allons pas rester dans ce gouvernement pour l'image. Notre participation au gouvernement est devenue inutile puisqu'on ne prend pas en considération nos propositions. Nous avions pensé lutter de l'intérieur mais il s'est avéré que c'était inefficace, donc il valait mieux partir » explique Rym Mahjoub.
C'est là que plusieurs questions viennent à l'esprit. La première d'entre elles est : Pourquoi la question de rester ou pas au gouvernement n'a pas été tranchée lors du congrès de Afek Tounes qui s'est tenu début avril 2017 ? Afek Tounes a accusé Mehdi Ben Gharbia de corruption et avait alerté contre l'incohérence de prétendre lutter contre la corruption tout en gardant ce ministre. Ils sont pourtant restés. Yassine Brahim a, plusieurs fois, critiqué l'alliance contre nature entre Nidaa Tounes et Ennahdha et il a même émis des doutes sur l'adhésion d'Ennahdha à la démocratie. Afek Tounes est resté au gouvernement. Si la décision de rester ou pas dans le gouvernement n'était pas tranchée, pourquoi avoir poussé Faouzi Abderrahmen à devenir un ministre qui durerait moins de six mois ? Etait-ce plutôt pour l'éloigner du parti ? Est-ce que la Loi de finances était plus insupportable que les différentes confrontations avec les autres partis de la coalition ? Difficile à croire.
En fait, on dit dans les coulisses que Yassine Brahim opte par cette décision pour un positionnement d'opposant en ayant à l'esprit les élections de 2019. Le réel intérêt de la sortie du gouvernement est de se délester de son bilan pour le moins mitigé et de se mettre, d'ores et déjà, dans les starting-blocks pour la course de 2019. C'est ce que les opposants à cette décision qualifient de « ambitions personnelles ». En effet, les détracteurs de cette décision pensent que la posture d'opposant risque d'assimiler Afek Tounes aux partis Attayar ou encore Al Irada, ce qui serait une erreur stratégique d'un certain point de vue.

Pour le camp d'en face, plusieurs arguments justifient le fait de refuser cette sortie du gouvernement. Le premier et le plus évident est celui de préserver la stabilité du gouvernement et de ne pas pousser vers un énième remaniement qui diminuerait encore la légitimité du gouvernement Chahed. Il s'agit également de barrer la route à une éventuelle entrée au gouvernement du troisième composant de la nouvelle troïka, qui est l'Union patriotique libre de Slim Riahi. En effet, dans l'hypothèse d'un remaniement, il est difficile d'imaginer Youssef Chahed faire l'économie de ministres de l'UPL dans son gouvernement. Par ailleurs, les ministres et secrétaires d'Etat concernés ont le souci du bilan de leurs passages dans leurs départements respectifs. Riadh Mouakher, en tant que ministre des Affaires locales, est dans la dernière ligne droite concernant le code des collectivités locales, Hichem Ben Ahmed est le négociateur en chef des accords de l'ALECA avec l'Union européenne, Faouzi Abderrahmen est en train de restructurer son département efficacement tout en entamant des pourparlers avec la Banque mondiale, Abdelokoddous Saâdaoui a commencé son projet d'ubérisation des maisons de jeunes tout en étant en négociation avec l'Union européenne.
Au-delà de l'activité des ministres et des secrétaires d'Etat, les signataires dissidents contestent la légitimité de la décision prise par le conseil national du parti. Ainsi, selon Faten Kallel, ancienne secrétaire d'Etat à la Jeunesse, la réunion du conseil national a été convoquée seulement trois jours avant les travaux. En plus, il n'y avait aucune mention du fait que la question de sortir du gouvernement allait être évoquée, mais on parle seulement de débat général sur la situation du pays. En conséquence, plusieurs représentants des régions, surtout dans les régions, ne se sont même pas déplacés pour assister aux travaux du conseil national.

La question qui se pose maintenant est : peut-il encore y avoir un terrain d'entente ? Les dissensions exprimées depuis samedi laissent peu de place à un éventuel accord. D'un côté, Yassine Brahim s'est défendu depuis samedi en invoquant une décision prise par une instance souveraine du parti, qui est le conseil national. Donc, on voit mal par quel moyen il pourrait revenir dessus, en plus du fait que voir les contestataires s'éloigner du parti n'est pas vraiment une mauvaise nouvelle. De l'autre côté, les signataires du communiqué ont franchi le Rubicon en impliquant le chef du gouvernement qui a refusé leurs démissions. Donc, de leur côté, il est difficile de reculer et de revenir au parti comme si de rien n'était.
Faten Kallel s'est risquée à un début de solution possible en évoquant un éventuel congrès exceptionnel. Mais il est fort à parier que le reste du parti y opposera une fin de non recevoir.


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