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Divorce de Nidaa et Ennahdha, qui paiera la pension ?
Publié dans Business News le 08 - 01 - 2018

Il y a des mariages qui sont voués à l'échec. Des mariages de raison, des unions entre des êtres que tout oppose ou des noces qui sont construits sur des ententes précaires et des intérêts discordants. Celui de Nidaa Tounes et d'Ennahdha ne fait pas l'exception. Comme pour toute union fragile, il s'en est fallu d'un évènement déstabilisant pour que le couple explose. La victoire de Yassine Ayari aux législatives partielles d'Allemagne a eu raison de la plus controversée des alliances et mis au grand jour son « inutilité »…
A l'approche des municipales, le poids d'Ennahdha, à la cohésion légendaire, et la situation de Nidaa Tounes, qui perd de plus en plus le soutien de sa base électorale, ont appelé à une reconsidération urgente des priorités.
Loin de la coordination et de l'alliance, l'heure est désormais à la concurrence, annonce Nidaa Tounes. « Nous avons la volonté de réviser certaines positions. Aujourd'hui, c'est un peu le couronnement de la réflexion et l'on peut désormais dire que nous sortons du consensus pour aller vers une situation concurrentielle avec le mouvement Ennahdha » a déclaré samedi 6 janvier 2018, le chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes, Borhène Bsaies, au terme de la première conférence de préparation aux élections municipales du parti.
M. Bsaies n'a pas omis de souligner que les deux partis demeurent partenaires dans le cadre de l'Accord de Carthage, mais que « le projet de Nidaa Tounes, qui est dans la continuité du cheminement pris depuis l'Indépendance, est un projet national et moderne où l'Etat est civil » alors que celui d'Ennahdha, est purement « idéologique ».
« A un certain moment, ces deux partis se sont mis d'accord pour l'intérêt du pays mais nous avons des projets idéologiques, politiques et sociétaux extrêmement différents » a-t-il expliqué.

Nidaa Tounes avait annoncé plus tôt que son alliance avec Ennahdha évoluera en « une concurrence » lors des prochaines élections municipales. Le parti est allé jusqu'à préciser, dans un communiqué rendu public, que ses listes électorales sont ouvertes à toute personne compétente qui souhaite défendre « le projet d'un Etat civil et moderne et contrer le projet islamiste d'Ennahdha ».
« Un discours réchauffé ! » se sont exclamé de nombreux internautes tunisiens. La tournure que prennent les évènements était en effet prévisible mais le mal est déjà fait ! Si Nidaa tente désespérément de récupérer ceux qu'il a profondément déçus par son alliance avec Ennahdha, la tâche semble bien ardue.

Rien n'aurait prédit, il y a quelques années, une coalition entre Ennahdha et Nidaa Tounes. Le premier est un parti islamiste dont l'idéologie, les fondements et le passé sulfureux n'est ignoré de personne, et le deuxième, un parti laïque fondé « justement pour contrer les desseins obscurantistes d'Ennahdha ». Au lendemain des législatives de 2014, alors que les Tunisiens, pas très convaincus de l'un et échaudés par l'autre, ont dû quand même voter « utile », la nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi affichent une complicité de plus en plus déconcertante et annoncent une alliance stratégique visant à garantir la paix sociale dans le pays. Une alliance, longtemps qualifiée de « cohabitation », qui ébranlera les bases des deux partis et qui ira jusqu'à amputer Nidaa de nombre de ses dirigeants de la première heure.
La nomination de Hafedh Caïd Essebsi à la tête de Nidaa Tounes et la mise en place des comités de coordination mixtes, ont scellé l'union des deux partis et mis à mal, irrévocablement, l'intégrité de Nidaa Tounes. Ses membres ont été excédés par le tournant inconcevable pris par leur parti.

Nidaa a déçu, c'est un fait. Pensant se renforcer en s'alliant avec l'autre parti « fort » du pays, Béji Caïd Essebsi ne présageait sans doute pas l'impact désastreux que cela aurait sur le parti. La cerise a été la nomination de son propre fils à la tête de Nidaa. En gouvernant aux côtés d'Ennahdha, Nidaa Tounes espérait, selon de nombreuses analyses, pouvoir partager la responsabilité du bilan de son gouvernement. En formant un gouvernement d'union, même si l'idée peut sembler louable, Nidaa s'allégeait du poids d'un éventuel échec. Il n'en est rien ! Même le chef du gouvernement nommé par le parti, prend ses distances avec ce dernier en affichant un attachement exclusif au président de la République comme en témoignent ses propos dans l'interview qu'il a accordée le 1er janvier à notre consœur d'Al Watanya Insaf Yahyaoui. Youssef Chahed a, en effet, réitéré son soutien et son affiliation au chef de l'Etat en n'a à aucun moment évoqué Nidaa Tounes.

Aujourd'hui, l'équation est simple. Pour espérer regagner la confiance de ses électeurs et de ses anciens alliés, Nidaa Tounes doit se détacher d'Ennahdha et remettre en question sa propre structure, grand objet de discorde au sein du parti. Afin d'y arriver, le parti tente de rasseoir une légitimité estompée en appelant notamment à un remaniement ministériel plus « représentatif » des résultats des élections de 2014.
Le conseiller politique auprès de la présidence de la République Noureddine Ben Ticha a déclaré, dans ce sens, que Nidaa Tounes a réclamé un remaniement ministériel lors de la réunion de vendredi convoquée par Béji Caïd Essebsi portant sur les évolutions des accords de Carthage. « Nidaa Tounes a demandé que la représentation des partis politiques au sein du gouvernement soit en adéquation avec les résultats des élections législatives de 2014 » a-t-il précisé sur les ondes de Shems Fm.

Du côté d'Ennahdha, on est bien plus serein. Car si l'alliance avec Nidaa Tounes a sans doute déplu, les intérêts en jeu ont fait que l'impact sur le parti a été minime. Non seulement Ennahdha a eu le meilleur rôle dans l'affaire mais en plus le parti a été aux premières loges pour regarder son ennemi politique boire la tasse sans fournir le moindre effort. Mieux encore, en ayant le temps nécessaire de se reconstruire une image et de rassembler ses rangs après le cuisant échec du bilan de la Troika. C'est donc l'esprit en paix, que le parti abordera les municipales, débarrassé de ses rivaux, trop occupés à se ramasser.
C'est la tête bien froide que Imed Khemiri, porte-parole d'Ennahdha, a réagi aujourd'hui. Il souligné que son parti « ne regrettait pas son choix de soutenir le candidat de Nidaa Tounes aux élections législatives partielles d'Allemagne et ce, malgré l'échec essuyé ».
Expliquant le résultat par l'abstention des électeurs et un taux de participation ne dépassant pas les 5%, il a rejeté net l'hypothèse que cette défaite soit due à une incohérence entre les bases d'Ennahdha et ses dirigeants. Il est même allé jusqu'à appeler à « barrer la route à certaines parties qui ne font que diffuser des rumeurs malveillantes à l'encontre d'Ennahdha concernant sa relation avec Nidaa Tounes ».
« On entend aujourd'hui parler de certaines parties qui disent qu'Ennahdha a trahi Nidaa Tounes. Ce ne sont que des tentatives de créer une sorte de dissension entre les deux partis et attiser un conflit déjà ancré dans l'imaginaire du Tunisien » a-t-il martelé au micro de Boubaker Ben Akacha sur Mosaïque Fm.

Aujourd'hui encore, le leader au sein du mouvement Ennahdha, Houcine Jaziri, a précisé que le mouvement Ennahdha avait un partenariat avec Nidaa Tounes qui n'a pas atteint le rang d'alliance. « Nous entamons, chacun à part, une nouvelle étape qui est les élections municipales. Ces élections sont prioritaires, et nous n'avons jamais déclaré qu'Ennahdha et Nidaa Tounes présenteront des listes électorales communes. La décision de « rupture » est réfléchie, raisonnable et à temps car on doit focaliser sur les élections municipales qui seront une occasion de prouver, entre autres, la progression du mouvement Ennahdha en ce qui concerne son respect du principe de l'équité de genre et l'importance qu'il accorde au rôle de la femme dans la prise des décisions », a-t-il expliqué au micro de Mehdi Kattou sur Express Fm.
Houcine Jaziri est revenu sur les « positions modérées et patriotiques » de son parti ajoutant qu'il y a eu un rapprochement entre Ennahdha et Nidaa Tounes , que les intentions étaient bonnes et sincères et qu'il y avait une volonté politique commune en vue d'établir un projet national. « Il n'existe pas une différence idéologique entre Ennahdha et Nidaa Tounes et nous allons dans la même direction » a-t-il martelé, soulignant que les divergences d'opinions entre Ennahdha et Nidaa Tounes ne remettaient pas en cause les bonnes relations entre les deux partis, basées sur le respect mutuel, la concurrence loyale ainsi que l'éthique politique.

Ces attitudes de part et d'autre, nous font penser à une séparation dramatique pour l'une des parties qui a déjà tout perdu et tente de sauver les meubles. L'autre, en revanche, a tout gagné et peut ainsi affronter avec une certaine quiétude toute la procédure. Rupture ou pas, cette relation, peu importe le nom qu'on lui donnera, aura eu pour effet de réduire à néant ou presque la crédibilité de Nidaa Tounes et sa capacité à assumer le pouvoir qu'il convoitait tant. Abandonné par ses alliés « naturels », le parti n'a eu pour « soutien » que celui de son ennemi politique juré et l'impact de cette décision hasardeuse pourrait, comme ce fut le cas en Allemagne, présager le pire pour Nidaa aux municipales de mai…


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