«Il faut que les Tunisiens soient conscients d'un fait important : Nous sommes tous dans le même bateau, s'il sombre nous sombrons tous !». C'est ce qu'a affirmé, ce jeudi 30 août 2018, Mehdi Mahjoub, porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles et directeur général de City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, au micro de Mohamed Bayar dans l'émission La Matinale sur Shems FM. M. Mahjoub a expliqué que la pression sur la balance commerciale a conduit à une compression des vente de 16% sur le marché global et de 21% des voitures de tourisme. S'agissant de la hausse des prix, il a noté que la demande dépasse l'offre d'où la hausse des prix. En outre, le glissement du dinar est une autre cause indirecte : la baisse du dinar est de 12% par rapport au dollar depuis le début de cette année et de 70% depuis 5 ans. Avant, 10.000 dollars équivalaient à 17.000 dinars aujourd'hui, ce montant équivaut à 29.000 dinars, précise-t-il. En outre, la Loi de finances 2018 a augmenté les droits de consommation et la TVA de 1%, ce qui se répercute sur les prix des véhicules. A ceci, s'ajoute la hausse du TMM qui est passé de 4,25% à 7,25%. Ainsi et vu le coût du crédit, le Tunisien hésite à concrétiser de tels achats conséquents (véhicule, immobilier, etc.)
Les répercussions sur les concessionnaires sont claires, il y a une baisse des ventes, des recettes, des investissements, de la création de l'emploi, le tout avec un manque de visibilité, a souligné M. Mahjoub. «Si une société réalise un chiffre d'affaires de 10 millions de dinars et fait un bénéfice de 2 millions de dinars, il va payer un impôt de 30% soit 600.000 dinars. Lorsque son chiffre d'affaires baisse, son résultat baisse et l'impôt qu'elle paye aussi. Ce qui impacte les recettes de l'Etat. Il en est de même pour la TVA et le droit de consommation, lorsque le chiffre d'affaires baisse les recettes de l'Etat baissent», indique-t-il. Et d'ajouter : «Nous comprenons la décision de l'Etat de baisser les quotas d'importation, dans les conditions actuelles du pays. Ceci dit, nous estimons que c'est la solution de facilité. Nous en tant que économistes, on estime qu'il faut augmenter l'export et non pas limiter l'import. Il y a des devises qui circulent dans le pays et qui doivent intégrer le circuit officiel. Pour nous, la solution c'est d'élargir la base fiscale en intégrant le circuit parallèle dans l'économie formelle».
En réponse à une question de Mohamed Bayar, Mehdi Mahjoub a affirmé que «les concessionnaires dépensaient avant la baisse des quotas de 20%, 900 millions de dinars par an qui ne représentent que 3,5% des importations de la Tunisie». Mais, il a tenu à souligner que «les concessionnaires étaient à l'origine de la mise en place du secteur des composants automobile, le premier exportateur actuellement et qui représente 3 à 4 fois le montant précité». Et de noter que : «Tous les constructeurs investissent en Tunisie et achètent des composants automobiles de notre pays, ce qui représente comme je viens de l'expliquer 4 fois nos importations».
S'agissant de la voiture populaire, M. Mahjoub a indiqué qu'un «véhicule coûte 7.000 euros, donc l'équivalent de 24.000 dinars tunisien, en plus de 5.000 dinars de droit de consommation, 13% de TVA et les 1.000 dinars de bénéfices bruts des concessionnaires. Tout ceci donne un prix approximatif compris entre 25.000 et 30.000 dinars par véhicule». Et de rappeler qu'avant «l'euro équivalait à 1,2 dinars, donc le coût de revient du véhicule était de 9.000 dinars, alors qu'aujourd'hui, on est à 1 euro pour 3,3 dinars au 29 août 2018».