Après l'accalmie d'avril dernier qui a marqué la fin des mouvements de protestation, le ministère de l'Education se prépare à affronter un nouveau défi : la rentrée scolaire. Dans ce sens, le département s'est engagé à mettre en place des nouvelles dispositions « révolutionnaires » notamment la digitalisation des procédures d'inscription à distance pour les élèves de l'enseignement de base et du secondaire pour l'année scolaire 2018/2019 qui a débuté jeudi 29 août 2018. Le ministère de l'Education avec à sa tête Hatem Ben Salem a subi ces derniers temps plusieurs reproches émanant des parents d'élèves aussi bien que de la partie syndicale. La trêve du bras de fer entre le département et la Fédération générale de l'enseignement secondaire dirigée par Lassâad Yaâcoubi, a permis la focalisation du ministère sur les nouvelles mesures s'inscrivant dans le cadre de la modernisation du système éducatif. Ainsi, le département a conclu une convention à ce propos avec La Poste tunisienne, les banques tunisiennes et le centre national des technologies en éducation. Les élèves du primaire ont été exemptés de cette mesure vu le nombre élevé d'établissements scolaires ne disposant pas de connexion internet, essentiellement dans les régions intérieures et les milieux ruraux. Le ministère a, par ailleurs, publié sur sa page officielle, vidéos à l'appui, les 4 étapes requises pour finaliser l'inscription en ligne, notamment l'obtention des données d'accès, l'achat de la carte de paiement électronique, l'inscription via le web ainsi que via les smart phones.
Néanmoins, si les parents ne disposent pas de cartes bancaires, ils ont la possibilité d'acquérir des cartes d'un prix symbolique (400 millimes) mises à leur disposition par les banques et valables pendant 3 ans. Pour ce faire, les banques ont fourni 310 mille cartes bancaires supplémentaires réparties sur 850 bureaux afin de faciliter cet achat. L'inscription pourrait se faire, de plus, via le téléphone portable en tapant *181#. Dans ce sens, La Poste tunisienne a annoncé l'abandon définitif de l'inscription par le biais des coupons ainsi que la généralisation de l'inscription par les cartes électroniques. Les enveloppes et les timbres d'inscription ont aussi été abandonnés au profit du courrier hybride qui servira à envoyer les bulletins de notes grâce à la technique du publipostage.
Durant le 1er jour de l'inscription, 35 mille élèves sur un total de 900 mille se sont inscrits à distance. Le site d'inscription a enregistré, d'ailleurs, une grande affluence malgré quelques problèmes techniques auxquels le ministère doit pallier au plus vite. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré les élèves et leurs parents agglomérés devant les bureaux de poste, mécontents de la lenteur de la procédure qui était censée leur faciliter la tâche. Egalement, le service web télégramme traitera, en coordination avec les directeurs des établissements scolaires, les correspondances adressées aux parents des élèves. Le montant de l'inscription a été fixé à 3 dinars et il comprend les frais versés au profit du ministère de l'Education ainsi que les frais d'envoi des bulletins de notes et des correspondances. L'emploi du temps sera, de même, envoyé par mail ou SMS et visera à épargner du temps au parent et à l'élève ainsi qu'à assurer une gestion optimale des dépenses de la rentrée scolaire.
Dans le cadre de la numérisation du système éducatif, La Poste enverra également aux parents les avertissements adressés aux élèves ainsi que les punitions qui leur sont infligées à travers des lettres recommandées. Les parents bénéficieront gratuitement de ce service au début mais paieront 4200 millimes à partir du 3ème avertissement. Devant l'inquiétude des parents face à la cherté des fournitures scolaires dont le prix a augmenté de 35%, Hatem Ben Salem a catégoriquement démenti les allégations autour de la hausse du prix des manuels scolaires. Il a aussi appelé le gouvernement à faire en sorte que le cahier subventionné relève des prérogatives du ministère de l'Education ainsi que du centre national pédagogique. De plus, afin d'économiser le coût du papier, le ministère a annoncé la numérisation de tous les manuels et les programmes scolaires de l'enseignement primaire dès la rentrée scolaire 2021/2022.
Le ministère, qui a été sujet à plusieurs critiques suite à la faiblesse des moyennes de l'épreuve du baccalauréat en général et celles des élèves des lycées pilotes en particulier, affirme fournir des efforts dans le but de remédier à ces lacunes. Des concertations sont, en effet, établies entre le département et le chef du gouvernement pour combler 10 mille vacances au niveau des enseignants et des surveillants. Le retour au régime trimestriel a été également décidé pour cette rentrée, conformément à un accord conclu avec les syndicats de l'enseignement de base et secondaire étant donné que le régime semestriel a prouvé son échec. Dans ce sens, le calendrier des vacances scolaires sera adapté à celui des vacances universitaires et le samedi sera déclaré jour de repos hebdomadaire consacré aux activités culturelles et sportives outre la diminution des heures d'enseignement. La filière littéraire sera, de surcroît, généralisée dans l'ensemble des lycées pilotes. Hatem Ben Salem a, de plus, réitéré son engagement à « mener une guerre contre le plus grand fléau pour l'éducation, à savoir celui des cours particuliers ».
En tout état de cause, la rentrée scolaire ne serait pas une rentrée ordinaire. En plus des nouvelles dispositions annoncées par le ministère de l'Education, les déclarations de Lassâad Yaâcoubi présagent une rentrée mouvementée. Les prémices d'une réforme du système éducatif sont prometteuses et leur concrétisation ne serait réalisable que dans l'absence des pressions et des tentatives de déstabilisation exercées sur le ministère de l'Education. Avec les syndicats qui attendent au tournant Hatem Ben Salem, ce dernier doit faire preuve de ténacité et de résilience. Le tout en priorisant toujours l'intérêt suprême de l'élève.