Je me permets de m'adresser à vous au nom de toute la famille du sport qui a cru en vous un certain mois d'août 2016 quand vous aviez été choisi pour conduire le gouvernement, enfin un jeune proche de nous qui pourra donner un coup de pouce au secteur du sport tant marginalisé depuis la révolution, n'étant pas la priorité des gouvernements successifs. Nous avons essayé de surmonter nos craintes suite à la nomination d'une jeune ministre à la tête du secteur n'ayant aucune connaissance d'un milieu qui a ses spécificités et sa complexité, nos craintes se sont avérées totalement fondées puisque sous sa houlette, le sport a totalement régressé sans aucune réaction de la part de votre gouvernement pour redresser la situation. Nous avons assisté impuissants à des décisions non étudiées qui sapent les fondements de notre système. Les dernières en date concernent le rapatriement de dizaines de cadres techniques et administratifs qui servaient notre élite sportive au sein des fédérations pour se retrouver en train de chômer dans les couloirs du ministère. Plus grave encore, nous assistons à un rapatriement des enseignants de l'éducation physique au ministère de l'Education pour satisfaire un caprice syndical sans même consulter les intéressés et sans surtout penser aux conséquences désastreuses d'une telle décision sur le fonctionnement du secteur sportif dont l'éducation physique est un pilier central. Tous les Tunisiens sont restés incrédules devant la manière indécente avec laquelle nos athlètes les plus représentatifs ont été traités et malmenés par un ministère censé être derrière eux pour les soutenir. Tous les vrais sportifs sont envahis par un sentiment de honte face à la montée en puissance de la violence et de la corruption dans le milieu qui nuisent gravement à l'image de notre cher pays. Tous les vrais sportifs et patriotes sont abasourdis par tant de négligence, de passivité et surtout par l'absence totale d'une moindre vision ou stratégie du gouvernement pour sortir notre sport national de l'impasse profonde dans laquelle il se morfond alors que d'autres pays dont les moyens humains ou matériels ne sont guère supérieurs aux nôtres placent le sport au cœur de leur stratégie de développement. Aujourd'hui, alors que vous vous apprêtez à introduire des changements dans votre gouvernement, tout le monde du sport retient son souffle monsieur le chef du gouvernement. Oui, de peur que le département du sport qui se trouve déjà dans une situation plus que chaotique, se trouve encore une fois au centre des tiraillements politiques et que vous vous retrouviez comme à chaque fois « contraint » à l'offrir à des incompétents pour contenter tel ou tel parti ou simplement pour boucher un trou. Non si Youssef, cette fois-ci le monde de la jeunesse et du sport ne vous pardonnera jamais un autre mauvais choix. Nous sommes totalement en droit d'exiger la nomination d'une vraie compétence à la tête du département en charge du secteur, un homme ou une femme qui connaisse parfaitement le milieu et ses rouages complexes, qui a l'expérience de la gestion administrative et sportive, quelqu'un qui a le rayonnement nécessaire et qui dispose d'une vision pour remettre tout le secteur sur le bon chemin. Les bons profils ne sont certes pas nombreux mais ils existent. Il suffit d'aller les chercher et de les convaincre d'assumer cette très lourde tâche. De grâce monsieur le chef du gouvernement ne nous décevez pas, soyez à notre écoute, nous avons beaucoup souffert et vous êtes notre ultime espoir pour que l'histoire ne soit pas un éternel recommencement. À vous de jouer si Youssef.
*Ancienne internationale basketball, professeur universitaire d'éducation physique et militante active dans la société civile