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Un pacte pour sauver l'économie tunisienne
Publié dans Business News le 07 - 11 - 2019

Depuis la révolution, l'économie tunisienne n'arrive pas à décoller, le pays n'étant pas capable de créer la richesse nécessaire à son développement et au règlement des différentes problématiques et défis. A cet effet, le conseil des Analyses économiques a réfléchi à une solution pour la mise en place de mesures pour la relance économique. Il propose un pacte tripartite liant le gouvernement et les partenaires sociaux UGTT et Utica.

Le constat est sans appel. Depuis la révolution, les gouvernements qui se sont succédé ont été incapables de mettre en place les réformes structurelles qui s'imposaient. Pire, ils ont enfoncé ceux qui leur ont succédé, prenant des engagements, notamment sociaux, que l'Etat était incapable d'honorer. Le hic, c'est que pour y faire face, on a dû augmenter l'imposition, bridant de ce fait la capacité d'investissement et de création d'emploi du secteur privé et la consommation. La pression fiscale est ainsi passée de 20,1% en 2010 à 24,9% en 2019 et on s'attend à ce qu'elle passe à 25,1% en 2020, à la lumière du projet de la Loi de finances proposé.
Il faut dire que depuis 2011, l'UGTT n'a pas cessé de réclamer augmentations, primes et reconnaissance des diplômes, sans création réelle de richesses. Résultat des courses, l'inflation a frôlé les 8% et l'épargne nationale a dégringolé pour un endettement en hausse.
La productivité et le rendement du pays a sensiblement baissé pendant ce laps de temps. La situation est telle qu'au premier trimestre 2019, le Produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté d'à peine 0,1%, par rapport au quatrième trimestre de 2018. Se positionnant loin, très loin des 3,1% sur lesquels tablait le gouvernement pour l'ensemble de 2019.


Pour le conseil des Analyses économiques, la Tunisie a besoin d'un plan de relance. Il en a élaboré un il y a un an, comprenant 100 propositions pour développer l'économie. Mais vu l'ensemble des blocages, il a pensé à un procédé permettant la mise en place effective de ce plan : le "Pacte pour la compétitivité économique et l'équité sociale" signé par 3 parties : le gouvernement, la centrale syndicale l'UGTT et le patronat l'Utica. «L'idée est, qu'au lieu que le gouvernement élabore seul son plan quinquennal, même en concertation avec d'autres parties, un contrat est mis en place. Il s'agit du pacte qui traduit le plan (un contrat global et une vingtaine de contrats sectoriels)», explique Afif Chelbi, le président du conseil.
Et d'expliciter : «Le gouvernement s'engage à promulguer des lois et des mesures, alors que les parties sociales s'engagent dans des objectifs de développement, d'investissement et de paix sociale à travers un nouveau pacte entre l'entreprise et les employés».

Le Pacte pour la compétitivité économique et l'équité sociale est centré sur le secteur industriel. Le Conseil estime que le pays est entré dans un processus de désindustrialisation qu'il faut rapidement stopper.
«Une politique économique "business as usual" ouvrirait la voie au scénario de récession, à la désindustrialisation et à la sortie de la Tunisie du monde de la création de valeur. Le recul de la production industrielle au cours des neufs premiers mois 2019, après une quasi-stagnation du secteur au cours des 8 dernières années corrobore l'éventualité d'un tel scénario», prévient le Conseil.

Les pactes (global et sectoriels) sont élaborés sur la base d'une analyse approfondie de la situation économique et sociale, de l'historique des politiques économiques et des perspectives d'évolution en Tunisie et dans le monde. Ils visent à contractualiser les engagements réciproques en vue d'assurer une mobilisation nationale autour d'objectifs ambitieux et réalistes arrêtés par le scénario de croissance de notre vision de la Tunisie à l'horizon 2025.
Dans ce cadre, l'Etat s'engage sur la mise en œuvre des instruments horizontaux et sectoriels de politique industrielle. En contrepartie, les secteurs s'engagent sur la concrétisation des objectifs 2025 d'investissement, d'exportation, de création d'emplois, de développement technologique et de responsabilité sociale. Il est proposé, en particulier, que la loi de finances triennale 2020-2022 intègre les principales mesures à caractère législatif proposées par ces pactes.


Cinq objectifs principaux ont été fixés pour 2025 et qui sont la finalité de ce pacte : 4,5% de croissance du produit intérieur brut (PIB) contre 2,5% en 2018, des exportations de biens à 90 milliards de dinars contre 41 milliards en 2018, un taux d'investissement public et privé de 24% du PIB contre 19,6 % en 2018, une création annuelle de 84.000 emplois à partir de 2024 contre 27.600 en 2018 et faire partie du Top 50 des classements internationaux Davos et Doing Business.
Afif Chelbi souligne : «Si on veut atteindre 4,5% de croissance en 2025, il faut doubler l'investissement global et tripler l'investissement privé, compte tenu des pressions sur le budget de l'Etat. L'objectif n'est pas trop ambitieux, mais ceci ne peut se faire qu'à travers un choc de confiance pour un retour des investissements, le taux d'investissement étant passé de 24% en 2010 à 19,6% en 2018. Pour ceux qui tablent sur un taux de croissance à 6%, c'est du populisme ! Les 4,5% sont déjà difficiles à réaliser».
Atteindre ces objectifs ne se fera pas par le simple jeu des forces du marché, mais nécessitera un choc de confiance qui ne peut résulter que de la mise en œuvre, par un Etat développementaliste* de politiques volontaristes, en synergie avec les partenaires sociaux.

87 mesures et engagements dont 53 mesures de l'Etat et 34 engagements des partenaires sociaux seront mis en œuvre pour réaliser ces objectifs assignés au Pacte, outre les mesures et engagements sectoriels prévus par les 20 pactes sectoriels. Le coût des mesures demeure dans les limites des contraintes budgétaires, sans compter les effets induits de la relance sur les finances publiques. Il ne s'agit donc pas d'une relance Keynésienne, mais d'interventions ciblées selon des mécanismes bien définis.
Parmi ces mesures figure le relèvement progressif des aides publiques aux PME qui, contrairement à ce qu'avancent plusieurs rapports, ont toujours été très faibles en Tunisie comparativement aux expériences internationales. Les aides financières sont estimées à 333 millions de dinars (MD) en 2018 soit environ 0,3% du PIB pour la Tunisie, elles sont 8 fois moins importantes qu'au Maroc où ces aides sont de l'ordre de 2,5% du PIB. En outre, et depuis la promulgation de la nouvelle loi sur l'investissement (2016), l'essentiel des incitations fiscales a été supprimé (export et dégrèvement des bénéfices réinvestis). Il est prévu de relever ces aides financières à 0,6% du PIB en 2025 et de porter l'ensemble des aides financières et fiscales à 2 % du PIB en 2025 (niveau de 2010) contre 1% environ en 2018.

53 mesures concernent les politiques publiques et couvre les 6 piliers de la compétitivité hors prix. Pour le cadre réglementaire et incitatif, 13 mesures vise l'amélioration du climat des affaires via la digitalisation des procédures et le renforcement des incitations fiscales et financières, qui incluent le dégrèvement des bénéfices réinvestis, la suspension de la TVA et la déduction des droits de douane sur les équipements importés, le Plan Dinar pour redresser la monnaie nationale, l'assouplissement de la réglementation de change... . 11 mesures ambitionnent d'améliorer l'infrastructure tunisienne à travers le développement des pôles de compétitivité et de l'infrastructure portuaire. S'agissant du financement, 8 mesures ont été décidé dont la mise en place d'une ligne de crédit PME de 1 milliard de dinars par an sur 5 ans, bonifiée de 3 points et accompagnée d'un programme de coaching des PME par les banques.
En ce qui concerne l'emploi et la formation, il y a 3 mesures pour assurer l'adéquation entre l'offre et la demande au niveau du marché de l'emploi dont la révision du mode de gouvernance des centres de formation professionnelle dans l'optique d'une gestion en PPP et le développement dans les institutions universitaires des Centres (4 C et Elife) destinés à apporter les formations complémentaires nécessaires à leur adaptation.
Au volet du développement technologique, innovation et promotion internationale, 12 mesures seront entreprises pour mettre les technopôles au centre d'une politique technologique ambitieuse.
En outre, 6 mesures garantiront un meilleur climat social, assurer la sécurité et la santé au travail et promouvoir la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE).

Les partenaires sociaux devront, quant à eux, contribuer à la réalisation des objectifs 2025 assignés au Pacte global et aux 20 pactes sectoriels. Il s'agit notamment de porter la part des investissements privés à 30 milliards de dinars soit 2/3 des investissements totaux contre 9 milliards de dinars en 2018 ; de contribuer à la formation continue en partenariat avec les centres de formation et l'Etat et accompagner le processus de mise à jour des plans de formation ; de contribuer à la campagne internationale de promotion de la Tunisie industrielle et technologique (en particulier, à l'attraction d'un investisseur stratégique par an) ; de réaliser un grand projet à forte employabilité, dans chacune des régions intérieures et augmenter la part des investissements dans les régions de l'intérieur à 50% ; et de promouvoir le dialogue social dans l'optique de garantir un meilleur climat social, diffuser auprès des entreprises des procédures claires et auditables de lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et s'inscrivant dans le cadre de la RSE.

Certaines conditions seront nécessaires pour la réussite de mise en œuvre de ces pactes sur une base participative impliquant l'ensemble des partenaires sociaux.
Le pacte proposé doit faire l'objet d'une gouvernance appropriée dont les grandes lignes seront : la mise en place des instances (comité de gouvernance et comités de projets), la définition des rôles et responsabilités, l'identification de l'ensemble des activités nécessaires à la réalisation du projet, la définition des moyens à mobiliser, l'identification des risques et des moyens d'y remédier, l'élaboration de la stratégie de communication et le suivi périodique de l'avancement.

La Commission de pilotage du Pacte devra être rattachée au Conseil supérieur des secteurs productifs. Cette Commission aura pour mission de garantir la bonne exécution du pacte, d'agir pour lever les obstacles et mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre et également d'assurer une planification stratégique des mesures. Les comités seront rattachés à la Commission de Pilotage du Pacte et d'un Comité qui aura comme mission principale l'élaboration de la stratégie de communication et sa mise en œuvre. Les comités techniques de suivi du Pacte appuyés par des groupes techniques (cadre réglementaire, infrastructure, financement, emploi et formation, Développement Technologique, Innovation et Promotion Internationale) auront pour rôle principal d'assurer un suivi sur terrain des mesures prévues et de reporter au comité de pilotage l'état d'avancement.

L'économie tunisienne fait face à un tournant historique avec des défis majeurs à relever, dans un contexte international présentant des incertitudes, mais également de grandes opportunités. Le pays regorge de potentialités et de compétences, il faut juste les utiliser à bon escient. La Tunisie a fait ses preuves dans des domaines complexes comme les composants automobiles ou l'aéronautique et a démontré son savoir-faire. Idem dans le domaine informatique et de développement ainsi que dans le domaine de la santé. L'Afrique est une super opportunité à saisir.

Imen NOUIRA

*NDLR le développementalisme est une théorie économique selon laquelle le meilleur moyen pour les économies moins développées de se développer consiste à promouvoir un marché intérieur fort et varié et à imposer des droits de douane élevés aux produits importés–,


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