Tunisie – Les avocats refusent la nouvelle loi régissant les divorces et menacent d'user de tous les moyens de protestation    Tunisie – Le Kef : Les fortes précipitations ont provoqué une fissure et un affaissement de la route en dessous de la Kasbah    Tunisie – Le gouvernement engagé à résoudre le problème des projets bloqués ou en retard    Réduction de peine pour Chafik Jarraya : ce que l'on sait    Tunisie – Le pèlerinage de la Ghriba sera limité aux juifs résidents en Tunisie    Back to basics: L'intermédiation en bourse    Carrefour Tunisie, une entreprise tunisienne engagée auprès de tous les Tunisiens et solidaire de la cause palestinienne    Un missile tiré depuis le Yémen s'abat près de l'aéroport Ben-Gourion : Israël en état d'alerte    Mohamed Salah sacré meilleur joueur de Premier League pour la 3e fois    L'indépendance énergétique de la Tunisie en baisse à 39 % à fin mars 2025    Volley-ball : Anouar Taouarghi et Mohamed Jelassi rejoignent le staff technique national    PMN : 113 MD d'investissements validés pour booster l'industrie tunisienne    Ons Jabeur affrontera Jasmine Paolini au 3e tour du Masters 1000 de Rome    Tunisie : décès du député Nabih Thabet    Les enseignants, derniers de la classe salariale du secteur public    Hajj 1446 – Une pèlerine décède en vol vers Médine : elle a été enterrée au cimetière d'Al-Baqi    Décès du député Nabih Thabet, président de la Commission de la santé au Parlement    Déclaration annuelle des impôts : dernier délai le 28 mai prochain    Festival International du Cirque et des arts de la Rue à Tunis et dans dix autres gouvernorats    Tunisair : augmentation du nombre de passagers de 6 %    Corruption financière en Tunisie : le procès d'un homme d'affaires bien connu reporté    9 mai : quand la Russie défile pour impressionner et que l'Occident commémore pour ne pas oublier    Palestine : Des colons armés lâchent leur bétail à Masafer Yatta, au sud d'Hébron    Le député Abdelaziz Chaabani se rétracte sur sa démission    Gouvernorat de Tunis-Fondation Fidaa : distribution de logements sociaux aux ayants droit des martyrs de la révolution    "Tout est prêt pour accueillir les pèlerins tunisiens dans les meilleures conditions", selon le ministère des Affaires religieuses    Finale de la Coupe de Tunisie de volley-ball : billetterie et points de vente    Manchester United et Tottenham qualifiés pour la finale de la Ligue Europa    Vers un nouvel accord social ? Première rencontre UGTT–ministère des Affaires sociales ce vendredi    Maroc – Effondrement mortel à Fès : Un immeuble de 4 étages s'écroule dans la nuit    Réserves en devises : 22908,5 MD couvrant 99 jours d'importation    Djerba : agression d'un bijoutier, la polémique enfle    Météo : Pluies orageuses attendues au nord et au centre-ouest    Kaïs Saïed appelle à une réforme profonde pour instaurer une justice sociale en Tunisie    Divorce devant notaire : Youssef Toumi s'explique sur une réforme controversée    Guerre commerciale : Chute des exportations chinoises vers les Etats-Unis de 17,6 % en avril    Qui est Léon XIV, le premier pape américain de l'histoire ?    Kia Tunis Open : nouvelle édition du 12 au 17 mai 2025    Ons Jabeur se qualifie pour le troisième tour du tournoi de Rome sans jouer    Immigration : l'Allemagne tourne brutalement la page Merkel    L'UA devant la CIJ : la réaffirmation des droits collectifs et individuels des Palestiniens, et donc des obligations d'Israël, est essentielle pour préserver la crédibilité de l'ordre juridique international    Le ministre des Affaires religieuses en visite de travail à Djerba    Abdelaziz Kacem: Il n'y a pas de civilisation judéo-chrétienne    Disney Land bientôt à Abu Dhabi : immersion totale pour les familles du monde arabe    « Le Retour des Phéniciens » : La 2e édition se tiendra dimanche au vieux port de Bizerte    "Les Enfants Rouges" de Lotfi Achour doublement primé au Festival de Malmö en Suède    Fathi Triki présente "Philosopher en terre d'islam" à l'IFT ce jeudi 8 mai    Masters 1000 de Rome : Ons Jabeur espère rééditer son exploit de 2022    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Laissez Adam reposer en paix !
Publié dans Business News le 20 - 11 - 2019

Beaucoup de choses ont été écrites depuis le décès de Adam Boulifa dans des conditions tragiques au Madison. Beaucoup de choses dont beaucoup de bêtises. Il est inutile de revenir sur les circonstances d'un meurtre horrible qui n'aurait jamais dû arriver.

Toutefois, il est important de revenir sur deux phénomènes que cette affaire a mis en lumière. Le premier peut se résumer en une phrase : les daechiens sont parmi nous. La quantité extraordinaire de commentaires qui n'ont exprimé aucune compassion envers la victime et qui se sont évertués à condamner la victime est un signe de déclin et de pauvreté spirituelle. Il faut être empreint d'un vide sidéral pour ne retenir de cette affaire que le fait que Adam soit décédé en ayant de l'alcool dans le sang ou en se focalisant sur le fait qu'il se rend dans un bar avec son père.
Cette absence de sensibilité à la vie humaine, cette promptitude au jugement de valeurs et cette arrogance qui permet de dire ce qui est bien et ce qui est mal font partie des caractéristiques d'un bon intégriste fondamentaliste. Le pire c'est que dans notre génie tunisien, ce sont certains des clients des bars, eux-mêmes, qui se permettent de vomir ce genre de jugements. Dans toute catastrophe de ce genre, un minimum d'élégance impose de respecter le deuil des familles avant de pouvoir donner des leçons, caché derrière un écran. Mais c'est un minimum que l'on ne peut espérer de personnes qui se préoccupent du taux d'alcoolémie d'un gosse de 23 ans mort dans une cage d'ascenseur. Il est inquiétant de voir que cette minorité est bien trop bruyante avec son ton moralisateur à deux balles et ses jugements impitoyables. Ils expriment une croyance fondamentaliste vindicative enfouie derrière plusieurs couches de modernité artificielle, sur un fond d'abyssale ignorance.

Un autre phénomène se produit à chaque crime odieux et à chaque fois que l'opinion publique est choquée par l'horreur : on demande à ce que le moratoire sur la peine de mort soit levé et on réclame son application. Cette revendication surgit à chaque fois que l'opinion publique est bouleversée par un acte cruel et médiatisé. Elle est même relayée et appuyée par de supposés leaders d'opinion qui, finalement, ne disent aux gens que ce qu'ils veulent entendre. Mais est-il juste d'associer au nom de Adam Boulifa d'autres morts encore ? Est-ce que infliger la mort à un être humain de façon légale, ordonnée et organisée peut racheter la mort de Adam ? Est-ce que le meurtre d'un ou deux ou dix coupables peut rendre Adam à sa famille ou réduire la peine de son père et de ses proches ? La réponse est évidemment non.
La société et l'Etat ne doivent pas répondre à l'horreur par l'horreur. La famille et les proches de Adam peuvent éprouver ce besoin de vengeance, mais les structures de l'Etat ne peuvent se permettre un tel sentiment et il ne saurait réagir comme un simple citoyen. Tuer ne réduit pas l'injustice et l‘atténue pas la douleur. Condamner à mort ne baisse pas la criminalité et ne fait pas une société moins violente. Les Américains en savent quelque chose.

« Ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort méconnaissent la vérité humaine. La passion criminelle n'est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d'autres passions ne le sont qui, celles-là, sont nobles ». C'est ce que disait Robert Badinter, avocat et ancien ministre français de la Justice, porteur du combat de l'abolition de la peine de mort en France. Quand on aime à la folie on n'a pas peur de la mort, quand on court défendre sa patrie on n'a pas peur de la mort. De la même façon, bien moins noble, quand on veut tuer, agresser ou tabasser, on n'a pas peur de la mort. La chose est bien trop complexe pour être survolée dans un statut Facebook ou pour être discutée avec du populisme, de l'émotion et de la douleur. La peine de mort est un sujet bien plus grave que ce que peuvent nous dicter nos émotions, et c'est un piège dans lequel la Tunisie est déjà tombée.
Meher Mannaï croupit encore en prison. Il a été condamné à mort avant de voir sa peine ramenée à de la prison à vie alors qu'il est innocent. L'Etat sait qu'il est innocent, la justice sait qu'il est innocent, la police sait qu'il est innocent, et pourtant il est encore en prison. Si la peine de mort était appliquée en Tunisie, l'Etat aurait exécuté un innocent. Pourrions-nous, à ce moment-là, nous regarder dans une glace ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.