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Lina, l'avocate de tous les Tunisiens
Publié dans Business News le 27 - 01 - 2020

La jeune et grande militante Lina Ben Mhenni s'est éteinte aujourd'hui. Paix à ton âme Lina. Nous l'avons vue s'éteindre à petit feu depuis des années, maintenant, il faudra s'habituer à vivre dans un monde dans lequel elle n'est plus. Dans lequel, elle ne brillera plus, dans lequel on ne l'entendra plus hurler, gueuler, dénoncer et se battre jusqu'au bout. Jusqu'à son dernier souffle…

Lina avait été le porte-voix de toute une génération. L'une, du moins, des porte-voix de jeunes désabusés mais optimistes, de jeunes dégoûtés mais pleins d'espoir. Cette jeune fille frêle et fragile mais à la voix si forte et puissante, ne s'est pas arrêtée un instant. Même du fond de sa détresse, malgré sa maladie, et sa santé fragile, elle n'a pas arrêté de se battre pour des idéaux qu'elle jugeait justes, pour que les voix des minorités se fassent entendre, pour que les libertés ne soient plus un luxe, pour que chacun puisse avoir son mot à dire.
Lina a été notre avocate à nous tous et s'est élevée contre les plus petites des injustices aux plus abjects des crimes, dans l'espoir que chaque Tunisien, quel que soit son âge, son origine, sa couleur de peau, sa profession, sa religion, ses orientations sexuelles ou ses appartenances politiques, puisse vivre dans la liberté et l'égalité.

Telle une Maya Jeribi des jeunes générations, Lina Ben Mhenni avait été cette voix imperturbable qui s'est élevée contre l'injustice, le despotisme…et la maladie. Elle était de tous les combats, de toutes les batailles, celles qui la touchent et encore plus celles qui ne la concernent pas.

A 36 ans, Lina Ben Mhenni aura été cette authentique révolutionnaire qui s'est d'abord battue contre le régime totalitaire et despotique de Ben Ali, ensuite contre les politiques liberticides et avides de pouvoir qui se sont succédé.
Elle a été l'inspiration de toute une génération et a permis de délier la voix de nombreux jeunes aujourd'hui. Celle qui se présentait comme « une survivante » et comme « une épine dans la gorge de chaque despote », a eu droit à un dernier hommage, 15 jours à peine avant son décès, où elle a écrit : « Nous avons tous besoin des uns et des autres et surtout car notre pays a toujours besoin d'amour et de travail et je pense que nous en avons beaucoup pour notre belle Tunisie ».

La transition politique de ces dernières années, poussée par les jeunes et rêvée par les jeunes, a propulsé sur le devant de la scène des icônes telles que Lina Ben Mhenni qui se battent pour des idéaux qui ne sont pas seulement les leurs mais qui sont partagés par une frange de la société qui rêve d'un avenir meilleur. La jeunesse tunisienne rêve de voir des politiques plus proches d'eux, des dirigeants qui leur ressemblent, d'être compris et écoutés et non représentés par les mêmes personnes, vieilles et dépoussiérées, qui s'entêtent depuis des années à répéter de vieilles formules qui ne fonctionnent pas.

« Jeunesse, lève-toi ; comme un éclat de rire vient consoler tristesse ; comme un souffle avenir vient raviver les braises ; comme un parfum de souffre qui fait naître la flamme ; quand plongé dans le gouffre on sait plus où est l'âme », chantait Saez dans son hymne à la jeunesse, engagée et révoltée. Cette jeunesse qui aspire à un changement des mentalités, à une vie plus digne, à plus de représentativité et de pouvoir et à être enfin respectée et écoutée.

« Nous sommes un peuple qui n'apprend pas de son passé et qui n'apprend pas les leçons d'histoire. Nous sommes un peuple à la mémoire courte ou, laissez-moi dire, qui n'a pas de mémoire », a écrit Lina, hier, au sujet des élucubrations qui ont lieu dans l'enceinte du Parlement. Elle y dénonce les double-discours, ceux qui font du beurre sur le dos de la révolution mais refusent de rendre hommage à ses victimes, ceux qui dénoncent la violence mais y recourent et tous ceux qui se prétendent démocrates, modernistes et révolutionnaires mais font tout le contraire.

Lina s'est aussi battue pour une prise de conscience d'un combat qui est le sien, celui des malades atteints de maladie auto-immune. Ces incompris qui, aux yeux des autres, « ont l'air d'aller bien », « sont rayonnants » ou « arrivent à avoir un soupçon de vie normale » et qui mènent, au quotidien, un combat de tous les instants pour survivre.
Dans un message massivement partagé sur la toile, ses parents, mais aussi plusieurs acteurs de la société civile et personnalités nationales, ont appelé à l'organisation, demain, de funérailles nationales populaires pour rendre un dernier hommage à la militante qui vient de s'éteindre, et qui réuniront tous les démocrates et les progressistes de Tunisie et de l'étranger.

Tout comme nous avons perdu Maya Jerbi en 2018, la Tunisie dit adieu aujourd'hui à une autre de ses icônes qui rejoindra les militants qui se sont battus pour une Tunisie meilleure. Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Salah Zeghidi, Sophia Baraket, Ahmed Brahim, tous sont partis trop tôt.

Paix à ton âme Lina, repose en paix. Nous ne t'oublierons jamais. La lutte continuera…


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