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Quelques pistes de réflexion sur la stratégie de relance économique post Covid-19
Publié dans Business News le 03 - 05 - 2020

Le Covid-19 impactera négativement toutes les économies. A travers le monde, les autorités budgétaires et monétaires s'engagent dans des politiques de soutien aux économies. La Tunisie n'est pas exclue, elle est touchée par cette pandémie. Toutefois, la principale question posée est de savoir les nouvelles orientations qu'il faudra adopter à ces politiques économiques, une fois la pandémie maitrisée et que les mesures sanitaires seront levées.
L'objectif de cette note est d'offrir des pistes de réflexion quant aux axes prioritaires qu'il faudrait identifier dès aujourd'hui pour relancer l'économie tunisienne et éviter une récession longue et sévère. En effet, le gouvernement tunisien doit préparer une politique de relance ayant pour objectif le redémarrage de l'économie pour atteindre plus de croissance et moins de chômage et de pauvreté.

1. I. Les préalables à la réussite d'un plan de relance

La réussite d'un plan de relance est tributaire de deux conditions majeures : En premier lieu, il est recommandé de rétablir la confiance entre le gouvernement, les citoyens et les partenaires sociaux. Cette confiance renforce la crédibilité et l'efficacité des politiques économiques. Dans ce cadre, le gouvernement devra entreprendre les actions suivantes :
* Instaurer la bonne gouvernance (application de la loi à tous, plus de transparence, combattre la contrebande, éliminer les privilèges, garantir le bon fonctionnement de la justice et la lutte anti-corruption etc.) ;
* assurer la coordination entre les politiques macroéconomiques ;
* adopter une vision et une stratégie en fixant des objectifs clairs ;
* préparer une mise en œuvre du plan d'une manière efficace et rapide

En second lieu, il est primordial d'exercer un leadership efficace, fédérer les énergies de toutes les forces vives du pays et s'ouvrir aux nouvelles idées.

1. II. Les défis de l'économie tunisienne
La Tunisie trouve des difficultés à décoller économiquement. Le taux de croissance économique reste faible, le taux de chômage s'est aggravé et les déséquilibres macroéconomiques se sont empirés.
Cette faible performance s'explique essentiellement par :
* Un environnement réglementaire excessif qui bloque les mécanismes des marchés ;
* une concurrence faible;
* une bureaucratie lourde ;
* un comportement de recherche de rentes ;
* une formation de groupes d'intérêt ;
* une qualité de services médiocre ;
* une productivité des entreprises faible ;
* un marché du travail rigide qui décourage l'embauche et la mobilité du travail ;
* une politique industrielle qui encourage des activités à faible valeur ajoutée ;
* une politique monétaire non favorable à l'investissement;
* une politique budgétaire qui favorise la consommation ;
* un investissement faible et de mauvaise qualité.

En plus de ces dysfonctionnements, l'instabilité politique et sociale, la contrebande, l'environnement géopolitique défavorable, le terrorisme et récemment le covid-19, viennent amplifier le bilan économique négatif.
L'ampleur des défis économiques, nous contraint à mobiliser tous les leviers d'action pour réaliser un palier de croissance plus important avec la création d'emploi décent et moins de pauvreté. Toutes les politiques macroéconomiques, les stratégies sectorielles et la politique territoriale doivent converger vers la réalisation de cet objectif.

1. III. Proposition d'une stratégie de relance économique

La relance économique pourrait se faire par la demande et/ou par l'offre. La relance par la demande consiste à ce que les politiques budgétaire et monétaire agissent sur le niveau de la demande globale. Une politique budgétaire qui augmente les dépenses publiques déclenche un processus cumulatif d'augmentation des revenus, de la demande et de la production. Une politique monétaire expansionniste stimule l'investissement et la croissance. L'efficacité de cette politique dépend de l'ampleur de l'élasticité de l'offre par rapport à la demande. Si l'offre est peu élastique, cette politique conduit à une hausse des prix sans augmentation de la production. Dans ce contexte, il est recommandé de mener une politique de relance par d'offre. Il s'agit d'aider directement les entreprises à réduire leurs coûts de production, à améliorer leur compétitivité et à augmenter leur investissement. Pour le cas de la Tunisie, il est recommandé de mener une stratégie basée simultanément sur des politiques de relance par la demande et par l'offre. La relance par l'offre redémarre la production des entreprises suite au choc de production lié au covid-19 et la relance par la demande finance les dépenses urgentes liées à la santé publique et les projets d'infrastructure.
1. 1. La relance par la demande : Le rôle des politiques budgétaire et monétaire

La relance par la demande à travers la politique budgétaire consiste à augmenter les dépenses publiques productives pour permettre à l'économie de redémarrer. Ces dépenses augmentent le déficit budgétaire dans un premier temps, mais elles entraînent une augmentation des facteurs de production (travail, capital, matériaux) diminuant le chômage, augmentant le pouvoir d'achat et ainsi entrainant un effet multiplicateur dans tous les secteurs d'activité. Cette politique doit être accompagnée par une politique commerciale qui diminue les importations des biens surtout de consommation conjuguée par une politique qui réduit la contrebande dans le but de gagner en efficacité et éviter les fuites.

Parmi les actions à entreprendre on cite :
* Les actions les plus urgentes se résument en l'amélioration de la capacité des hôpitaux en équipements, de protéger les familles nécessiteuses. Aussi au niveau du tissus économique, il faudrait garantir la survie des entreprises en difficulté et de préparer le ciblage des bénéficiaires des subventions à travers l'identifiant unique.
* Pour améliorer le climat des affaires, il est important d'améliorer la productivité et la performance des services logistiques et portuaires existants, de développer la numérisation des procédures administratives (commerce national et international) et le télétravail. Un plan de restructuration des entreprises publiques est nécessaire (nouvelle gouvernance, business plan etc.) ainsi qu'une politique d'organisation des circuits de distribution en luttant contre la contrebande surtout des produits alimentaires subventionnés.
* Il est important aussi d'établir des politiques sectorielles pour sauver les secteurs les plus sinistrés notamment le tourisme (encourager le tourisme local et alternatif). Le secteur agricole doit faire l'objet d'un suivi particulier pour sauver les récoltes et les différentes filières de produits dans l'objectif d'alimenter le marché en produits locaux de qualité et à bas prix et d'exporter.
o A court et moyen termes, il est fortement recommandé de stimuler les investissements dans les infrastructures. Les projets d'infrastructure à grande échelle dans chaque région aideront de nombreuses entreprises opérant dans les différents secteurs à reprendre rapidement leurs activités, créer des emplois et stimuler la croissance économique, ajoutant que cela peut également aider à restaurer la vitalité économique des régions. En plus de ces investissements dans le développement des catégories d'infrastructures traditionnelles (routes, autoroutes, réseau ferroviaire etc.), on ajoute des investissements aux services de santé publique, à l'éducation, aux réseaux 5G et aux technologies de pointe. Les ministères concernés sont appelés à coordonner ensemble dans toutes les étapes de réalisation de ces projets ainsi que la mise en place d'un système d'évaluation et de suivi. En effet, la réactivation des unités d'évaluation et de suivi des projets au sein de chaque ministère et de la présidence du gouvernement est nécessaire pour garantir la meilleure gestion des investissements publics. La plateforme « TARTIB » lancée en décembre 2018 doit être renforcée.

* Investir dans la transition énergétique afin d'aboutir à 100% d'énergie renouvelable en 2050. Ce plan stratégique s'accompagne par des objectifs intermédiaires à identifier.

* Le démarrage des grands projets dans le cadre du Partenariat public-privé (PPP) dans chaque région.

La relance de la demande à travers la politique monétaire consiste à baisser les taux d'intérêt pour favoriser la demande de crédit par les ménages et les entreprises, ce qui favorise une hausse de la demande et de l'activité économique. Pour répondre à la crise financière de 2008, les banques centrales des pays avancés (FED, BCE, BOJ etc.) ont abaissé les taux d'intérêt jusqu'à un niveau proche de zéro et, afin d'injecter de la liquidité, ont débuté à acheter des actifs à des institutions financières non bancaires.
Aujourd'hui, cette politique n'est plus adaptée. Pour remédier à la crise de covid-19, ces banques centrales envisagent d'autres mesures non conventionnelles, comme la monnaie hélicoptère qui consiste à ce que les banques centrales distribuent de l'argent « libre » à tous les agents, afin que ces derniers consomment et investissent et relancent ainsi l'économie.

1. 2. La relance par l'offre

Le choc lié au covid-19 a affecté l'offre du fait que plusieurs entreprises se sont soudainement arrêtées à produire et trouvent des difficultés à redémarrer. Le problème ne vient pas dans ce cas de la demande, mais plutôt de l'offre, il s'agit bel et bien d'une crise de production. Dans ce contexte, la relance par l'offre est plus efficace comme l'a affirmé l'économiste Kenneth Rogoff, ancien chef économiste au FMI et actuel professeur à Harvard[1]. En outre, l'ampleur de la dette publique et des déficits budgétaires donnent des arguments au gouvernement tunisien pour adopter des politiques plutôt de relance par l'offre que par la demande.

Les firmes tunisiennes opérant dans le secteur formel sont soumises à plusieurs contraintes comparant aux pays concurrents. La relance par l'offre consiste à aider les entreprises par :
* Des allègements de charges et des subventions accordées à des niches d'activités ciblées ;
* des facilités non monétaires, comme la simplification des procédures administratives, la suppression des normes qui handicapent la production et l'assouplissement du code du travail ;
o de la réduction de la taille du secteur informel dans l'objectif d'augmenter la production formelle et les recettes fiscales de l'Etat. Il serait ainsi primordial de mettre en œuvre un processus de formalisation de ce secteur et de changer le commerce informel vers la formelle. Dans ce contexte, il est proposé de créer des espaces économiques internationaux au voisinage des frontières.

Les pays européens ont adopté une politique "open bar" permettant aux entreprises d'envoyer leurs besoins en fonds au gouvernement. Cette politique consiste à payer les salaires des employés en chômage, suspendre les charges sociales et fiscales des entreprises, et garantit à 90% les crédits de trésorerie.

La mondialisation a fragmenté la production à travers des chaines de valeurs au niveau international. La Tunisie a relativement profité de cette fragmentation en attirant des IDE dans des activités de sous-traitance. Aujourd'hui, on assiste à des bouleversements à l'échelle mondiale qui va remettre en question la mondialisation sous sa forme actuelle. Ce constat nous amène à réfléchir sur la question de la résilience de notre modèle de développement et comment se préparer à la nouvelle mondialisation après covid-19. La Chine, considérée comme « l'Usine du Monde », va -t-elle maintenir sa position après covid-19 ? Est-ce qu'on va assister à la régionalisation de la mondialisation et la protection au sein de chaque bloc de pays ? Où se trouve la Tunisie dans cette mutation et ce bouleversement ? Y-a-t-il de nouvelles opportunités à saisir ?

*Ghazi Boulila : Professeur des universités

[1] Voir « une crise de l'offre, et non pas de la demande, comme en 2008 », https://www.franceculture.fr/economie/une-crise-de-loffre-et-non-pas-de-la-demande-comme-en-2008


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