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L'urgence énergétique, une bataille majeure pour la Tunisie
Publié dans Business News le 16 - 05 - 2020

La Transition énergétique n'est pas un luxe de développement pour la Tunisie. Il s'agit d'une bataille pour la survie de la Nation. Depuis 2007, les Tunisiens ne cessent de croitre en nombre, avec une croissance annuelle moyenne de 1% pour faire un peu plus d'un million de nouveaux Tunisiens entre 2010 et 2019. Selon des scénarios de croissance établis par des centres de recherches et des organismes internationaux (OCDE, IIASA, PIK, etc.), la population tunisienne serait entre 13 et 14 millions d'habitants en 2050. L'installation totale d'énergie en Tunisie est à environ 5,800 MW, dont 97% provient de l'énergie fossile, avec une croissance annuelle de la demande entre 2 et 5 (%) compte tenu de la dynamique démographique actuelle. Le modèle de développement actuel mènerait à l'insécurité énergétique, à un déséquilibre structurel de la balance commerciale, et à des effets économiques pires que ceux du Covid-19.

Energie fossile et défis climatiques :
Selon un rapport de l'IPCC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le réchauffement climatique induit une hausse mondiale de température de 0.15°C en moyenne par décennie depuis 1970. La Tunisie, quant à elle, observe une hausse d'environ 3 fois supérieure à la moyenne (0.5°C) par décennie depuis 1970. Les prévisions climatiques prévoient un scénario ‘catastrophe' pour notre pays, où à l'horizon 2100 les températures seraient supérieures de 4 à 7 °C par rapport à celles d'aujourd'hui. C'est un bilan alarmant qui s'accompagnerait par des baisses annuelles de précipitations entre 10 et 40 (%), avec 10 à 30 (%) de moins durant la saison pluvieuse (Octobre - Avril). Tout ceci mènerait à de longues périodes de sècheresses, à des pénuries d'eau, à des crises sociales, voir à de l'insécurité alimentaire.

Trois conséquences majeures découlent de ce constat qu'on vit déjà aujourd'hui. Les deux premiers constats découlent de la rareté de l'eau qui touchera la consommation quotidienne des ménages pour usage privé et qui affaiblira l'agriculture et augmentera la dépendance du pays aux fournisseurs étrangers pour se nourrir. L'agriculture en Tunisie ainsi que dans la région MENA (Afrique du nord et Moyen-Orient) est identifiée comme le secteur le plus vulnérable aux changements climatiques. Premièrement, 80% de l'agriculture tunisienne dépend de la pluie. Deuxièmement, l'agriculture consomme à elle seule 80% des ressources en eau disponibles actuellement. Ainsi, la rareté de l'eau et les baisses annuelles de précipitations mèneront à l'affaiblissement de l'agriculture tunisienne. Une solution, voir l'unique selon les développements technologiques actuels, c'est la désalinisation de l'eau de mer. Ce procédé, qui a ses limites surtout environnementales, représente la seule porte de sortie de crise pour la Tunisie. L'implémentation de telles centrales est d'une urgence sans précèdent. Toutefois, ce procédé est tellement énergivore, qu'il sera impossible pour les consommateurs tunisiens de soutenir la production sous un modèle de développement basé sur l'énergie fossile.

La troisième conséquence est la chaleur suffocante qui induira une demande exponentielle de l'air conditionné. Des recherches empiriques ont démontré que la chaleur réduirait la productivité. Ainsi, pour différentes tâches intellectuelles, la productivité décroit par 2% pour 1°C additionnel au-delà de 25°C. Par conséquent, la demande en air conditionné dans un contexte de température moyenne supérieure de 4 à 7 °C qu'à celle d'aujourd'hui, est vitale pour l'appareil économique de la Tunisie.
Sur le ‘moyen-terme' (jusqu'à 2050), l'Etat sera incapable de soutenir les dépenses énergétiques. L'appareil économique sera dépendant de l'étranger et des pays exportateurs de l'énergie fossile. Le budget de l'Etat sera de plus en plus vulnérable aux fluctuations des matières premières fossiles. La Tunisie serait vulnérable aux guerres commerciales et aux calculs géopolitiques qui dépassent ses moyens. Sur le ‘long-terme' (2100), l'énergie fossile se ferait rare, les pays les plus développés passeront à l'énergie verte renouvelable (ER), et le marché des énergies fossiles sera de plus en plus cher surtout avec l'introduction de la taxe carbone.

Une possible transition énergétique 100% renouvelable à l'horizon 2030 :
En 2016, la Tunisie, avec 47 autre pays, s'engage au cours du forum des pays vulnérables au changement climatique (CVF, Climate Vulnerable Forum) d'aboutir à une transition énergétique 100% renouvelable en 2050. Ce plan stratégique s'accompagne par des objectifs intermédiaires de 12% et de 30% d'ER en 2020 et 2030 (1500 MW solaire, 1700 MW éolienne, 500 MW solaire thermodynamique et 300 MW biomasse). La Tunisie avait prévu en 2020 des installations en ER d'environ 1900 MW (reportée à 2022). Actuellement, on est à environ 350 MW d'ER ce qui montre une politique de transition très en retard par rapport à ses promesses.
Une équipe de recherche finlandaise a émis des scénarios pour démontrer la faisabilité d'une transition énergétique 100% renouvelable en Tunisie (et dans la région MENA en général) à l'horizon 2030. Ainsi le coût actualisé de l'énergie varierait entre 40.3 et 52.8 €/MWh. Le scénario le moins cher correspondant à une collaboration technologique dans la région MENA. Quant au deuxième scénario, il suppose l'absence de collaboration régionale. Avec des prévisions allant jusqu'à 2100, la transition ER réduirait les coûts de l'énergie de 55 à 69% comparant au modèle de production actuel. Le coût de l'eau par un procédé de désalinisation alimenté par de l'ER s'élèverait ainsi à 1.4 €/m³.
Aujourd'hui c'est l'urgence, et le débat publique devrait s'orienter vers les questions de développement, au lieu des tiraillements politiques, entre un président qui cherche à changer le régime politique, sans dire comment, et un Parlement qui cherche à déstabiliser le gouvernement.


* Dr. Hazem Krichene, Chercheur - Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique


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