Plus de soixante partis politiques ont obtenu leur visa. Plus de soixante dix candidats à un média, tous genres confondus, attendent leur licence. Cette diversité, ce pluralisme sont-ils bénéfiques ? Ne donnent-ils pas lieu à des clivages, à des divisions, à des déchirements, à des arrière-pensées et à des calculs politiciens ? Plusieurs au départ, mais combien à l'arrivée ? Il est certain que seuls émergeront les organismes les plus dynamiques, les plus honnêtes, les mieux structurés et surtout les plus dévoués à la cause de la Tunisie. Dans ce chantier ouvert qu'est devenue la Tunisie, il est cependant utile de clarifier certaines notions, de dépoussiérer des concepts. La démocratie et la liberté desquelles tout un chacun se réclame constituent des exemples types. Elles sont interprétées de multiples façons. Elles nécessitent à elles seules un lexique très fourni. La question qui se pose avec insistance est comment entamer le processus démocratique ? La Tunisie possède-t-elle un niveau de développement tel qu'elle se permet des grèves, des sit-in, légitimes du reste ? Supporte-t-elle des paralysies que l'on voit souvent dans les routes, les régions ? En l'absence d'une sécurité totale est-il possible de se développer économiquement et socialement ? Ce sont ces questions, parmi plusieurs autres, auxquelles les partis politiques et les médias sont tenus d'apporter des réponses convaincantes. En définitive, tout se tient. Les éléments constitutifs s'imbriquent les uns dans les autres. La construction, qui doit se faire pierre par pierre, implique unité et solidité. A défaut de cette condition, la maison s'écroule. Il en est ainsi de l'édifice social. La solidarité constitue la condition sine qua non du succès de n'importe quel projet, de n'importe quelle entreprise. Les exemples ne manquent pas. En l'absence de liberté d'expression, peut-on prétendre à une presse de qualité ? Si les médias ne se présentent pas en rangs serrés, comment peuvent-ils faire face aux défis de l'heure ? M. BEDDA