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« Le nouveau Conseil doit être fort, uni et homogène » Corps des métiers - Ce dimanche, élections chez les avocats - Me Rym Chebbi, candidate au Conseil de l'Ordre
Nous sommes à la veille des élections du nouveau Conseil de l'Ordre des avocats qui auront lieu le 1er juillet prochain. Des élections tant attendues par le corps des avocats qui est actuellement en train de vivre une situation qualifiée de crise par nombreux d'entre eux. D'importants projets en instance attendent une concrétisation et une entrée en application. Dix avocats sont candidats au bâtonnat et 34 au Conseil de l'Ordre. Nous avons déjà publié sur les colonnes de notre journal une série d'interviews pour certains de ces candidats. Notre invitée d'aujourd'hui est Me Rym Chebbi, avocate à la Cour de cassation et candidate pour la première fois au Conseil de l'Ordre. Fille d'un ex-bâtonnier, Me Lazhar Karoui, elle est titulaire d'une maîtrise en droit et d'un DEA en droit des affaires. Entrée à la profession en juin 1994 suite à son admission au CAPA, elle est actuellement membre de la section des avocats de Tunis. Interview.
Le Temps : Comme nous le savons tous, la situation actuelle des avocats est jugée en crise. Quelles sont les causes, d'après-vous ?
Me Rym Chebbi : Les causes sont multiples. A mon avis, le premier facteur est la volonté de politisation de la profession. Le deuxième est la détérioration des valeurs éthiques notamment à cause de l'augmentation continue du nombre d'avocats ce qui n'a pas été accompagné par un élargissement de notre champ d'action. Il y a aussi le problème de manque d'encadrement des avocats dont nombreux s'inscrivent au barreau et prêtent serment sans veiller à faire un stage sérieux. Tous ces problèmes ainsi que d'autres ont provoqué cette situation de crise et ont fait que le provisoire dure.
Quels sont d'après-vous les remèdes ? D'abord, il faut que les avocats professionnels se mobilisent très sérieusement pour ces prochaines élections en vue de choisir des avocats qui soient vraiment représentatifs de la profession. En d'autres termes, il faut qu'ils se libèrent de tout préjugé et qu'ils sachent choisir aussi bien le bâtonnier que les membres du Conseil. On doit choisir des candidats professionnels, indépendants, honnêtes et ayant uniquement comme but l'intérêt de la profession.
Concrètement, qu'est-ce vous proposez comme programme pour le prochain mandat ? Personnellement, je n'ai pas un programme bien précis. Je considère que tout candidat au Conseil ne peut avoir un programme proprement dit. Il ne peut que participer à la prise de décision. C'est uniquement les candidats au bâtonnat qui ont des programmes bien déterminés. Toutefois, si j'aurais la confiance de mes confrères et de mes consœurs, je m'engagerai à participer au sein du Conseil, à prendre toutes les décisions qui soient dans l'intérêt de la profession et qui pourront améliorer la situation des avocats. Et je ferai de sorte que tous les problèmes majeurs dont souffre notre corps aujourd'hui soient résolus à savoir, la couverture sociale, l'élargissement du champ d'action, la non politisation de la profession et bien entendu veiller à ce que notre métier retrouve sa vraie place dans la société et retrouve aussi sa noblesse et sa suprématie.
Quel profil voyez-vous pour le bâtonnier ? Le bâtonnier doit être indépendant et je dis bien indépendant. Qui sache faire prévaloir l'intérêt de la profession sur tout autre intérêt. Le bâtonnier doit être professionnel, sage, intègre, honnête et équilibré pour qu'il sache prendre les décisions qu'il faut et quand il le faut. Et bien entendu, il doit avoir un parcours prouvant une expérience et une certaine ancienneté dans les structures de la profession. Il est aussi important qu'il soit capable d'instaurer un débat sérieux et responsable avec le pouvoir.
Est-ce que ces qualités existent dans l'un des dix candidats au bâtonnat ? Certaines qualités existent chez certains candidats. Mais toutes ces qualités réunies, à mon avis, existent au moins chez un de ces candidats, si ce n'est pas plus.
Qu'est-ce qui a empêché le Conseil sortant d'améliorer la situation ? La situation n'a pas évolué. Je n'aime pas juger les autres. Je présume que tout un chacun qui se présente pour être membre du Conseil, est de bonne foi. Seulement, je considère que ce sont principalement les circonstances qui ont empêché la situation d'évoluer et c'est pour cette raison que le Conseil sortant n'a pas pu parvenir à résoudre les problèmes classiques sus-cités.
Pourquoi le règlement intérieur proposé lors de l'assemblée générale extraordinaire de février dernier a-t-il été rejeté ? Il est vrai que le règlement intérieur est une urgence. Ce n'est pas du tout normal que nous continuons à travailler avec un règlement intérieur datant des années soixante alors que nous sommes en 2007, à l'ère de la mondialisation et du numérique. Un nouveau règlement intérieur doit être établi en vue de déterminer certaines règles d'éthique tout en tenant compte des évolutions actuelles. En ce qui concerne le rejet du règlement intérieur proposé en février dernier, je pense que beaucoup de gens ne voulaient pas que ce règlement soit approuvé au cours de ce mandat. Et c'est ça la politisation de la profession. On mélange les choses. Chacun a le droit d'avoir une appartenance politique, toutefois ce que je n'apprécie pas c'est que certains avocats n'arrivent pas à dissocier l'intérêt de la profession et celui de leurs choix personnels. Ils doivent savoir être libre et voter pour des professionnels et indépendants.
Si ce même règlement serait proposé ultérieurement serait-il approuvé ? Oui. C'est très probable.
Qu'attendez-vous du nouveau Conseil ? Le nouveau Conseil devra être conscient de l'état actuel des choses. Il doit être fort, uni, homogène avec un bâtonnier qui sache le chapeauter comme il faut. Le tout dans un seul intérêt : sortir la profession de ce fossé et résoudre les problèmes actuels.
Etes-vous optimiste pour la période à venir ? Je l'espère. L'avocatie est une profession très généreuse qui mérite d'être revalorisée. Toutes les instances et les structures doivent lui donner toute l'attention qu'il faut. Interview réalisée par Afef BEN ABDELJELIL