La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, a accepté le décret-loi permettant aux observateurs étrangers d'observer les élections de la Constituante. « Les prochaines élections de la Constituante s'effectueront sous contrôle exclusif des Tunisiens en présence d'observateurs tunisiens et internationaux », a indiqué Ghazi Ghrairi, porte-parole de la Haute instance, lors du colloque sur le rôle des observateurs internationaux pour des élections transparentes. La manifestation a été organisée par le Centre des études méditerranéennes et internationales (CEMI) en collaboration avec la Fondation Konrad-Adenauer-Stiftung. Plusieurs questions se posent. En dépit de leur présence durant les élections précédentes, les observateurs n'ont pas empêché les élections d'être truquées. Après leur passé noir en Tunisie, peut-on encore leur faire confiance? Faut-il vraiment avoir peur des observateurs étrangers? La crainte est–elle justifiée? Pourquoi ne pas former des observateurs tunisiens pour cette mission historique ? Les observateurs internationaux ne vont pas venir pour se balader et admirer notre pays, c'est un travail sur terrain en compagnie de contrôleurs tunisiens. Un appel à candidature pour l'accréditation de contrôleurs et d'observateurs nationaux et internationaux a été lancé par la Haute instance indépendante pour les élections, qui supervisera toute l'opération électorale. Les observateurs seront recrutés par l'Instance. « Parmi les candidatures proposées, des associations qui s'intéressent à la citoyenneté et aux élections. Les candidats doivent avoir l'expertise requise ou appartenir à des organismes qui ont déjà vécu cette expérience », a précisé G. Gherairi, citant les dispositions énoncées par le décret-loi électoral. Il ne s'agit nullement « d'un recrutement intempestif ou d'un clientélisme international », a-t-il affirmé. Il a relevé plusieurs candidats tunisiens et étrangers, répondant à des critères bien définis, ont demandé à participer au processus de contrôle et d'observation des élections. Une observation internationale sérieuse et professionnelle peut contribuer à maintenir l'intégrité du processus électoral de plusieurs façons. Premièrement, par la dissémination de bonnes pratiques. Les administrateurs électoraux, les politiciens et les observateurs nationaux peuvent apprendre à mieux connaître les normes internationales pour la tenue d'élections libres et équitables en coopérant avec les observateurs étrangers et en étudiant leurs rapports. Les missions d'observation électorale fournissent aux administrateurs électoraux l'occasion d'échanger des connaissances professionnelles avec d'autres experts, en particulier sur les mécanismes d'intégrité utilisés sous d'autres régimes. Deuxièmement, par la prévention des problèmes d'intégrité. La présence d'observateurs internationaux qui surveillent le processus électoral peut décourager ceux qui ont l'intention de manipuler ou de perturber le processus. Il existe une perception publique dans la plupart des pays que les observateurs internationaux peuvent déceler la fraude le jour de l'élection. Ils permettent, en outre, la consolidation d'un processus fragile. Dans les situations conflictuelles ou dans les pays en voie de transition, la présence d'observateurs internationaux peut, jusqu'à un certain point, décourager le recours à la violence et à l'intimidation. Leur présence continue rassure les candidats, les surveillants et les électeurs qu'ils peuvent participer en toute sécurité. Elle peut aussi convaincre les politiciens de l'opposition qu'il est préférable de faire concurrence aux élections que de s'engager dans des actes de désobéissance ou de violence.