M. Cyril Grislain Karray, consultant international et ancien directeur-associé de McKinsey & Company, était l'invité d'honneur d'un cocktail débat, organisé vendredi 15 juillet 2011, par le CJD en collaboration avec la Fondation Konrad-Adenauer. « Vision stratégique sur l'économie tunisienne Post-révolution », tel est le thème de la rencontre .Elle constitue une occasion pour réfléchir sur l'avenir de l'économie du pays. M. Karray a dirigé en 2009, une étude portant sur l'état des lieux en Tunisie. Grâce à cette enquête, il a pu constater la gravité de la situation des chômeurs dans le pays. «A l'époque, on avait recensé 500 000 chômeurs, ça m'a beaucoup inquiété. On fabriquait des diplômes pour le chômage », a-t-il affirmé. Après son passage bref dans le gouvernement transitoire en tant que conseiller, Cyril a décidé d'écrire un livre intitulé « La Prochaine Guerre en Tunisie – La Victoire en 5 batailles. D'après lui, c'est un livre qui secoue très fort, mais pour la bonne cause. Fort de ses 12 ans d'expérience au Brésil, Cyril tente dans ce livre d'apporter des solutions à un très grand problème : deux millions de chômeurs et d'exclus en Tunisie dans cinq ans. Cyril est convaincu que la Tunisie ose devenir la Suisse de la Méditerranée et le Singapour de l'Afrique à condition que nous transformions le « je voudrais bien » en « je peux ». D'après lui, c'est une vraie guerre. C'est ainsi qu'il faut l'entendre, une guerre avec ses plans, ses camps, ses bruits, ses nerfs, ses sacrifices et ses adversaires. La première bataille porte sur l économie. Selon Cyril, il est impératif de révolutionner l'économie pour créer 500 mille emplois : « Pas de restructuration ou de mise à niveau ! L'économie tunisienne a besoin d'une vraie révolution ». La deuxième bataille est « un diplôme est bon, un emploi est meilleur ». Le système d'enseignement est totalement déconnecté du marché de l'emploi. En effet, il sort chaque année plus que la moitié de chômeurs : « À mon avis, il est nécessaire de révolutionner le système, le réformer pour produire une jeunesse apte de s'intégrer facilement dans le marché de l'emploi ». D'après M. Karray, ces deux batailles coûtent beaucoup d'argent donc il faut redistribuer les richesses courageusement et inciter à l'investissement pour réaliser les restructurations. La quatrième bataille concerne les femmes. Pour Cyril, elles doivent constituer le leadership de la transformation : « Nos femmes représentent le grand trésor du pays. On peut former un pays guidé par une présidente tel qu'au Brésil, en Islande ou au Pakistan à condition d'enlever les textes d'inégalité entre hommes et femmes ». La Révolution est une guerre socio-économique, la première du genre en Tunisie et dans le monde : « Nous sommes appelés à augmenter notre capacité de leadership pour que les institutions puissent faire face à deux millions de Tunisiens qui sont en dehors du pays. C'est ma cinquième bataille le leadership et les institutions ». Pour Cyril, la situation actuelle dépend de moins d'Etat, moins de direction, plus de décentralisation régionale. S'ajoutent à cela un régime présidentiel tel que le régime américain pour que l'élite de la Tunisie soit au même niveau que d'autres pays à savoir la Corée, le Brésil, le Chili, le Qatar.