Par Mahmoud LARNAOUT Je viens de lire l'opuscule «La prochaine guerre en Tunisie» «La victoire en cinq batailles» (Cérès Edition), écrit par Monsieur Cyril Grislain Karray (ex-directeur associé du fameux cabinet international d'études et conseil Mckinsey et Company) qui se révèle être un fin stratège doublé d'un visionnaire enthousiaste. Ainsi la prospective qu'il propose à la Tunisie est, ni plus ni moins, une guerre structurelle, économique, sociale et sociétale dans les dix prochaines années, pour mettre le pays, une fois pour toutes, sur la rampe de lancement du développement global et mondial qui ne peut s'inscrire que dans la modernité et dans la mondialisation. Son ouvrage, qui présente beaucoup d'intérêts, est facile à lire et accessible même à l'autodidacte que je suis, n'eussent été les quelques termes techniques anglo-saxons et barbares. Son état des lieux et son analyse de la situation sont opportunes et ses préconisations sont originales et touchent à l'ensemble des secteurs. L'auteur commence en avant-propos par une déclaration de guerre fondée sur des constats qui, s'ils se révèlent exacts, seraient très alarmants et leur remède devrait s'appliquer au plus vite. Puis Monsieur Cyril Grislain Karray égrène les cinq batailles que nous nous devons de gagner car nous n'aurions aucune autre alternative pour nous en sortir par le haut dans un monde globalisé et économiquement libéro-sauvage. Les préalables impératifs pour gagner ces cinq batailles sont les nécessaires capacités de rigueur, d'efforts individuels et collectifs, d'abnégation, de conviction, d'apprentissage, d'organisation, de patience, de ponctualité et de respect des règles et des lois. Or c'est là que le bât blesse; c'est là que se situent mes craintes et mes doutes. Ces qualités et d'autres encore que sont les valeurs du travail et du savoir sont de moins en moins répandues. Je l'écris partant de mon expérience humaine de soixante-six ans et d'une expérience de gestion bancaire et de média de plus de trente ans. Une partie de nos compatriotes ne présente pas ces qualités et cultive le laisser-aller et le laisser-faire, et se focalise sur la valeur de l'argent et des «chikhates» chacun selon ses moyens. A côté de cela une autre frange de la population et chaque fois que l'occasion se présente et que la situation le leur permet, avec raison ou sans raison, devient extrême dans les revendications et quelquefois même vindicative dans une période entachée d'incertitudes diverses et de manque de moyens pécuniaires. Nous exigeons tous des réponses et des solutions immédiates qui nous satisfassent, ici et maintenant, et pour tous nos problèmes sans exception. Ces réponses et ces solutions complexes à trouver et à mettre en œuvre nécessitent toutes la stabilité, la sécurité et un consensus politique pour déterminer la configuration du pouvoir et du modèle sociétal futurs. Pour revenir à l'ouvrage objet de cette chronique et pour finir, j'écrirai que ce livre et ses thèses peuvent constituer une assez bonne plateforme et un document de travail malgré et grâce, peut-être, à sa dose d'utopie. A bon lecteur et entendeur, salut !