L'échec du sit-in d'El Kasbah 3 est moins dû à l'opposition musclée de la police qu'à la nébulosité des objectifs de la manifestation. Les sit-in précédents avaient cette touche de spontanéité qui manquait visiblement au mouvement du vendredi 15 juillet 2011. D'aucuns ont d'ailleurs crié à la manipulation. Le choix du jour et de la date n'avait aucune justification. Il n'en signifie pas moins l'appartenance politique des contestataires. Plusieurs partis politiques se sont désolidarisés de ce regroupement. Les slogans brandis indiquent assez la nature et la couleur des instigateurs, "la reconstitution de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution", "l'application de l'amnistie générale", "l'indépendance de la justice", "le jugement des snipers"… Quelle que soit la partie qui tire les ficelles, elle se trompe lourdement. Elle ne pourra pas abuser tout un peuple. Il n'y a que la clarté qui paie. Les partis politiques n'ont de chance de l'emporter aux prochaines élections que s'ils font preuve de visibilité, de transparence et de clairvoyance. Le peuple tunisien est assez mûr pour distinguer les vrais patriotes des arnaqueurs qui agissent dans l'ombre. Les partis politiques en compétition gagneraient à être très proche du citoyen, attentifs à ses besoins immédiats et ses attentes, connaître de près la réalité des régions et les aspirations du peuple. Le groupe le plus apte à émerger est assurément celui qui place les intérêts de la Tunisie au dessus de toute autre considération. Il sera jugé à l'aune de sa loyauté, de la solidité de ses arguments, de la pertinence de son programme et de la transparence de ses ressources financières. C'est le parti le plus rassembleur qui aura le dernier mot. Pour tous les autres ce sera la descente aux enfers. Il est évident qu'on ne peut pas évoluer en tablant sur les sentiments des gens, en faisant douter des acquis fondamentaux des Tunisiennes et des Tunisiens, en essayant d'acheter leur conscience le jour du vote, en maniant l'amalgame et la confusion, en fourrant la religion à toutes les sauces... Ce sont des pratiques vaines, qui ne mènent à rien et qui seront démasquées de toute façon. Leurs adeptes comptent sans la clairvoyance d'un peuple qui a définitivement rompu avec l'ignorance et qui a administré la preuve de ses capacités en réalisant une Révolution unique en son genre. M. BEDDA