Les détails de l'arrestation des familles Trabelsi et Ben Ali l'après midi du 14 janvier à l'aéroport de TunisCarthage ont été relatés par le commandant Samir Tarhouni, directeur de la brigade anti terroriste : « J'ai suggéré à mon collègue Hafedh Ouni d'empêcher l'embarquement des fuyards. Ainsi, j'ai demandé à ma propre épouse qui exerçait dans la tour de contrôle de tout faire pour retarder le décollage de l'avion. Vers 14h40, un groupe de la brigade antiterrorisme (BAT) composé de 12 membres s'est dirigé vers l'aéroport Tunis-Carthage. A 14h50, les membres de la BAT investissent l'aéroport et se dirigent vers le salon d'honneur en vue d'arrêter les Trabelsi et les Ben Ali. Tout en informant les autorités sécuritaires de l'aéroport qu'on était en train d'exécuter des instructions venues d'en haut, ce qui a facilité notre tâche et a contribué à l'adhésion des responsables de la sécurité à notre inintiative. Sur la piste de décollage, nous avons trouvé un minibus dont les occupants ont essayé de fuir, en vain puisqu'ils ont été arrêtés. Sur le parking Tunisavia, nous avons trouvé un avion dans lequel avait pris place Cyrine Ben Ali qui n'a pas été arrêtée dans la mesure où notre objectif était de mettre la main sur les Trabelsi et les proches de Ben Ali. Nous avons fini par les arrêter en bloquant l'accès à l'avion par le biais d'un autocar. Ils ont été tous amenés, par la suite, au salon d'honneur, y compris, Imed Trabelsi, qui venait d'arriver, et Moncef Trabelsi qui était caché dans un bureau. Ali Seriati a demandé à parler au commissaire de l'aéroport qui me l'a passé. A sa question de savoir qui a donné les instructions pour l'arrestation des Trabelsi, je lui ai répondu que j'ai agi de mon propre chef et que je n'avais pas à recevoir des instructions ou d'ordre de quiconque pour les libérer. • 15h35 : J'ai demandé à la télévision de dépêcher une équipe de journalistes et de photographes en vue de filmer l'opération. J'ai demandé, ensuite, au colonel Zouhaïer Ouafi, responsable des brigades d'intervention rapide, de nous rejoindre. Il a acquiescé en ramenant avec lui 9 unités d'intervention. • 16h30 : le colonel Larbi Lakhal (Garde nationale) retire ses troupes des environs du Palais de Carthage et nous rejoint. • 17h35 : nous avons remarqué que l'avion présidentiel se préparait à décoller. • 17h45 : l'avion présidentiel décolle. A ce moment, nous avons décidé de remettre les personnes arrêtées à l'armée nationale et j'ai insisté pour que le général Rachid Ammar en soit informé. • 19h00 : Je reçois un appel téléphonique de M. Mohamed Ghannouchi qui me demande si j'allais, avec le groupe que je commandais (BAT, unités d'intervention spéciale et Garde nationale soit 170 éléments), prendre le pouvoir. J'ai lui ai répondu : la politique c'est l'affaire des hommes politiques, la sécurité c'est l'affaire des agents de l'ordre et des unités spéciales. A la suite de ma communication téléphonique avec l'ex-Premier ministre, j'ai été arrêté pendant deux jours au cours desquels j'ai été bien traité. Et ce, pour avoir pris la décision « sans recevoir d'instructions de personne d'arrêter les Trabelsi et de les livrer à l'armée nationale. Après vérification de ma déposition, j'ai été libéré et j'ai retrouvé mon poste de travail. J'ai agi en mon âme et conscience au service de la Tunisie ». Ces révélations ont été faites « spontanément et volontairement » quelque sept mois après les événements du 14 janvier dans le but, affirme Samir Tarhouni, de mettre fin aux suppositions et aux interprétations des uns et des autres.