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La pieuvre à plusieurs têtes
Histoires à dormir de bout en bout
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 08 - 2011

«Attendez... Attendez!», lance M. Aala Mouradelleh à sa petite famille réunie autour du petit écran. «Ils vont livrer les détails de l'arrestation des Trabelsi à l'aéroport de Tunis-Carthage».
Silence religieux dans la salle de séjour.
Apparaît à l'écran le Lt-Colonel Samir Tarhouni, chef de la BAT, qui a été à l'origine de cet acte héroïque du 14 janvier. Toute la famille écoute attentivement le récit de ce coup de filet du siècle, du début jusqu'à la fin sans prononcer un mot.
«Quel hasard! Un Tarhouni qui arrête les Trabelsi!», commente avec une note d'humour Si Aala mouradelleh.
«Je ne vois pas le rapport», demande son fils aîné, les yeux écarquillés.
«Tarhouni cela veut dire d'une famille originaire des djebels Tarhouna et Trabelsi cela veut dire originaire de Tripolitaine. Deux régions de la libye actuelle. C'est une belle illustration de l'unité du peuple tuniso-libyen». Et le père de poursuivre : «Comme la Tunisie était un important pôle civilisationnel, elle attirait vers elle tous genres de migrants. Ces derniers sont d'abord reconnus pour leur origine géographique. C'est comme Mahmoud Beyram Ettounsi qui est égyptien, mais s'appelant ainsi car son grand-père est d'origine tunisienne». C'est comme les Kéfi et les Tounsi en Algérie...
D'ailleurs au Maghreb il n'y avait pas de frontières et le peuple était un «Ton père aussi est un Trabelsi, fait remarquer Mme Aala Mouradelleh, mais il y a un autre nom de famille, un genre de sobriquet qui a collé à sa famille il y a belle lurette. Mais il n'a aucun lien de parenté avec les Trabelsi de Leïla. Alors que ma famille à moi est d'origine andalouse».
- Y a plein de Trabelsi en Tunisie et ils ne sont pas forcément parents. Il y a des Tunisois, des Sfaxiens, des Djerbiens… Il y a même une famille Trabelsi tunisienne de confession israélite.
- Tiens ! Bourguiba lui aussi est un Trabelsi et à Monastir la maison de sa famille est en plein quartier des Trabelsi. Son arrière-grand-père a quitté la Tripolitaine vers 1795.
- Le Cheikh Abdelaziz Thaâlbi, par contre, lui est issu d'une famille d'origine algérienne, de Thaâlba. Vous voyez! Mais tous sont de vrais tunisiens
- Plus que ça, la famille de Bourguiba est, selon certains auteurs, d'origine albanaise
- Les Arnaout aussi sont d'origine albanaise et les Bouchnaq viennent de Bosnie (les Bosniaques) mais tous sont aujourd'hui des Tunisiens de père en fils
- C'est ça notre pays, vous y trouvez les Dziri, les Ksountini, les Annabi, les Marrakchi, les Fessi, les Andolsi, les Chebili, les Nigrou, les Blanco, les Morrishko, les Ghariani, les Fezzani, les Ghedamssi, les Tajouri, les Zlitni, les Nallouti, les Stambouli, les Zmerli, les Chemi, les Zgolli, les Naboltane.
- C'est comme en France… y a presque pas de Français de souche. Claude Allègre, lui, va plus loin et se basant sur des données scientifiques assure qu'il n'y en a pas. Le Français c'est celui qui possède la nationaliste française et qui croit aux idéaux de la France
- Sarkozy aussi est issu de l'immigration, son père est hongrois. Quant à sa femme, elle est italienne.
- Et c'est bizarre, ce sont toujours les immigrés qui sont contre l'immigration
- Plein, plein de Français sont en fait devenus français. Marc Chagall, Guillaume Appolinaire, Serge Gainsbourg, Sylvie Vartan, Michel Drucker, Yves Montand, Marie Curie, Charles Aznavour…
«Alors Béji est originaire de Béja?», demande Melle Aala Mouradelleh tout juste sept ans.
«Tout à fait!», répond son père, sauf que quand c'est un prénom, ça renvoie à Sidi Bou Saïd… El Béji, originaire de Béja, non la ville que tu connais mais d'une autre Béja dans la banlieue de Tunis, aujourd'hui disparue».
«Y a pas une ville ou une région qui ne comprend pas des familles dont le nom est Kéfi, Nabli, Gabsi, Benzarti, Karoui, Soussi, Gafsi, Jéridi et ainsi de suite», enchaîne Mme Aala Mouradelleh, «Nos voisins venus de Sfax il y a de cela quelques années. Eh bien dans tout le quartier, ils sont plus connus par les Sfaxi que par leur vrai nom».
- Mohamed Ghannouchi, lui est de Sousse, tout comme Hamed El Karoui, alors que Rached Ghannouchi qui se nommait avant Khériji est d'El Hamma. Vous voyez deux Ghannouchi qui ne sont pas directement de Ghannouch tout près de Gabès. Ahmed Mestiri et Chedly Klibi, eux, sont de Tunis contrairement à ce que pourraient suggérer leurs noms, Mahmoud El Materi, lui, n'a rien à voir avec Mateur. Sa famille est d'origine grecque venue en Tunisie au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. D'ailleurs, Husseïn Ben Ali, le fondateur de la dynastie husseïnite est lui aussi d'origine grecque. Son père Ali dit Turki est un crétois. Mais Husseïn, le fils, est tunisien de par sa mère une cherniya du Kef. Mustapha Khaznadar lui aussi est grec alors que Kheïreddine Ettounssi est lui circassien de la tribu des Abadha (Abaza)
- Aïe, Aïe, Aïe… ! Une vraie histoire de traçabilité!
- Eh oui fiston ! C'est la généalogie. Nous étions les maîtres de cette science. Aujourd'hui, nous la négligeons, alors que dans les pays développés, c'est la fièvre généalogique. Surtout aux Etats-Unis avec l'aide des mormons et on y utilise même des analyses très poussées de l'ADN.
– Alors comment se fait-il qu'Aboul Qacem Chebbi est de Tozeur et non de Chebba ?
– Il n'est pas originaire de Chebba près de Mahdia, mais de Chabbiya une bourgade près de Tozeur englobée aujourd'hui dans Tozeur même.
– Mon copain Raouf Tborski est ainsi d'origine russe.
– Ah, ah, ah, ah.
– Papa, papa ! C'est quoi «BAT» qui est sur l'uniforme de M. Tarhouni ?
– Cela veut dire «bogosses amoureux de la Tunisie», plaisante la cadette.
– Meuh non ! Tu vois bien que c'est «Bagarreurs à plein temps», rétorque l'aîné… Non, non, tu vois bien que je plaisante. C'est pas la «Banque d'affaires touristique» mais bien la «Brigade anti-Trabelsi»… Non, non, je plaisante encore… C'est la «Brigade antiterroriste».
– Eh oui, il a fallu la BAT pour venir à bout de cette mafia, soupire Mme Aala Mouradelleh. Mais sans la pression de la rue et la colère populaire qui étaient ce jour-là au maximum, l'exploit aurait été très difficile pour ne pas dire impossible. Il fallait la BAT, car ces énergumènes arrêtés étaient de véritables terroristes.
– Maman, maman ! C'est quoi «mafia» ?
– C'est une organisation secrète de malfaiteurs qui ne reculent devant rien, née en Sicile, en Italie, il y a plus d'un siècle et qui pratique tous genres de trafics illicites, terrorise la population et a des complicités dans la classe politique. Aujourd'hui, on en emprunte le nom pour décrire les méthodes d'action.
– Malla chakchouka ! Maintenant
c'est une origine sicilienne.
– Tu devais alors dire pizza et non chakchouka.
– Et c'est quoi pizza ? C'est une chakchouka sur de la pâte cuite, non ?
– Hélas fifille, la mafia, chaque mafia, quel que soit le pays où elle existe, est une pieuvre géante et ses tentacules sont très longues et très nombreuses. Le problème est que notre mafia à nous a pu sauver sa tête… disons ses têtes, elle en a plusieurs.
– Et plus les tentacules sont ligotées plus les têtes deviennent enragées.
– Il faudrait donc attraper les têtes, sinon elles vont se faire pousser d'autres tentacules.
– Le pire c'est qu'il reste encore quelques pieuvres en liberté. La plus dangereuse d'entre elles est le RCD, même si on lui a retiré la patente.
– Mais papa, le RCD, c'est bien l'ancien PSD de Bourguiba, n'est-ce pas ?
– Oui et non. Le PSD a pris le nom de RCD en 1988 sur décision de son comité central. Mais à partir de ce moment-là il s'est métamorphosé en pieuvre, surtout grâce à un recrutement massif. Avant, il était moribond, même s'il était au pouvoir à cause d'élections toujours truquées. Le PSD lui aussi a essayé de phagocyter la société et l'Etat, il a réussi à le faire quand Bourguiba était encore jeune. C'était l'Etat-parti-président ou le Président-parti-Etat… c'est comme tu veux. Mais après, quand Bourguiba a commencé à vieillir, le PSD est devenu tiraillé par des luttes internes sur fond de succession à Bourguiba et s'est affaibli.
– Une salade de poulpe !
– Plusieurs autres partis qui ont vu le jour après le 14 janvier sont bâtis sur le modèle du RCD. Une oligarchie, une base nombreuse et disciplinée, recrutée selon la méthode clientéliste, une volonté claire de phagocyter la société, de gros moyens, du populisme et du travail à long terme d'occupation du terrain.
– Il ne faut pas oublier aussi les milieux mafieux des affaires qui continuent à agir et qui s'allient à certains de ces partis-champignons.
– Là, il nous faudra plus que la BAT…
– Tu as raison !
– Il nous faudra une seconde révolution, fiston.


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