Comment expliquer que les Tunisiens aient voté en majorité pour des partis dont les leaders, les cadres, étaient pour la plupart en exil, à l'étranger (Rached Ghannouchi, Marzouki, Hachmi Hamdi) ? Selon Me Hédi Bougarras, avocat et président de l'association de droit économique de Tunisie, tous les Tunisiens ont plus ou moins soutenu Ennahdha, en aidant la voisine dont le mari était en prison, la petite sœur ou une lointaine cousine et ainsi de suite. Cela a été pour ce parti une formidable cellule de recrutement. Idem pour Moncef Marzouki, les Tunisiens le connaissaient. Ce sont les premières élections. Les gens y sont allés au sentiment. Ils ont voté pour ceux qui sont allés vers eux, leur ont parlé simplement, face à face, tandis que les autres multipliaient les discours soporifiques à la télévision. Même, le retour d'Ennahdha n'a pas été facile, pendant 9 mois ils n'ont pas été servis par les mass médias qui ne les ont pas invités. Ou alors, face à quatre ou cinq anti-Ennahdha. Pour d'autres, comme Hachmi Hamdi, c'est le régionalisme qui a joué. L'islamisme conjugué au nationalisme ainsi que sa chaîne de TV qui a fait un véritable travail de propagande. Pour certaines listes indépendantes, le régionalisme a été important. A Sousse et Monastir, idem à Sidi Bouzid. A l'inverse, dans d'autres régions où l'on s'attendait à ce que ce soit le cas, cela ne l'a pas été, A Gafsa, par exemple on pensait que la gauche et l'extrême gauche passeraient, finalement cela a été Ennahdha et Ettakatol. Dans le Sud, l'Aridha et Ennahda. M.Kh