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La Constituante des exilés
Lecture dans le succès de Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki et Hechmi Hamdi
Publié dans Le Temps le 28 - 10 - 2011

Maintenant, tout le monde se met à lire et à expliquer les résultats des élections de la Constituante. C'est sans aucun doute le triomphe d'Ennahdha qui focalise l'intérêt des analystes de tous bords. A la régulière ou pas, le fait est là : une majorité de Tunisiens soutient Ghannouchi et ses hommes. Une partie relativement importante de notre population a néanmoins choisi de supporter Moncef Marzouki et son Congrès pour la République.
Une autre, non moins nombreuse, a choisi d'élever Hechmi Hamdi et sa Pétition Populaire au rang des formations dignes de représenter les Tunisiens au sein de la future Assemblée Constituante. Si l'on excepte Ettakattol et le Pôle Démocratique Moderniste, autres « vainqueurs » des élections du 23 octobre, on constate que les trois formations politiques citées en premier ont un drôle de dénominateur commun : toutes ont pour chef de file un ancien exilé. Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki et Hechmi Hamdi ont été forcés, sous le régime de Ben Ali, de quitter le sol tunisien et de vivre plusieurs années hors de ses frontières.
La sympathie qu'ils ont récoltée durant le tout dernier scrutin résulte peut-être de cette donnée déterminante dans l'évaluation de nos nouveaux leaders politiques nationaux. Bourguiba avait lui aussi fait fructifier ce capital militant et le peuple tunisien l'en récompensa largement durant trois décennies. Les trois « exilés » dont nous parlons ont pourtant applaudi Ben Ali et cru en lui pour un certain temps. Les Tunisiens, qui n'ont pas fait preuve d'indulgence envers les autres « souteneurs » du dictateur déchu, ne semblent pas leur en tenir rigueur, à eux, les expatriés. Hamma Hammami doit regretter de n'avoir pas saisi ce genre d'aubaine pour espérer aujourd'hui obtenir un nombre honorable de sièges au sein de la nouvelle Assemblée. Dieu sait pourtant qu'il a payé très cher son opposition régulière aux deux régimes en place depuis l'Indépendance. Mais voilà ! Lui, il a choisi de combattre la dictature intra muros ; et manifestement cela ne lui a pas rapporté grand-chose en termes de réussite électorale.
Les « revenants » triomphent
Est-ce donc un simple concours de circonstances que trois parmi nos nouveaux leaders politiques, vainqueurs de la campagne électorale pour la Constituante, aient mené leur résistance à Ben Ali depuis Londres et Paris ? Un tel « hasard » n'autorise-t-il pas la suspicion quant à une possible poussette occidentale ayant favorisé leur succès au vote du 23 octobre dernier ? L'histoire contemporaine du Tiers-Monde a introduit une nouvelle mythologie politique autour du militant exilé qui rentre en héros, en Messie, dans son pays natal pour y prendre les rênes du pouvoir après la chute du régime auquel il s'opposait. Les exemples abondent et comme par hasard encore, ces Sauveurs débarquent très souvent de Paris ou de Londres. Parfois, certes, ils reviennent des USA ; de Guantanamo même! Mais ce sont des cas rares. Rappelons-nous l'accueil triomphal réservé à Rached Ghannouchi à l'aéroport de Carthage lorsqu'il revint d'exil. Moncef Marzouki, lui, fut reçu beaucoup plus timidement mais une cohorte considérable de journalistes l'assaillit à sa descente d'avion; quant à Hechmi Hamdi, il revint au bercail presque incognito. Ces trois hommes sont aujourd'hui à la tête de trois formations gagnantes. Et ce n'est pas seulement à leur exil européen qu'ils doivent cette victoire. A ce sujet nous aimerions répondre à certains commentateurs qui occultent beaucoup de facteurs dans la réussite d'Ennahdha.
Des atouts d'entrée
Il est incontestable par exemple que ce mouvement ait été servi d'abord par l'ancrage séculaire de la société tunisienne dans la culture islamique. En terre d'Islam, il part certainement favori devant tout autre adversaire ne prônant pas l'Islam comme référence première à son projet sociétal. C'est comme si dans un jeu de rami, l'un des joueurs avait dans ses cartes, deux ou trois jokers d'entrée. D'autre part, la vague anti-occidentaliste exacerbée par les « croisades » contre l'Irak, l'Afghanistan, l'Iran, le Hamas en Palestine et le Hezbollah au Liban fortifia la sympathie et le soutien en faveur de la résistance « Jihadiste » à l'envahisseur chrétien et juif. Nul doute en conséquence que l'exemple d'opposition islamiste à l'Occident impérialiste et prosélyte donné par les Talibans, les combattants du Hezbollah et les hommes du Hamas ait séduit de plus en plus d'Arabes et bien sûr de Tunisiens. La victoire récente des rebelles islamistes libyens sur Kadhafi n'a fait que renforcer la conviction chez beaucoup de nos compatriotes que l'islamisme est l'unique alternative efficace contre la dictature, l'exploitation et l'injustice.
Ajoutez-y le fait que l'illettrisme fortement répandu dans le monde arabo-musulman a considérablement joué dans l'échec relatif des partis laïcs et modernistes : Qui ose nier que les idées obscurantistes et superstitieuses et que les préjugés de toutes sortes fleurissent et prospèrent beaucoup mieux en terre d'incultes ?! Aujourd'hui, on raille cet argument des candidats défaits, or la bêtise consiste à nier l'évidence : les moins cultivés sont toujours les plus faciles à embobiner en politique. Les régimes arabes et africains ont souvent veillé à maintenir leurs peuples dans une ignorance maximale afin de mieux les gouverner et les exploiter.
Si en plus, une certaine élite soi-disant éclairée y met du sien et dénigre l'esprit progressiste, le rationalisme et la défense des libertés individuelles et des droits de l'Homme en prétendant que ce sont des « produits » étrangers à notre patrimoine culturel et religieux, vous comprendrez mieux pourquoi les listes de ce qu'on appelle la Gauche n'ont récolté que peu de voix aux élections de la Constituante. Ces anti- occidentaux impénitents ont, en contrepartie, rendu un fier service aux listes nahdhaouies qui n'en demandaient pas mieux pour réussir leur forte percée, somme toute prévisible. Il est vrai que les militants d'Ennahdha ont mené une campagne efficace ; cependant et bien que disposant de tous ces atouts préalables, n'ont-ils pas recouru à des pratiques irrégulières dénoncées par plus d'un depuis les bureaux de vote. On soutient d'autre part que le vote a récompensé les militants nahdhaouis pour leur résistance chèrement payée sous Ben Ali. C'est indéniable, surtout si l'on se rappelle le nombre de souffre-douleurs islamistes que l'ancien régime comptait. Hamma Hammami n'en a pas sacrifié autant ; c'est peut-être pourquoi on a vite oublié son supplice à lui et le calvaire d'autres militants de son parti. Il a beau embrasser jeunes barbus et filles voilées, il ne s'empêcha pas de courtiser les leaders d'Ennahdha ; son mouvement n'en essuya pas moins une cuisante défaite. Décidément, le Tunisien continue de se méfier du communisme, équivalent pour beaucoup, d'athéisme et de dictature!
Le « cas » Marzouki et l'énigme Hechmi Hamdi
Moncef Marzouki a, quant à lui, mené sa barque plutôt à l'écart des autres formations politiques en course, même si l'on parle un peu partout d'une secrète alliance entre son parti et le Mouvement Ennahdha. Alliance que confirment, du reste, plusieurs indices dont le moindre est peut-être son alignement quasi systématique sur les positions du parti de Ghannouchi notamment contre la Haute Instance pour la Réalisation des objectifs de la révolution.
Mais, pas plus tard que lundi dernier, Marzouki a nié tout rapprochement avec Ennahdha durant la période préélectorale. « Grande gueule » assez charismatique, il a pu récolter les voix de plus de 10 % des électeurs, ce qui n'est pas mal du tout pour un candidat « solitaire ». Mais la surprise est venue surtout de Hechmi Hamdi et de sa Pétition Populaire : les premiers résultats et certains autres définitifs montrent que cette liste « indépendante » a bénéficié d'un large élan régionaliste en particulier à Sidi Bouzid et ses environs. Ce n'est sans doute pas suffisant pour expliquer l'étonnante percée de la liste de Hechmi Hamdi. Ce dernier a su, lui aussi, soigner durant des années son image auprès des Musulmans et des Tunisiens en particulier : sa chaîne Al Moustakilla y fut pour beaucoup. Il ne cesse d'y apparaître comme non seulement un fervent islamiste mais surtout comme un authentique et farouche défenseur des opprimés du monde arabe, de la Tunisie et de sa région natale ! Un journal de la place lui céda pendant des jours une page entière où ce candidat de la dernière heure s'épancha autant qu'il put et déballa avant l'heure son programme providentiel.
Aujourd'hui, le bruit court que la Pétition Populaire doit également le score surprenant qu'elle a réalisé aux voix des RCDistes mobilisés, dit-on, par des personnalités influentes de certains pays du Golfe. On raconte même que ces électeurs répondaient ainsi à l'appel de Ben Ali qui les aurait incités à voter en faveur de Hechmi Hamdi. Tout cela reste à prouver, même si l'énigme que constitue le succès inattendu de la Pétition Populaire ne peut pas rester plus longtemps sans élucidation !


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