Comment gérer la présente étape ? Trop de déclarations contradictoires viennent de plusieurs acteurs, notamment ceux du mouvement Ennahdha. Ces sons de cloche compliquent les concertations entre partenaires politiques. I ls traduisent des malaises et des blocages. Les négociations n'ont pas encore abouti que des responsables du mouvement Ennahdha multiplient des déclarations qu'ils démentent aussitôt. Ce qui est plus étonnant encore, c'est que ces propos étranges suscitent peu de commentaires de la part des associés du parti islamiste. Le mouvement islamiste parait avoir renoncé au régime parlementaire et opter pour le régime présidentiel, avant de revenir sur cette décision. Le porte-parole officiel d'Ennahdha a accusé les médias de déformer les déclarations des responsables nahdhaouis. Cette fois-ci non plus, les réactions n'ont pas été assez vigoureuses. Hammadi Jebali qui est désormais président du gouvernement, promet à ces partisans, dans un meeting enflammé, tenu à Sousse, l'avènement de la sixième Khilafa Errachida (califat éclairé). Le lendemain, des responsables du même mouvement ont cherché à minimiser la portée de cette bombe d'essai en prétendant que les phrases du secrétaire général du mouvement ont été sorties de leur contexte. Ce n'était pas suffisant pour calmer la tension créée. Ettakatol suspend sa participation des trois commissions créées par les trois partenaires : Ennahdha, le Congrès pour la République et Ettakatol. Quelques jours auparavant, Mme. Souad Abderrahim, tête de liste d'Ennahdha pour Tunis 2 et figure de proue du mouvement, avait déclaré sur les ondes de Radio Monte Carle que « les mères célibataires ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits. Elles sont une infamie pour la société tunisienne ». Doit-on exterminer ces mères célibataires ? Quelle mouche a piqué Souad ? Les propos tenus par Mme. Abderrahim ont suscité la colère de l'opinion publique, tant nationale qu'internationale. Les Tunisiennes et les Tunisiens, du moins ceux qui ont voté en faveur d'Ennahdha, s'attendaient-ils à de pareilles pirouettes ? Ils montrent en tout cas autant de doute, de défiance que d'impatience. L'immobilisme, la situation catastrophique de l'économie, peuvent-ils répondre aux attentes des uns et des autres ? Les objectifs de la Révolution seront-ils réalisés ainsi ? La mission dévolue à l'Assemblée nationale constituante serait-elle occultée ? Est-elle réduite à des discutailles entre ténors de la scène politique ? Il est du devoir de la société civile, opposition et association, toutes tendances confondus d'arrêter ces enfantillages. Les Tunisiennes et les Tunisiens ne permettront pas que l'on joue avec leur avenir et que l'on bafoue leurs acquis. Ils exigeront que la rédaction de la Constitution bénéficie de la priorité absolue, qu'elle contienne l'engagement irréversible du respect de la liberté d'expression et du droit inaliénables de la femme et quelle fasse l'objet d'un référendum national !