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Que fera Ennahdha de sa victoire?
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 10 - 2011


Par Brahim Oueslati
En politique comme dans la vie, on se reconstruit toujours autour de quelqu'un ou autour d'une idée, d'un principe voire d'un rêve. C'est ce que le mouvement Ennahdha a compris en se réorganisant autour de ce rêve qui a longtemps caressé ses militants d'arriver un jour au pouvoir en Tunisie. Rêve qui devient, aujourd'hui, réalité puisque les résultats définitifs confirment le leadership des islamistes arrivés largement en tête avec une confortable avance sur leurs concurrents, ce qui leur permet de briguer le pouvoir, ce alors qu'une liste indépendante dont on ignore encore les vrais desseins, a réussi une percée extraordinaire dans pratiquement toutes les circonscriptions électorales. Sachant que le CPR qui devient la deuxième force du pays et entend agir sur le développement des événements que le Fdlp se place en embuscade pour négocier une participation effective dans la gestion des affaires publiques.
En votant massivement pour le mouvement Ennahdha, les électeurs n'ont pas voté pour un modèle de société mais plutôt pour un changement de régime. Toutefois, il faut relativiser car plus de six électeurs sur dix n'ont pas choisi ce mouvement. C'est une donnée fondamentale qui ne doit pas échapper à ses stratèges et dont ils doivent absolument tenir compte. De même que ce vote «est d'abord un vote conservateur, d'électeurs qui aspirent à un retour à l'ordre et à une certaine sécurité face à un avenir politique incertain», comme l'explique Vincent Geisser, chercheur spécialiste du monde arabe et musulman. Ce vote autant il réconforte les Nahdhaoui, autant il les met devant de lourdes responsabilités, puisqu'ils seront appelés à assurer la transition du pays vers un nouveau régime en rupture avec celui érigé depuis l'indépendance. Désormais, rien ne se fera sans Ennahdha mais Ennahdha toute seule ne pourra rien faire. Pour cela, il va ratisser large pour rallier plusieurs composantes de la nouvelle scène politique, pour ne pas se retrouver seul aux commandes d'un pays suffisamment fragilisé, et confronté, ainsi, à la dure réalité du pouvoir, avec ses fastes et ses tentations mais aussi ses difficultés et ses méandres. Les cadres nahdhaouis n'ont pas l'expérience de la gestion des affaires et leur mouvement n'a pas de relais au sein de l'administration publique. «Il n'y aura pas de rupture mais de la continuité parce que nous sommes arrivés au pouvoir par la démocratie, et non par les chars», avait déjà lancé son porte-parole.
«La priorité, aujourd'hui, ce ne sont pas les questions culturelles, qui prennent beaucoup de temps, mais les questions économiques et sociales», précise Rached Ghannouchi qui se dit «prêt à une coalition avec tous les partis qui ont été dans l'opposition sous Ben Ali, peu importe leur idéologie». Les leaders d'Ennahdha multiplient les messages de bonne volonté comme pour rassurer l'ensemble des Tunisiens que rien ne se fera à leurs dépens. Ils évitent les expressions qui fâchent et les propos qui pourraient être interprétés comme la traduction d'un choix de société ou d'un projet de gouvernance politique portant les stigmates d'un passé douloureux qui refuse de libérer le politique de l'emprise du religieux. L'annonce concomitante du retour de la Charia en Libye avant le succès d'Ennahdha aux élections, a soulevé force inquiétude et suscité la crainte non seulement des Tunisiens et des Tunisiennes mais aussi des capitales occidentales qui seront «vigilantes sur le respect des droits de l'Homme et des principes démocratiques». Donnant par la même des gages d'ouverture, de tolérance et de respect des valeurs universelles qui sont aussi «des valeurs islamiques basées sur l'égalité, la fraternité, la confiance et l'honnêteté afin de construire ensemble un régime démocratique», dixit Ghannouchi.
Aujourd'hui, pratiquement tous les acteurs politiques sont conscients de la nécessité de séparer la religion de la politique, et ce, bien que la référence à l'Islam comme une composante fondamentale de l'identité tunisienne soit présente dans leurs discours. Même Ennahdha reconnaît, parfois de manière explicite, une certaine séparation entre le religieux et le politique, ce que certains de ses militants ne pratiquent pas dans les faits. Son élite plus éclairée, aura beaucoup de mal à contrôler son aile radicale composée des salafistes et des militants du parti Ettahrir qui réclament l'application de la Charia. Les incidents qui ont éclaté au cours des derniers mois ont, fortement, embarrassé le mouvement nahdhaoui.
L'étape qui s'ouvre après le scrutin du 23 octobre ne sera pas une sinécure. C'est pourquoi, le consensus est nécessaire et il ne pourrait se réaliser que par le compromis et la négociation. Le fait que la formation gagnante tende la main aux autres forces et appelle à une large coalition semble rassurer les dubitatifs. «La révolution n'a pas eu lieu pour détruire un Etat, mais pour détruire un régime. Nous sommes déterminés à protéger l'Etat tunisien», a tenu à préciser Rached Ghannouchi. Est-ce suffisant pour rassurer l'ensemble des Tunisiens? Car, n'en déplaise aux Cassandres qui prédisent à la Tunisie de tomber de Charybde en Scylla, c'est-à-dire de passer «d'une dictature imberbe à une autre barbue», le peuple tunisien est assez vigilant face aux dérives et au retour de toute dictature sous quelque forme que ce soit.


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