L'année 2011 a été marquée par des évènements politiques positifs, certes, mais qui ont négativement influencé la donne économique en Tunisie. Ce n'est pourtant pas l'impression que nous a donné Mohamed Fadhel Abdelkefi, président du conseil d'administration de la bourse de Tunis, lors de la conférence de presse organisée jeudi 12 janvier 2012. En effet, M. Abdelkefi a précisé que les évènements qui ont suivi la révolution, en l'occurrence la détérioration du climat sécuritaire et l'exacerbation des tensions sociales, ont été à l'origine de la désorganisation de l'activité économique qui a, elle-même, impacté les principaux indicateurs du marché boursier tunisien. Ainsi, le Tunindex a chuté de prés de 21% au terme des deux premiers mois, mais a pu récupérer progressivement près de 16 points de pourcentage sur le reste de l'année et limiter ses pertes en 2011 à seulement 7,63%. Cette baisse, qui fait suite à huit années successives de hausse, s'explique en grande partie par la chute des cours des valeurs bancaires dont la situation s'est trouvée plombée par le volume important des créances accrochées détenues par le secteur bancaire et imputables sur la famille et les apparentés à l'ex-président. Toutefois, comparée aux autres places internationales, cette contre-performance ne peut en aucun cas être considérée comme lourde puisque cette baisse reste malgré tout nettement inférieure aux baisses enregistrées par d'autres bourses, notamment celle d'Egypte qui a terminé sur des pertes d'environ 50%. Quant à la capitalisation boursière du marché, elle a baissé de 830 millions de dinars ou 5,4%, soit l'équivalant de 1,3% du PIB pour se situer à 14,4 millions de dinars ou 21.6% du PIB. Pour ce qui concerne les échanges sur la Cote de la Bourse, ils ont été impactés par l'interruption de la cotation, qui a duré quinze jours de bourse au total, pour chuter de 37% et atteindre 1 678 millions de dinars contre 2 702 millions de dinars en 2010. Le volume quotidien moyen n'a atteint, quant à lui, que 7 millions de dinars contre 10,7 millions de dinars en 2010. La part des étrangers y a représenté 11%, soit 0,8 million de dinars contre 1 million de dinars en 2010. S'agissant d'introductions, la Bourse de Tunis en a enregistré une seule contre cinq en 2010. En accueillant le Groupe TELNET, le nombre de sociétés cotées est passé à la fin de l'année à 57 sociétés. La société HEXABYTE a, pour sa part, obtenu le Visa du Conseil du Marché Financier le 30 décembre 2011 pour s'introduire au marché alternatif de la Cote de la Bourse au moyen d'une offre publique à prix ferme (OPF) et lever un montant de 2 millions de dinars. Cette opération a débuté hier, le 13 janvier. Ce rendez-vous semestriel a enregistré, également, la présence de Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse de Tunis, ainsi que la plupart des premiers responsables de la bourse. Le directeur général de la bourse a passé en revue quelques réalisations de la Bourse en 2011 qui ont porté notamment sur l'enrichissement de la gamme des indices, sur le lancement d'un programme de rencontres-débats avec les partis politiques, la co-fondation d'une nouvelle association de bourses africaines et la préparation d'un vaste programme d'éducation financière. L'enrichissement de la gamme d'indice vise à offrir aux investisseurs et aux gestionnaires de portefeuille des instruments pour une appréciation plus fine de la performance du marché. L'indice TUNINDEX devient, par conséquent, la référence générale de mesure du rendement de l'ensemble des titres cotés, tandis que le TUNINDEX20, indice réplicable, lancé le 2 janvier 2012, mesure le rendement des 20 plus grandes capitalisations boursières les plus actives sur le marché. D'autre part, le programme de rencontres-débats avec les partis politiques a permis de rencontrer les représentants de onze partis, de connaître leur perception de la Bourse et du marché financier, et de débattre des solutions que peuvent apporter le marché financier et la Bourse au développement de l'économie tunisienne. C'est justement ce constat qui laisse le président de la bourse optimiste, puisque, selon lui, le programme économique du nouveau gouvernement est « bien » et qu'actuellement, il ne reste qu'à passer à la pratique.