« Je suis pour la légalisation du Hezb Ettahrir s'il s'engage à respecter les lois de la République. Nous sommes contre l'interdiction de tout porteur d'une idée ou d'un projet politique qu'il soit d'extrême droite ou d'extrême gauche tant qu'il ne recourt pas à la violence pour imposer ses points de vue », a déclaré le leadeur du mouvement Ennahdha, M. Rached Ghannouchi. Selon le numéro Un d'Ennahdha, le rejet de la démocratie et du pluralisme politique prôné par ce parti constitue un signe d'extrémisme mais une fois dans l'arène politique, Hezb Ettahrir sera obligé de reconnaître la démocratie, voire nouer des alliances avec d'autres partis : « Une fois légalisé, ce parti sera obligé de faire des concessions et de revoir sa vision idéaliste de la politique. S'il ne fait pas de concessions, il ne pourra que rester en marge de la vie politique comme c'est le cas des partis d'extrême droite ou d'extrême gauche en Europe ». Dans une interview accordée au journal « Le Temps », le leader d'Ennahdha a précisé que dans une démocratie, il existe des partis du gouvernent qui se situent au centre-droit ou au centre-gauche et d'autres formations extrémistes qui sont condamnées à jouer le rôle d'éternels opposants et à rester en marge de la vie politique. C'est le jeu politique ! Pour M. Radwan Masmoudi, fondateur du Centre d'études sur l'Islam et la démocratie, CEID), un think tank basé à Washington, la légalisation du parti Ettahrir serait une erreur assez grave : « Rached Ghannouchi s'est prononcé en faveur de la légalisation du Hizb Ettahrir. Je pense que ce serait une erreur assez grave. Un parti politique doit croire et s'inscrire dans certains valeurs et principes démocratiques pour qu'il puisse maintenir et préserver la démocratie s'il arrive au pouvoir. Par définition, un parti politique veut arriver au pouvoir pour appliquer son programme. Mais si son programme politique est contraire aux principes et valeurs fondamentaux de la démocratie, cela veut dire qu'on risque de tout détruire et de faire entrer le pays dans des situations graves et dangereuses ». Dans une interview accordée à « mag14.com », M. Masmoudi a indiqué que Hizb Ettahrir et beaucoup de groupes salafistes proclament ouvertement que l'Islam est contre la démocratie : « S'ils arrivent au pouvoir, ils n'autoriseront pas les partis politiques, ni même aucune opposition. Je vois très mal comment on peut légaliser des partis qui ont une telle vision de la vie politique ».