Mesuré, fédérateur, développant une argumentation moderniste, le cheikh Abdelfattah Mourou a-t-il perdu tout ce qu'il avait avec le mouvement Ennahdha ? Le cofondateur, avec Rached Ghannouchi, du premier parti de tendance islamique (Mti), devenu par la suite Ennahdha, a affirmé que cela fait deux mois que Ennahdha est au pouvoir en Tunisie sans avoir pu émettre la moindre décision de nature à changer la réalité des choses dans le pays. « Tous ceux qui travaillent aux différents échelons de l'administration sont contre le projet islamiste d'Ennahdha. Cette incapacité d'Ennahdha à faire passer ses décisions à travers une administration contrôlée par les « ennemis » de ce parti », explique l'homme que les vingt ans d'inactivité politique n'ont pas entamé la fougue. Cheikh Mourou a accusé certains dirigeants et responsables d'Ennahdha. Dans une interview accordée au journal « Hakaik », Me Mourou recommande de poursuivre en justice certains leaders de ce mouvement. Selon lui, ces personnes sont responsables de l'état critique et les « catastrophes » d'Ennahdha, pouvoir exécutif actuel du pays : « Il est temps que les responsables de ces actes assument leurs responsabilités. J'attends le prochain congrès du mouvement. Cet événement doit être l'occasion pour prendre cette importante décision». Mourou a ajouté que la rupture d'avec Ennahdha est consommée, mais non pas avec Rached Ghannouchi : « Ce n'est pas une affaire personnelle ». Cheikh Mourou a, également, annoncé une probable intégration au grand parti du centre ou à la prochaine initiative de l'ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi. Cette décision dépend, selon lui, de l'efficacité et de la réussite de ces partis. L'avocat quitterait la scène politique au cas où il ne trouverait pas satisfaction lors du prochain congrès du mouvement Ennahdha.