Les autorités au pouvoir - la troïka, Ennahdha en tête - s'entêtent à vouloir mettre au pas les médias et les partis d'opposition. Elles ne cessent de porter des accusations contre les journalistes d'abord et ensuite tous ceux et celles qui les critiquent ou formulent la moindre observation de nature à rectifier le tir, servir la Nation, éclairer les citoyens et préserver leurs intérêts. Elles entendent surtout être caressées dans le sens du poil. Si seulement elles savaient ce que veut dire le terme information ! Elles semblent ignorer également la portée de ce bel acquis offert par la Révolution qu'est la liberté d'expression. Tout se sait, rien ne se cache, grâce à cet instrument redoutable et aussi par la vertu des technologies de l'information et de la communication. Il ne sert à rien de vouloir taire des événements que tout le monde découvre instantanément sur Internet, via les réseaux sociaux, sauf si l'on tient à se couvrir de ridicule. Les faits parlent d'eux-mêmes. Le journaliste les rapporte tels qu'ils sont nus, neutres et têtus. C'est tout le contraire de la propagande qui a prévalu du temps de l'ancien régime et que certains cherchent à pérenniser, ignorant que le retour aux anciennes pratiques est banni à jamais. Les Tunisiennes et les Tunisiens exigent la transparence. Les nostalgiques tentent de revenir à la charge pourtant. Les communiqués émanant de certains ministères diffusent des versions qui ne correspondent pas à la réalité des faits. Les événements du dimanche 25 mars ont été dénaturés. Les artistes maltraités par des salafistes existent bel et bien, vidéos à l'appui. Le ministère de la Culture a déploré les dépassements signalés. Ce n'est pas l'avis du ministère de l'Intérieur qui a nié en bloc les troubles causés. Le leitmotiv développé par les responsables nahdhaouis et leurs militants, ainsi que les autres associés de la troïka, est que les médias présentent une image négative de l'activité du gouvernement Jebali. Personne, parmi les journalistes du moins, ne veut nuire à son pays. Les responsables de la détérioration de la situation sont à chercher ailleurs. A commencer par les autorités au pouvoir elles-mêmes qui ont contribué, par leurs hésitations, leurs accusations, leur immobilisme et leur silence devant les agissements irresponsables des vrais ennemis de la démocratie et de la patrie. Rached Ghannouchi, puis Ali Laarayedh, ont reconnu que les salafistes djihadistes constituent un vrai danger et que l'affrontement est inévitable. Il faut espérer que ces déclarations sont venues à temps pour réparer des mois d'attentisme et que les menaces de divisions de la société et de guerre civile seront écartées.