Le programme national de certification des compétences en TIC a vu le jour en mai 2010.Il vise la certification de 20 mille compétences des diplômés de l'enseignement supérieur et des personnels des entreprises spécialisées dans le domaine des TIC. M. Bédiss Lamine, Marketing and Quality Manager chez TMI, entreprise formatrice de JAVA, précise qu'il s'agit d'un objectif mal évalué dès le départ, voire trop optimiste. A peine, et après deux ans, on dénombre au maximum 600 personnes certifiées dans tous les centres de formations participant à ce programme : « Je pense qu'il est impossible d'accomplir les objectifs de ce programme sur les 5 ans annoncés ». Chapoté par le Centre d'Information, de Formation, de Documentation et d'Etudes en Technologies des Communications « CIFODECOM », le programme est mis en place en partenariat avec des bureaux de formation agrées en Tunisie spécialistes dans différentes niches à savoir TraiNux, ORADIST pour les certifications ORACLE, MICROSOFT, TELENET ; CATIA et TMI. Le responsable de la TMI ajoute que les moyens mis en œuvre ne sont pas suffisants. On note à titre d'exemple la très faible communication universitaire auprès des instituts et des écoles des ingénieurs. On enregistre également le manque de coordination entre les différents bureaux d'emplois et le Cifodecom. Plus important, le délaissement total au niveau des régions où les diplômés des régions internes sont totalement absents. Sans doute, le programme vise le renforcement des ressources humaines et des compétences tunisiennes en matière de TIC, consolider la compétitivité tunisienne en matière d'investissement TIC et faciliter l'exportation des compétences tunisiennes. Les candidats se verront délivrer des certifications, à la afin de chaque session, reconnues à l'échelle internationale. Mais àquel prix ? Le programme propose aux candidats des mécanismes de financement à taux réduits auprès d'organismes bancaires nationaux, notamment l'ATB. Mais qu'en est-il de la réalité ? « La banque s'est retirée et elle est totalement inexistante », confirme M. Lamine. Alors, si un programme de cette taille, des certifications internationales importantes et des bureaux de formation pertinents ne réussissent pas à renforcer la compétitivité des compétences nationales, quelle nouvelle stratégie et quels nouveaux programmes auront-nous besoin pour faire décoller le secteur tunisien des TIC ? On se demande également, pourquoi un tel programme a très bien fonctionné au Maroc et en Egypte et traine encore en Tunisie ? Le problème est purement tunisien et c'est peut être la volonté politique qui manque. Ce sont les procédures administratives qui bloquent le bon fonctionnement d'un programme « diamant » à l'échelle nationale, ou bien ce sont les jeunes diplômés qui refusent d'être certifiés internationalement. A noter que de telles certifications coûtent 10 fois plus en Europe ou en Amérique que celles proposées au sein de ce programme.