La création de cette société de gestion d'actifs ou société de recouvrement a suscité le mécontentement des hôteliers réunis, récemment à Hammamet. Les banques veulent être remboursées. Elles évaluent les prêts non-performants accordés aux hôteliers à 3,2 milliards de dinars ; les hôteliers, eux, ne reconnaissent que quelque 800 millions de dinars de créances, la différence proviendrait des méthodes de calcul pratiquées par les banques incluant des taux d'intérêt excessifs et des pénalités de retard de paiement. Même ce dernier chiffre est très élevé. On estime que 140 hôtels sur les quelque 816 recensés en 2005 sont affectés dont 100 sérieusement. La FTH, Fédération tunisienne de l'hôtellerie, a décidé de réagir face à ce nouveau projet qui menace la profession. Mohamed Belajouza, président de la FTH, a précisé que ce fonds d'investissement a pour vocation essentielle le rachat des dettes du secteur hôtelier auprès des banques tunisiennes à un prix déjà négocié qui ne dépassera pas le quart du montant de dette : « Ce fonds agira en société de gestion d'actifs. Il peut ainsi devenir propriétaire des hôtels en termes de gestion, de vente ou de fermeture. Mais personne ne nous a consultés à propos de ce dossier ». Ridha Taktak, hôtelier à Mahdia estime que ce projet ne pourra pas solutionner ce problème épineux à savoir décongestionner les bilans des établissements de crédit et renflouer leurs trésoreries et consolider la viabilité des projets touristiques tout en préservant leur pérennité : « Notre patrimoine risque de passer aux mains des entreprises étrangères alors que nous avons mis des années pour l'édifier ». Habib Bouslama, hôtelier à Hammamet, a appelé à créer une cellule de crise et à solliciter les autorités pour arrêter cette procédure qui aura un impact négatif sur la profession et notamment sur l'emploi. Un autre hôtelier de Djerba a souligné que les banques n'ont jamais respecté la réglementation bancaire et ont contribué à cette inflation des dettes. Le secteur passe plutôt par des difficultés exogènes. Autant de questions dont les réponses restent essentielles pour mieux apprécier ce dossier préoccupant. D'ailleurs les hôteliers se sont mis d'accord pour fixer le 12 février un deuxième rendez-vous à Sousse pour mieux discuter ce dossier et sensibiliser les professionnels quant aux répercussions néfastes de ces sociétés de gestion d'actifs sur leur avenir. Le combat des hôteliers continue en attendant l'abandon de ce projet. M.Y Crédit photo : Rached Berazaga