Abdelfattah Mourou, vice-président d'Ennahdha, a accordé une interview à la revue « Jeune Afrique » dans laquelle « il tient son mouvement pour responsable de la crise. A la question de savoir pourquoi la Tunisie en est arrivée à la situation de crise dans laquelle elle se débat, M. Mourou affirme qu'aujourd'hui, le pays se trouve divisé en deux pôles-islamistes et laïcs et que cette situation est dangereuse et génère le chaos politique. Il accuse Ennahdha de tergiversations continuelles, d'incapacité à appréhender les attentes du peuple, de laxisme envers les forces obscures que sont les ligues de protection de la révolution et coupable de silence envers la montée de la violence. Le vice-président d'Ennahdha juge calamiteuse la gestion des affaires de l'Etat par son propre parti qu'il accuse d'accumuler les erreurs et de chercher à imposer la loi d'exclusion au risque de généraliser l'affrontement avec toutes les formations politiques. « Ce n'est pas tenable et c'est contraire à la démocratie », a-t-il affirmé. M. Mourou va jusqu'à accuser les siens d'affaiblir le parti, accusant ceux qui font partie du gouvernement d'avoir été à l'origine de la crise par leur incompétence. M. Mourou enfonce encore plus le clou en accusant son propre parti d'avoir toujours refusé le dialogue avec les partenaires sociaux et que sa popularité se réduit comme peau de chagrin. Prié de donner son avis sur une éventuelle sortie de crise, M. Mourou estime qu'il faut mettre un terme à la transition en se dépêchant de s'attaquer à la priorité des priorités : la rédaction de la constitution et l'instauration de cadres juridiques et d'institutions solides. Il appelle les partis à s'éloigner de l'action gouvernementale et laisser des compétences gérer les affaires du pays. M. BELLAKHAL