Après la tenue des premières élections démocrates et pacifiques, la Tunisie a élu son nouveau président et son nouveau parlement et prouve que les crises politiques, le déséquilibre socioéconomique et surtout les menaces terroristes peuvent être balayés par la volonté d'un peuple mature. Certainement, 2014 était une année difficile, notamment avec une économie épuisée, gangrénée par le chômage et la détérioration du pouvoir d'achat du citoyen, mais ce pays avec 11 millions d'habitants a réussi à se remette sur la voie de la stabilité. Parmi les chiffres qui racontent l'actualité écoulée, le site boursier et économique en Tunisie, Tustex, a fait une sélection hétéroclite et revient sur le bilan économique et politique de l'année 2014 ainsi que les dates qui ont marqué la Tunisie. Sortant d'une année 2013 difficile, avec un taux de croissance faible à seulement 2,6% et une inflation insoutenable à 6%, notre pays a vécu sous la coupe d'un paysage politique crispé et d'une situation sécuritaire précaire, en plus d'un malaise social. Ainsi, le taux de chômage, certes en baisse d'un point par rapport à 2012, mais toujours important à 15,7%, a été l'autre élément de rupture de ce paysage socio-économique. Après l'échec de la troïka, Mehdi Jomâa a été désigné, fin janvier 2014, Chef du gouvernement, chargé de gérer à court terme et de proposer un socle de réformes pour retrouver le plus tôt possible un rythme de croissance conforme au potentiel tunisien. Force est de constater que, dix mois plus tard, les sources de faiblesse de l'économie tunisienne se sont aggravées, hormis une détente de l'inflation qui a constamment reculé depuis le mois de juillet 2014 pour revenir à 5,2% à fin novembre. A fin novembre, le déficit commercial continue de se creuser pour atteindre 12 566,3 MD contre 10 541,7 MD sur les onze premiers mois de l'année précédente, soit une aggravation de 19%, et reste dominé par sa composante énergétique à hauteur de 27%. La couverture des importations par les exportations a perdu 3,4 points, à 67,3%, selon les statistiques publiées par l'Institut National de la Statistique (INS). Cette situation a découlé un déséquilibre sur le marché des changes entre l'offre et la demande et une pression constante sur le dinar tunisien qui s'est déprécié de plus de 20% face à l'euro et de 35% face au dollar en cumul sur les quatre dernières années. Cependant, les récents sursauts enregistrés sur les derniers jours du mois de décembre ne feront qu'atténuer le bilan. Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a annoncé que les réserves nationales en devises ont atteint le 25 décembre, 112 jours d'importations. Pour M. Ayari, c'est un niveau satisfaisant, en attendant leur renforcement par l'obtention du reste de la 5e tranche du prêt de 1,7 milliard de dollars, du Fonds Monétaire International (FMI), entre janvier et mars 2015. Deux autres prêts de 250 millions de dollars pourraient également être accordés à la Tunisie par la Banque Mondiale. En ce qui concerne les investissements, selon les derniers chiffres de l'Agence nationale de promotion de l'investissement extérieur, les investissements étrangers ont cumulé une baisse de 8,6%, passant de 1,79 milliard de dinars, durant les 11 premiers mois de 2013, à 1,64 milliard, entre janvier et novembre 2014. Les investissements directs étrangers (IDE) se sont établis à 1,49 milliard de dinars (-10,9% par rapport à 2013) alors que les investissements de portefeuille on atteint 151,9 millions de dinars (+22,5% par rapport à 2013). De son coté, le tourisme tunisien, qui pèse 7% du PIB et contribue à hauteur de 12,5% à l'emploi, continue de souffrir de sa mauvaise gouvernance et de son faible positionnement, outre la conjoncture politique et sécuritaire. A fin novembre 2014, la Tunisie a enregistré une baisse de 1,7% des entrées touristiques, comparativement à la même date en 2013. Par ailleurs, les observateurs de l'économie tunisienne s'alarment de la crise structurelle des finances publiques avec la durabilité de l'endettement extérieur, l'encours de la dette contractée à l'étranger atteignant les 35 milliards de dinars, soit le double des recettes extérieures du pays. Des ressources d'emprunt supplémentaires de 7,568 milliards de dinars sont attendues pour le financement du budget de l'Etat 2015, adopté le 10 décembre par l'APR et prévu à 29 163 milliards de dinars, soit une hausse de 3,7% par rapport au budget 2014. 2014 devrait ainsi aboutir à un taux de croissance entre 2,4 et 2,7%, et laissera un sentiment mitigé chez les Tunisiens. Cette fin de l'année coïncide d'ailleurs avec la proclamation des résultats officiels du scrutin présidentiel et la passation de pouvoir à Carthage entre Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi. Nidaa Tounes, vainqueur aux législatives, devrait se pencher sous peu sur la composition du prochain gouvernement et fixer sans tarder ses axes de travail. M.Kh
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