L'association « Action des chrétiens pour l'abolition de la torture », une ONG chrétienne de défense des droits de l'Homme, vient de publier son dernier rapport sur la torture en Tunisie. Intitulé « Tunisie : Justice, année zéro », ce rapport, réalisé en collaboration avec l'ONG tunisienne Freedom Without Borders (« Liberté sans frontières », jeune association créée en Tunisie l'an dernier), montre notamment que l'impunité des forces de l'ordre est la cause principale de la persistance du phénomène tortionnaire en Tunisie. Le rapport s'inquiète, également, des faibles moyens accordés à l'Instance vérité et dignité (IVD), mise en place l'an dernier pour faire la lumière sur près de soixante ans de violations de droits de l'Homme en Tunisie. Selon les deux ONG, plusieurs centaines de Tunisiens ont été torturés depuis 2011. Avec la reprise des arrestations dans le cadre de la lutte antiterroriste début 2012, les allégations de torture des détenus arrêtés dans ce cadre se sont multipliées… La situation s'est même dégradée et la transition démocratique en Tunisie n'a pas, dans son sillage, été en mesure d'éradiquer les vieilles pratiques de torture en vigueur sous l'ancien régime. « Comme sous le régime précédent, la torture ne se cantonne pas à la lutte antiterroriste. Dans le cadre de la répression de manifestations, après une altercation avec des policiers ou en prison après une dispute avec un gardien, des Tunisiens sont régulièrement victimes de torture », précise Hafedh Ghadoun, président de Freedom Without Borders. Parmi les autres causes du phénomène tortionnaire en Tunisie figurent, également, l'habitude des agents de police de recourir à la force pour obtenir des aveux ainsi que l'impunité des tortionnaires. Sur les centaines de plaintes déposées ces dernières années par des victimes torturées avant ou après la Révolution, aucune n'a donné lieu à une sanction satisfaisante. A cet effet, la police et la garde nationale tunisiennes ont une lourde part de responsabilité dans les entraves à la lutte contre l'impunité. Dans plusieurs cas de tortures documentés par l'ACAT et FWB, les policiers mis en cause ont refusé de se rendre aux convocations des juges. Plusieurs victimes font par ailleurs l'objet de harcèlements policiers. Selon les deux associations, la justice tunisienne participe elle aussi à l'impunité dont jouissent les tortionnaires. Les rares procès qui sont arrivés à leur terme n'ont donné lieu qu'à des peines légères par rapport à la gravité des crimes. « A ce jour, aucun juge ni médecin n'a été poursuivi alors qu'ils ont été nombreux à aider les tortionnaires à camoufler leurs crimes », indique Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l'ACAT. Il est à noter qu'à la fin de ce rapport, l'ACAT et FWB adressent 30 recommandations aux autorités tunisiennes. Parmi ces mesures figurent notamment la création d'une police judiciaire spécialisée dans les crimes de torture et la poursuite judiciaire des magistrats et des médecins qui se sont rendus complices de torture en omettant de constater des sévices. Meriem.Kh
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