«La Commission européenne a informé Deutsche Telekom et France Télécom qu'elle autorisait le projet de fusion de leurs filiales au Royaume-Uni », a annoncé l'opérateur télécoms français. C'est aux dirigeants des deux sociétés de déclencher les procédures de constitution de la joint-venture. La réalisation définitive de l'opération est prévue au printemps. Deutsche Telekom et France Télécom ont proposé de céder 2x15 MHz de spectre dans la bande conjointe GSM de 1800 MHz d'ici fin 2011. Sur cette partie du spectre, 2x10 MHz doivent être libérés d'ici le 30 septembre 2013 au plus tard et les 2x5 MHz supplémentaires d'ici le 30 septembre 2015 au plus tard. De surcroît, l'accord existant de partage de réseau avec 3UK, propriété de la société Hutchison Whampoa basée à Hong Kong, a été renforcé. Comme souligné en septembre 2009, la nouvelle co-entreprise devrait générer des synergies de plus de 4 milliards d'euros en valeur nette actualisée. Les deux marques T-Mobile et Orange seront maintenues au Royaume-Uni pour une période d'au moins 18 mois à l'issue de la réalisation de l'opération. L'idée d'un rapprochement entre les deux opérateurs historiques existe depuis les années 90 à travers le projet de partenariat « Atlas » baptisé entre France Télécom et Deutsche Telekom avec la bénédiction des gouvernements français et allemands d'alors. Cette alliance impliquait une participation croisée à hauteur de 2% du capital et la création d'une filiale commune avec l'opérateur américain Sprint, nommée Global One. Mais, à la fin des années 90, le rapprochement de Deutsche Telekom avec Telecom Italia, sans que l'allié français ne soit prévenu, signe la fin de la coopération entre les deux côtés du Rhin. Le projet de fusion sur le marché britannique est dévoilé en septembre 2009. C'est une décision stratégique pour l'opérateur français qui devient ainsi numéro un au Royaume-Uni tout en gardant la capacité financière d'investir dans les pays émergents tel que la Tunisie (Orange Tunisie en partenariat avec groupe Mabrouk). France Télécom a damé le pion au Britannique Vodafone et à l'Espagnol Telefonica (présent outre-Manche avec O2). Ces derniers ont voulu acheter T-mobile (la filiale de Deutsche Telekom en difficulté financière) et ont proposé plus de 4 milliards d'euros mais les allemands ont cherché une solution qui honore leurs présences sur le marché britannique. Partenariat de calibre En Grande-Bretagne, Orange et T-Mobile, respectivement numéro 3 et 4 du marché, seront réunis pour une durée de trois ans minimum dans une société commune détenue à parité 50/50, pour un chiffre d'affaires combiné de 9,4 milliards d'euros et un résultat brut d'exploitation (Ebitda) de 2,1 milliards. Pendant 18 mois, les opérateurs conserveront leurs marques respectives, le temps de définir une nouvelle "stratégie de marque". Tom Alexander, directeur général d'Orange UK, deviendra PDG de la nouvelle entité. Cette dernière comptera 28,4 millions de clients, soit 37 % du marché anglais de la téléphonie mobile, dont elle deviendra le premier opérateur devant l'actuel leader O2 (27,7 %) et Vodafone (24,7 %). Le Royaume-Uni, c'est le seul grand marché européen avec cinq gros opérateurs, c'est le marché le plus difficile pour continuer à investir et à développer ses réseaux Les partenaires misent sur des synergies nettes de quelque 4 milliards d'euros dans le réseau, les technologies et la distribution. Sans surprise, ils évoquent déjà la nécessaire "optimisation des effectifs" après la fusion, notamment dans les services à la clientèle. Orange UK emploie près de 12.900 personnes, après avoir supprimé 2.000 emplois en 2006, tandis que T-Mobile UK compte 6.100 salariés.