L'intérêt accru des Etats Unis d'Amérique à la région du Maghreb ne date pas d'aujourd'hui. Depuis toujours, la région fait partie des plans des décideurs américains en tant que telle, elle est considérée comme une région alliée et d'une grande importance, aussi bien sur les plans stratégiques, géopolitiques que celui économique. Les relations diplomatiques entre les Etats Unis et Tunisie remontent, à titre d'exemple, à plus de 200 ans. Un premier accord d'Amitié et de Commerce fut conclu entre les deux pays le 26 mars1799. Idem pour l'ensemble des autres pays maghrébins, même si pendant de longues années, les Etats Unis ont eu du mal à entretenir les meilleures relations qui soient avec la Jamahiriya. Avec le Maroc, les relations avec les Etats Unis ont, la plupart du temps, été au beau fixe, une entente qui a été couronnée, en 2005 par la signature d'un accord de libre échange entre les deux pays. L'Algérie, représente pour les Américains, le plus grand marché de la région, et l'intérêt accordé à ce pays ne cesse de croître. Prochainement, une importante délégation d'hommes d'affaires américains se rendra dans les pays d'Afrique du Nord, du 20 au 30 septembre prochain. Une mission qui sera organisée conjointement par la Chambre Nationale de Commerce Americo- Arabe, la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Tripoli, la Chambre de Commerce Tuniso- Américaine (TACC), et le Conseil de Commerce Américo- Algérien. Un sommet Américano – Maghrébin sur l'entreprenariat, qui attirera des hommes d'affaires et des entrepreneurs des Etats Unis et du Maghreb, clôturera cette tournée à Alger. Ce qui attire ces hommes d'affaires américains c'est que « la Libye, la Tunisie et l'Algérie connaîtront, au cours des années à venir, le démarrage de grands projets d'infrastructure totalisant la somme de 350 milliards de dollars ». Ce n'est pas vraiment tout. Au cours de quatre années, entre 2004 et 2008, les échanges entre les pays de la région et les Etats Unis ont triplé, passant de 10,3 à 29,1 milliards de dollars. Cette croissance est due surtout à une ouverture libyenne sur le marché américain après de longues années d'embargo. Et voilà que le commerce bilatéral entre les ennemis d'antan connait un boom et se multiplie par treize en marge de cinq petites années, passant de 371 millions à près de 5 milliards de dollars. Tripoli vend du pétrole et du gaz à hauteur de 96 % de ses exportations, et acquiert surtout des céréales, des équipements pétroliers et des avions civils. Mais c'est encore l'Algérie qui domine le commerce de la région avec les Etats Unis avec 71% des échanges. Le volume de son commence avec l'Amérique a enregistré un excédent de 18 milliards en 2008, grâce bien entendu à des exportations dominées par le pétrole et le gaz. L'année 2008, a permis à la Tunisie d'enregistrer un excédent dans sa balance commerciale avec le pays de l'Oncle Sam, d'une valeur de 142 millions de dollars. Comptant sur les avantages de l'accord de libre-échange signé avec les Etats Unis, le Maroc semble consommer plus qu'il ne produit dans ce mariage outre- atlantique, ce qui l'a sanctionné par un déficit de 557 millions de dollars. Cependant et avec toute abstraction faite, le commerce américano-maghrébin ne dépasse pas 1 % des échanges extérieurs américains contre 10 % de ceux du Maghreb. Il est important pour l'Algérie (17 % du commerce national) et pour la Libye (7 %), mais l'est moins pour le Maroc (4 %) et la Tunisie (3 %). Les initiatives américaines à l'égard de la région ne se comptent plus, la dernière en date est celle lancée par le bureau de l'Initiative de Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI), relevant du Département d'Etat américain, qui vient de lancer un appel à proposition pour des projets visant à promouvoir un nouveau partenariat public-privé entre les Etats-Unis et les pays de l'Afrique du Nord, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Lybie. « Ce nouveau partenariat public-privé vise à inspirer les jeunes et les aspirants entrepreneurs, de tous les âges, à jouer un rôle, dans la création d'emplois dans la région du Maghreb, en devenant la prochaine génération d'entrepreneurs et de dirigeants d'entreprises régionaux. Ce partenariat s'emploiera à encourager les partenaires du monde des affaires, les fondations, la société civile, les associations d'entreprises et les entités privées au Maghreb et aux Etats-Unis à travailler plus étroitement ensemble pour générer plus d'opportunités économiques, édifier un plus grand esprit de partenariat et consolider des liens plus étroits entre les organisations du secteur privé aux Etats-Unis et en Afrique du Nord » précise-t-on. L'intérêt américain à la région pourrait dépasser le volet économique, diraient certains, et on pourrait témoigner d'une plus importante affluence d'hommes d'affaires américains au cours des prochaines années à venir, conscients du potentiel et de la position géostratégique de la région. Mais les Américains eux-mêmes, aimeraient avoir des vis-à-vis uniques négociants au nom de tout un bloc. Ceci ne nous poussera pas à évoquer l'épineuse question de l'Union du Maghreb Arabe, mais on se trouve tout simplement contraint de se demander qu'est-ce que les Américains veulent au juste d'une région qui endosse la responsabilité des plus grandes frontières fermées dans le monde ?