Les nouvelles règles de solvabilité des banques, annoncées dimanche, ont commencé à diriger les bourses internationales dans une ambiance mitigée entre « pour et contre ». Ayant toujours à l'esprit les cauchemars de la dernière crise financière, les banquiers centraux et les régulateurs bancaires réunis au sein d'un comité sont parvenus à un accord obligeant les banques à plus que tripler le montant de leurs fonds propres de meilleur qualité dans le cadre d'une nouvelle réglementation, dite de "Bâle III". Le président du comité de Bâle a estimé que les banques pourraient lever des centaines de milliards d'euros de capitaux frais au cours des prochaines années, une directive qui ne fait pas plaisir aux banquiers. Les banques françaises, qui ont subi récemment des « stress tests » difficiles de la part des superviseurs européens, n'ont pas caché une préoccupation majeure : le renforcement des fonds propres auquel conduit la réglementation. La Fédération Bancaire Française (FBF) a souligné les spécificités du système bancaire français à l'échelle nationale en matière de volume et de coût du crédit. L'ensemble de l'économie européenne sera confronté à ce problème car pas moins de 80% de son financement est assuré par les banques, à la différence de l'économie américaine qui repose essentiellement sur le marché. Cette situation se compliquera d'avantage avec les exigences supplémentaires au niveau des fonds propres, notamment pour les institutions dites systémiques auxquelles le Comité de Bâle fait référence. En plus, ces exigences ne sont pas considérées comme le meilleur instrument pour faciliter la prévention et la gestion des crises. La meilleure alternative s'articule autour des organes de supervision de qualité et des mesures de prévention et de résolution des crises. En Tunisie, le système n'a pas encore bien assimilé les exigences de la « Bâle II » puisque le débat sur la rentabilité et le rapport avantages/coût n'est pas encore clos. Le passage vers la deuxième génération des « Bâles » a nécessité comme même un effort national considérable via la commission nationale et ses commissions techniques qui ont collaboré avec la BCT et les banques commerciales afin de normaliser le secteur et vulgariser les mécanismes. En plus, la Tunisie ne peut pas se priver de son ouverture sur l'économie mondiale et doit en plus s'adapter rapidement à toute innovation mondiale surtout bancaire. Il y a lieu de rappeler que trois banques tunisiennes font déjà partie de groupes bancaires français, une part non négligeable qui ne peut qu'accélérer la réflexion sur les modalités pratiques d'adoption de la « Bâle III » soit pour s'adapter au dispositif international dont notre économie nous oblige de le faire, soit pour continuer la restructuration ou la consolidation d'un des rares systèmes bancaires qui n'a été que légèrement affectée par de la dernière crise financière. Affaire à suivre …